Congo-Kinshasa. 58 ans de néocolonisation ou d’indépendance ? La preuve par les livres, les documentaires et les articles

 »Ils nous dominent plus par l’ignorance que par la force » S. BOLIVAR

Des compatriotes viennent de réussir avec brio à une question pour un champion que je viens de leur proposer. Voici la question : « Quel  »président africain » a dit à un ambassadeur américain, Bill Richardson :  »C’est comme ça que vous me remerciez après tous les services que je vous ai rendus ? » ». Tous ont répondu :  »Mobutu ». Cette réponse donne raison à ces écrivains soutenant que Mobutu fut  »un nègre de service » de l’Occident. Mais  »le lexique des tricheurs » lui a donné le sobriquet de  »président ». Pourtant, une lecture fouillée de notre mémoire collective atteste qu’après l’assassinat de Lumumba le 17 janvier 1961, l’Occident a confisqué le destin du peuple congolais ; avec la complicité de quelques-uns de ses enfants réduits au rang d’esclaves volontaires.

Tous les essais de résistance ont été écrasé dans la sang. Sans en éteindre la flamme. La dépolitique errante du pays, sa désorientation et son déboussolement ont commencé. Un compatriote, Balufu Kanyinda, en parle dans un numéro spécial du Journal Le Soir consacré à la célébration de  »50 ans de  »l’indépendance du Congo-Kinshasa »(p.34-35). Ce journal qualifie, à juste titre cette  »indépendance » de  »pari perdu ». Je reprends le titre :  »Congo. 50 ans. 1960-2010.Du pari perdu au chaos, debout ». Il se démarque du  »lexique des tricheurs » qualifiant ce  »pari perdu » d’indépendance.

Quelques livres décrivent  »le boulot » de Mobutu, de ses  »binza boys » et de ses autres complices en collaboration avec leurs parrains occidentaux. Ceux-ci leur ont fait joué des rôles au dépens du peuple congolais et de certains pères de la lutte pour l’émancipation politique du pays.

J’en cite, à titre illustratif, cinq : A. HOCHSHILD, Les fantômes du roi Léopold. La terreur colonial dans l’Etat du Congo, 1884-1908 (2007) ; J. CHOME, L’ascension de Mobutu. Du sergent Joseph Désiré au général Sese Seko (1974) ; E. TOUSSAINT, Procès d’un homme exemplaire. Jacques de Groote, directeur exécutif au FMI et à la Banque mondiale pendant 20 ans (2013) ; A. LIBERT, Les plus sombres histoires de l’histoire de la Belgique (2014) ; L. DE WITTE, L’ascension de Mobutu. Comment la Belgique et les USA ont installé une dictature (2017).

La lecture de ces livres révèle que l’Occident mène  »sa guerre secrète » au Congo-Kinshasa depuis l’assassinat de Lumumba et même bien avant. Il a refusé que les partages faits (sans les Congolais(es)) à Berlin en 1885 ne puissent être compromis par les résultats des élections organisées au Congo-Kinshasa en 1960.

Il est donc important d’ajouter à ces livres deux autres. L’un étudie la stratégie à laquelle l’Occident dominé par les élites anglo-saxonnes recourt depuis l’époque de Léopold II jusqu’à ce jour. L’autre, traitant des guerres secrètes de cet Occident, aide à comprendre le rôle du lobbying au cours de  »la dictature de Mobutu » (jusqu’à ce jour). Les voici : P. MBEKO et H. NGBANDA-ZAMBO, Stratégie du chaos et du mensonge. Poker menteur en Afrique des Grands Lacs (2014) et P. PEAN, Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique (2010)

De la colonie qu’il était depuis 1885, le Congo-Kinshasa est devenu une  »néo-colonie » occidentale, c’est-à-dire  »une colonie » gérée par des sous-traitants et des proxys autochtones à partir de l’assassinat de Lumumba.

La fausse guerre dite de libération de l’AFDL et ses conséquences ont conduit certains écrivains, l’ analysant, de taxer l’Occident de terroriste. Tel est le cas de Noam Chomsky et Andre Vltchek quand ils écrivent  »L’occident terroriste. D’Hiroshima à la guerre des drones » (2015)

Cette fausse guerre de libération de l’AFDL est en principe une intensification de la guerre raciste et perpétuelle débutée depuis 1885. Ce sont des  »crimes organisés » commis sur le sol des Grands Lacs Africains avec la complicité des africains et des congolais au profit des élites anglo-saxonnes.

(http://www.ingeta.com/rdc-la-ou-les-noirs-sentretuent-pour-sauvegarder-les-interets-de-lelite-anglo-saxonne/). Quelques documentaires en témoignent : Le conflit au Congo. La vérité dévoilé (https://www.youtube.com/watch?v=NMtgHzXZnIg); Rwanda’s untold story (https://vimeo.com/107867605); L’Afrique en morceaux (https://www.youtube.com/watch?v=qegbugObuMg).

L’intensification de cette guerre raciste a poussé Pini-Pini Nsaysay a poussé un cri d’alarme et d’écrire :  »L’Afrique est en danger. Mobilisons-nous contre la traite et l’esclavage perpétuels » (2018)

Pour rappel, les élites anglo-saxonnes dominantes ont fondé leur empire sur l’extermination des peuples indigènes et la traite des noirs. Dans  »Requiem pour le rêve américain », Noam Choamsky est d’avis qu’eux, les américains, vivent encore sous les effets de ces  »deux péchés capitaux ». Elles coalisent avec les autres élites occidentales partageant une même approche de l’autre. Surtout quand il est noir (https://www.investigaction.net/fr/le-crime-detre-noir-et-pauvre/).

Ces élites dominantes entretiennent de liens de vassalité avec leurs sous-fifres et autres proxys. Lorsqu’il arrive à ceux essaient de rompre ces liens, ils sont diabolisés ou tout simplement assassinés. Un homme debout de la stature de Lumumba leur fait peur. Ils aiment  »les esclaves volontaires ». En tuant Lumumba, ils ont provoqué  »une désorientation existentielle » dans le chef de plusieurs compatriotes. Ils ont initié  »la dépolitisation du pays » en créant une peur-panique. En intensifiant leur guerre raciste à partir des années 90, ils ont provoqué des pathologies collectives. Plusieurs compatriotes et politicards ont sombré dans le larbinisme et le syndrome de Stockholm.

Les résistances solidaires naissantes peinent à se consolider, à se repolitiser et s’engager sur des voies alternatives. Avec elles, les minorités organisées et agissantes peuvent encore chanter  »Debout Congolais » ce 30 juin 2018. Et la consolidation de ces solidarités résistantes est à l’aune de leur capacité de revisiter notre mémoire collective par un travail assidu d’accumulation des connaissances. (à suivre)

Babanya Kabudi

Génération Lumumba 1961

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