Lettre de Moni Della à Boshab

Lettre de Moni Della à Boshab

Dans une correspondance adressée au vice-premier ministre chargé de l’Intérieur et Sécurité, Evariste Boshab, le 17 septembre, le secrétaire général et président ai du Rassemblement des congolais démocrates et nationalistes (RCDN), Moïse Moni Della, fait part de son indignation face à ce qu’il considère comme « un acharnement contre sa personne ». Il déplore la « manipulation des services de sécurité » par certaines autorités du pays pour étouffer sa liberté d’expression ou de manifester. L ‘intégralité de sa lettre :

Transmis copie pour information à
– A Son Excellence Monsieur le Président de la République Démocratique du Congo. Avec l’expression de nos hommages les plus déférents
-A Son Excellence Monsieur le Premier Ministre,
-A Monsieur le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies en RDC,
-A Monsieur le Délégué de l’Union Européenne en RDC,
-A Monsieur le Délégué de l’Union Africaine en RDC,
-A Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur des Etats Unis d’Amérique en RDC,
-A Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur de la France en RDC,
-A Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur de la Belgique en RDC,
-A Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur de la Suède en RDC,
-A Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur de la République Fédérale d’Allemagne en RDC.
– A Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur du Royaume du Maroc en RDC. Tous à Kinshasa/Gombe
-A Monsieur le Directeur Exécutif de la Voix des Sans voix.

-A Monsieur le Directeur Exécutif de l’AZADHO. Tous à Kinshasa A Son Excellence Monsieur le Vice-premier Ministre et Ministre de l’Intérieur.
à Kinshasa/Gombe.

Objet : Privatisation de la Police Nationale Congolaise.

Excellence Monsieur le Vice- premier Ministre, Avant toute chose j’aimerai vous dire ceci :
«Qui tue par l’épée périra par l’épée » « la violence engendre toujours la violence …et personne “ le monopole de la violence ».
Excellence, Je viens par la présente, vous faire part de mon indignation relative à la privatisation de la Police Nationale Congolaise, contrairement au rôle qu’elle devrait réellement jouer dans un Etat qui se dit démocratique.

En effet, il sied de rappeler Excellence que dans un pays démocratique et dans un Etat de droits, le rôle de la Police Nationale est celui de maintenir l’ordre public en sécurisant les personnes et leurs biens.
Mais hélas, actuellement dans notre pays, la Police est au service d’un régime qui l’utilise à sa guise pour la répression et parfois pur des règlements de comptes contre les individus et souvent ceux de l’opposition, comme s’il s’agissait d’une milice à la solde d’un roitelet ou mieux d’une république très très démocratique de Gondwana (république imaginaire de l’animateur (le la RFI Mamane).
Je reconnais volontiers qu’il existe au sein de la Police Nationale Congolaise des éléments valables qui ont le sens élevé de la République et qui sont réellement au service de la Nation. Mais ce qui fait défaut c’est le commandement qui vient très souvent des politiques et cela en violation de la Constitution et de règlements de la Police. Ne dit-on pas qu’il n’y a pas des mauvaises troupes mais qu’il n’y a que des mauvais Chefs ?

