Près de 70% des Congolais pensent que chef de l’État, le PM et les députés sont impliqués dans des affaires de corruption (Enquête Licoco)

Quel est le niveau de corruption en RDC ? Question à laquelle s’est employée à répondre la Ligue congolaise de lutte contre la corruption (Licoco) à travers une enquête intitulé ” Le Baromètre mondial de la corruption : cas de la RDC ”, dont une brève présentation a été faite mercredi 20 juin à l’hôtel Memling, à l’occasion de la rencontre africaine de Transparency International (TI) qui se tient du 20 au 22 juin en RDC.

Près de 70% des congolais pensent que le président de la République, le Premier ministre, les ministres, les députés et leurs conseillers sont impliqués dans les affaires de corruption ; selon cette enquête qui en est à sa 10ème édition.

D’après cette étude, près de 80% de congolais jugent que le gouvernement actuel ne combat pas efficacement la corruption dans le pays.
Ils redoutent, à 77%, des représailles s’ils denoncent des faits de corruption, révèle l’étude.

Selon Ernest Mpararo, président de la Licoco, à la question de savoir : ” Quelles sont parmi les personnes suivantes celles qui sont impliquées dans les affaires de corruption ? Ou vous n’avez pas entendu parler suffisamment pour donner votre opinion ? Le président de la République, les conseillers et les cadres dans son équipe ? “.

” À cette question, 69% des répondants ont affirmé que la plupart ou tous càd le président, les conseillers et cadres de son équipe sont impliqués dans les affaires de corruption -Dossiers passeports biométriques”, lit-on dans cette étude de la Licoco réalisée par Africa Now et Omega Research & Consultancy.

Tous corrompus

Sur le Premier ministre et ses collaborateurs, c’est 74% des sondés qui pensent qu’ils sont mêlés aux affaires de corruption.
Chez les députés, la proportion est de 72%.

Chez les policiers c’est 76% des sondés qui estiment qu’ils sont corrompus.

Chez les magistrats, c’est 72%.

Le bémol de conseil anti-corruption de Kabila

Pour le conseiller spécial du chef de l’État en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, qui n’a pas nié l’omniprésence de la corruption en RDC ; c’est est une affaire de tous et pas uniquement celle du président de la République.

”… Il est un secret de polichinelle que la corruption existe et gangrène encore gravement le fonctionnement de nos institutions. J’ai toujours engagé le débat sur le paradoxe congolais entre la taille de notre budget et le coulage des recettes c’est-à-dire entre 5 millards de dollar de budget et 15 milliards de dollar de fraude, de corruption… ”, a déclaré Emmanuel-Janvier Luzolo Bambi Lessa.

Pour lui, ”la lutte contre la corruption mérite d’être inscrite comme un enjeu national ”.

L’expérience congolaise en matière de lutte contre la corruption renseigne que la volonté politique de la plus haute autorité du pays a été effectivement exprimée, a dit Luzolo pour dédouaner Joseph Kabila de sa responsabilité face à l’échec de réduire sensiblement la corruption.

” Je rappelle que le président de la République porte le combat contre la corruption depuis son avènement au pouvoir et y a gardé la constance ”, a soutenu son conseiller anti-corruption devant notamment les ambassadeurs du Canada et de l’Union européenne ainsi que plusieurs délégations africaines de lutte contre la corruption.

Dans plusieurs messages du président à la nation ou devant le parlement, la volonté politique de lutter contre la corruption s’observe particulièrement, fait observer l’ancien ministre de la justice.

Cependant, Luzolo fait remarquer que le défi à relever pour lutter efficacement contre la corruption est immense.

Il déplore notamment l’obstacle constitutionnel. Les immunités dont jouissent les ministres et les députés. Ils ne peuvent faire l’objet des poursuites qu’après y’a vote qualifié de l’assemblée nationale, déplore-t-il.

L’autre obstacle, c’est la léthargie de 230 parquets que compte la RDC.

Il souligne aussi qu’ une faible appropriation citoyenne est à la base de ce fléau qui appauvri la population et l’État.

D’après lui, sur plus de 2000 Ongs que compte la RDC, seule une est engagée réellement contre le fléau de la corruption, la Licoco.

Institutions anti-corruption inefficaces

Malgré les textes sanctionnateurs (lois nationales-code pénal- et internationales ratifiées par la RDC) qui permettent de réprimer les actes de corruption, la majorité des instruments et institutions nationaux de lutte anti-corruption demeurent inefficaces.

Il s’agit notamment :

1. De 230 parquets,

2. Des cours et tribunaux,

3. De la brigade anti-fraude,

4. De l’OCEP (observatoire de la surveillance de la corruption et l’éthique professionnelle),

5. Des services du conseiller spécial du chef de l’État en matière de bonne gouvernance contre la corruption, le blanchiment d’argent et la lutte contre le terrorisme,

6. De la Cellule technique contre l’impunité du ministère de la justice,

7. Le parlement,

8. La cour des comptes,

9. La police nationale,

10. L’autorité de régulation des marchés publics (Armp),

11. La direction générale de contrôle des marchés publics (Dcmp),

12. La brigade anti-fraude minière,

13. Les assemblées provinciales.

Pour Luzolo, il faut les réactiver.

L’inefficacité des institutions chargées de lutter contre la corruption est manifeste avec l’indicateur prisonnier.

Selon le conseiller spécial anti-corruption du président de la République, les prisons congolaises ne comptent pas de personnes condamnées pour corruption sur les milliers de personnes emprisonnées.

Pour rappel, la RDC est parmi les 20 pays les plus corrompus au monde.

Selon le dernier rapport de Transparency International (2017), la RDC occupe la 166 ème place sur 183 pays au monde.

Zabulon Kafubu.

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