Excellence Monsieur le Vice- premier Ministre, Depuis 2011, juste après le hold-up électoral orchestré par votre majorité mécanique et factice, je suis dans les 5olli- mateurs de vos différents services de répression (ANR, Police, Milice Armée du PPRD). Plusieurs fois j’ai été l’objet des menaces, intimidations et tracasseries de tout genre. Cela est devenu aujourd’hui un acharnement contre ma modeste personne. A titre de rappel, avant les élections de 2011, suite aux menaces qui pesaient sur nous et nos biens entre autre, la RLTV, nos bureaux etc. j’ai écrit au numéro un de la Police Nationale Congolaise, le Général Charles BISENGIMANA pour demander protection. Malgré cette lettre déposée en bonne et due forme avec accusé de réception, nous n’avons jamais bénéficié de cette protection car une semaine plus tard, notre chaine fut plastiquée et nos bureaux saccagés par un commando envoyé et commandité par le pouvoir en place.
Ensuite, le 16 février 2012, lors de la commémoration de la marche des Chrétiens, devant l’église Saint Joseph, le Capitaine de la Police Nationale le Congolaise, un certain Saïdi avait braqué l’arme sur moi en me menaçant de me tuer alors que je réclamais seulement la vérité des urnes, comme l’avaient dit Son Eminence le Cardinal Laurent Monsengwo et plusieurs observateurs internationaux que les, résultats publiés ne sont ni conformes à la justice ni à la vérité des urnes. Un mois jour pour jour le même capitaine fut tué à l’arme par son camarade non loin de la place où il m’avait menacé de mort. La leçon à retenir est que personne n’a le monopole de la violence. « Qui tue par l’épée, périra par l’épée». Grâce à Dieu, j’ai eu la vie sauve. Et le Bourgmestre de Kalamu, Jean-Claude KADIMA qui avait suivi la scène jusqu’à la fin a dissuadé ce capitaine de ne pas commettre le forfait.
En 2013, alors qu’on menait la campagne de vulgarisation de l’accord-cadre d’Addis-Abeba à la place victoire avec les membres de la plate-forme politique dénommée Forces Acquises au Changement « FAC » où j’assumais le rôle de Coordonnateur Adjoint, nous étions amenés par la police sans ménagement avec l’Honorable Martin FAYULU au bureau du Bourgmestre de KALAMU.
Et le mardi 01 septembre 2015, alors que je me trouvais dans une campagne pacifique conformément à l’article 23 de la Constitution, organisée par la Dynamique de l’opposition contre le glissement du mandat du Président KABILA et pour l’enrôlement de nouveaux majeurs, j’ai été sévèrement brutalisé par plusieurs policiers en tenue civile et militaire. Ensuite, ils m’ont fait subir un traitement inhumain et dégradant en violation flagrante de la Constitution dans son article 16 alinéa 4, et pourtant ladite campagne a. été autorisée par l’autorité urbaine. Comme si cela ne suffisait pas, ces derniers n’ont amené manu militari au poste de la police de KALAMU où ma montre de marque Rolex a été extorqué. Aussitôt arrivé au commissariat de la police dans l’enceinte de la cour de la maison communale de Kalamu, le Bourgmestre est venu à ma rescousse, dans son bureau où il a affiché un comportement républicain et a reconnu que nous étions dans nos droits étant donné que nous avions adressé une correspondance à l’autorité urbaine et cette dernière a donné son autorisation conformément à l’article 26 de la Constitution.

En outre,,e tiens à vous rappeler qu’à chaque fois que je me retrouve à la frontière de notre pays(Aéroports et Beach) pour voyager, j’ai toujours été victime des tracasseries de la part des éléments de la Direction Général de Migration « DGM », de la police et des services de sécurité que je considère à juste titre comme des services de répression contre les opposants. Et pour protester contre ce que je considère comme atteinte à ma liberté de circuler librement à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, j’ai adressé au mois d’octobre 2013 une lettre de protestation au Directeur Général de la DGM qui m’a répondu favorablement.
Comme si cela ne suffisait pas, ce qui vient de se passer le 15 septembre 2015, lors du meeting de la Dynamique de l’Opposition, démontre le comportement de la Police Nationale Congolaise qui était si pas complice mais passive face à la milice du pouvoir envoyée uniquement pour semer les troubles et désolations.

Par cette occasion, je tiens à rappeler que j’appartiens à la race de gens qui ne peuvent jamais être intimidés ni effrayés par des répressions et arrestations arbitraires car le combat que je mène pour l’instauration d’un Etat de droits, il y a de cela 30 ans, demeure juste, noble et légitime. Combat pour lequel les grands hommes sont morts. Je fais mienne la maxime du Cardinal MALULA qui disait : « Vaut mieux être tué pour avoir dit la vérité que de tuer la vérité ». Et le prophète de l’islam, Mahomet, que la paix et la bénédiction de Dieu soient avec lui, recommande de dire la vérité, rien que la vérité même si cela peut coûter la vie.

Excellence Monsieur le Vice- premier Ministre,
Il sied de vous rappeler que la Constitution dans son article 26 cité ci-haut donne au peuple le droit de manifester pacifiquement, cela revient à dire que les revendications, les marches de protestation et les manifestations publiques demeurent des droits inaliénables du peuple reconnus par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
Excellence Monsieur le Vice-premier Ministre.

Serait-il normal lorsque l’opposition actuelle une fois au pouvoir en 2016, par la magie de la démocratie et de l’alternance, de faire subir la répression aux membres du PPRD et à son Secrétaire Général honoraire au motif que ce dernier a été cité dans une affaire de détournement de 32.000.000$’ de la SNEL payés par la République du Congo? Excellence Monsieur le Vice- premier Ministre, Je suis convaincu que, dans un Etat de droits, cette question relève des attributions de la justice d’éclairer l’opinion et jusque-là le Secrétaire Général honoraire cité à titre exemplatif bénéficie du principe sacrosaint de la présomption d’innocence.

A ce sujet, le Président de la République vient d’initier une opération de salubrité publique et des mains propres pour mettre fin aux détournements des deniers publics. Notre souhait est que cette opération ne puisse pas être de façade ni de parade pour des règlements de compte.

Ainsi, je constate que la faiblesse de votre famille politique est tellement criante qu’elle est incapable d’utiliser les armes conventionnelles” pour se défendre. Si l’opposition est contre le glissement, il est inadmissible d’utiliser la police pour étouffer ce débat citoyen et démocratique, car ne dit-on pas que les grands hommes se font la guerre à travers leurs idées mais les hommes vulgaires par leurs biceps?
La dernière sortie tapageuse du G7 démontre suffisamment que votre famille politique est à court d’idées et ne préconise que la pensée unique comme si VOUS étiez dans une sorte de parti – Etat de triste mémoire. Il est difficile d’étouffer une opinion, une pensée et une vérité par la force des armes. Comme disait le poète Simaro Lutumba : « Mundele asala itianduki ya koboma bato kasi ya koboma vérité mundele akoki te » comme pour dire « l‘homme blanc est capable de fabriquer les armes pour tuer mais il est incapable de fabriquer des armes pour taire la vérité. » Vaut mieux convaincre avec les idées que vaincre avec les armes.

Excellence Monsieur le Vice-premier Ministre,
Etant entendu que la Police Nationale Congolaise est apolitique, et est au service de la Nation congolaise. Elle exerce son action sur l’ensemble du territoire national dans le respect de la constitution et des’ lois de la République. Nul ne peut la détourner à ses propres fins, stipule l’article 183 de la Constitution.

A cet effet, l’organisation et le fonctionnement de la Police Nationale Congolaise et de la DGM rentrent dans vos attributions selon l’article 184 de la Constitution, il découle qu’à ce titre vous serez appelé à répondre tôt ou tard devant les juridictions nationales ou internationales de tous les méfaits et bavures que commettent ces dernières.
Par conséquent, vous serez accusé de haute trahison pour avoir détourné la Police Nationale Congolaise en la transformant en une machine de répression des opposants et de toute personne qui tenterait de s’opposer à la pensée unique du PPRD et de votre pouvoir décadent, titubant, agonissant, vieillissant, avilissant et finissant.
Excellence Monsieur le Vice-Premier Ministre,
Un célèbre philosophe africain disait qu’un peuple sans histoire est un peuple sans mémoire.

Par devoir de mémoire, nous sommes obligés de citer quelques personnalités de ce pays qui ont marqué l’histoire en termes de répression. Il s’agit notamment de : NGBANDA, BARAMOTO, NZIMBI etc. sous la présidence du Mare- chai MOBUTU, ils croyaient avoir le pouvoir de la vie ou de la mort et ils semaient la terreur, la fureur et ils incarnaient la peur dans la population. Du jour au lendemain, avec l’entrée de l’AFDL de M’zee Laurent Désiré KABILA, ils étaient obligés de tout abandonner, femmes, enfants, voitures, meubles et immeubles et fuir leur pays, qui à la nage, qui par vélo, qui en pirogue ou en avion et d’autres dignitaires restés au pays étaient arrêtés comme des vulgaires voleurs. Encore loin de notre pays, qui pouvait s’imaginer qu’Hussein IIABRE, ancien Président du Tchad pouvait se trouver en prison au Sénégal et transporter à la barre comme un petit enfant?
Toujours dans le même ordre d’idées, le jugement du Raïs HOSNI Moubarak, placé dans une cage comme un animal en Egypte. L’ancien Président Ivoirien, Laurent GBAGBO est toujours à la CPI.

Que dire de Jean-Pierre BEMBA détenu et accusé arbitrairement, ‘abusivement comme auteur intellectuel des bavures commis par ses militaires en République Centre Africaine, alors qu’il n’était pas donneur d ‘ordre?

Tous ces exemples cités ci-haut devraient servir de leçon, de repère et d’éclairage aux apprenti s dictateurs, potentats, roitelets, généraux, sbires, bar- bouses et des nouveaux Terminator.
Excellence Monsieur le Vice- premier Ministre, Dans ce pays, il y a des gens qui étaient le matin au plus haut niveau de l’étage et le soir ils se sont retrouvés au plus bas niveau de l’étage, au niveau moins dix et vice-versa. Comme pour dire que tout est possible et aléatoire en République Démocratique du Congo.

Mais hélas, nous constatons qu’il y a des gens dans ce pays qui ne veulent pas se servir des leçons de l’histoire. Excellence Monsieur le Vice- premier Ministre, De tout ce qui précède, entant que citoyen congolais, mes avocats ont déjà porté plainte suite à mon arrestation arbitraire par la Police Nationale Congolaise et suivi d’un traitement cruel, inhumain et dégradant.

De ce fait, malgré tout ce qu’on peut dire de notre justice d’être manipulée, inféodée et instrumentalisée souvent par le pouvoir, je la fais quand même confiance en espérant quelle peut se ressaisir et avoir un sursaut patriotique pout: jouer pleinement son rôle de réparateur des torts conformément à l’article 150 de la Constitution. Ne dit-on pas que la justice élève une Nation?

Contre vents et marées, je continuerai à mener ma lutte pour l’instauration d’un Etat de droits dans notre pays respectant la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Et si par malheur, la justice de notre pays ne dit pas le droit et après avoir vidé toutes voies de droit et de recours sur le plan interne, je vais saisir la justice internationale (la Cour Africaine de Droits de l’Homme, la Cour Européenne de Droits de l’Homme ou la CPI) parce que les traitements inhumains et dégradants infligés aux opposants et surtout la torture à grande, échelle peuvent-être qualifiés à la longue des crimes contre l’humanité. Crime imprescriptible, qui relève de la compétence de la Cour Pénale Internationale. Cette plainte demande certainement la réparation des dommages subis mais elle aura le mérite d’avoir une démarche pédagogique qui consiste à dire : peuple congolais, personne n’est au-dessus de la loi et qu’on ne peut pas arrêter quelqu’un arbitrairement.
Dans un Etat de droits, il ne peut pas y avoir des intouchables ou soit nous serons tous des intouchables. Il n’y a pas de citoyens de seconde zone.
Les congolais doivent savoir défendre leurs droits garantis par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ainsi que par leur Constitution.

Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Vice-premier Ministre l’expression de mes sentiments patriotiques.

Fait à Kinshasa, le 17 septembre 2015

Pour le RCDN,
Moïse MONI DELLA IDI

Secrétaire Général et Président ai,

Coordonnateur ai de Soutien à Etienne TSHISEKEDI « SET »,

Vice-ministre Honoraire de l’Information et de la Presse
Ancien Mandataire de l’Etat,

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