RDC : Plus de 100 universitaires congolais disent non à un éventuel troisième mandat de Kabila

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Une centaine d’universitaires congolais, par le canal d’un manifeste, demandent à Joseph Kabila de ne pas briguer un troisième mandat. Ils ont publié leur déclaration le 14 juillet à Kinshasa.

Ils disent avoir constaté que « le dessein de certains compatriotes d’opérer un coup d’Etat constitutionnel par des campagnes de propagande, d’achat de consciences, de cultes de personnalité, et surtout par des prises de position politiciennes fondées sur des impératifs du ventre et enrobées dans une pseudo-scientificité faisant parfois recours à des jurisprudences étrangères, du reste malheureuses, pour justifier un injustifiable troisième mandat présidentiel ».

Ce manifeste signé notamment par Jacques Djoli, Alphonse Ntumba Lwaba, André Mbata, Georges Kapiamba souligne que « l’obligation de protéger et de défendre la Constitution s’impose en premier lieu au Président de la République qui, avant d’entrer en fonction, avait juré solennellement de l’observer et de la défendre, devant Dieu et la Nation. Le non-respect du serment constitutionnel constitue une infraction imprescriptible de haute trahison contre la Nation et l’Etat ».

Ces intellectuels rappellent que la Constitution congolaise stipule que le Président de la République est élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois et que le nombre et la durée de mandats présidentiels ne peut nullement faire l’objet d’une révision constitutionnelle. Il rappelle aussi que sous les bons offices de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), les délégués dûment mandatés de la Majorité présidentielle, de l’Opposition politique et de la société civile avaient signé l’Accord de la Saint-Sylvestre en vue de la restauration de l’ordre constitutionnel et démocratique par la décrispation du climat politique et l’organisation des élections paisibles, libres et transparentes excluant la possibilité d’un troisième mandat à Joseph Kabila.

« La Cour constitutionnelle comme gardienne de la Constitution devrait en toute indépendance, sans favoritisme, peur ni préjudice, pleinement jouer son rôle de rempart contre les coups d’Etat constitutionnels en sanctionnant les excès du pouvoir législatif ou exécutif. Elle doit s’affranchir du monde politique car elle a un devoir d’ingratitude envers ceux qui interviennent dans le processus de nomination de ses membres. Elle n’est soumise qu’à la Constitution  et n’est redevable qu’envers le peuple au nom duquel la justice est rendue », disent-ils.

Ils ajoutent que la révision constitutionnelle du 20 janvier 2011 n’avait en rien affecté l’intangibilité du principe du nombre et de la durée des mandats qui ne pouvait faire l’objet d’une révision constitutionnelle.

« Toute justification d’un troisième mandat présidentiel constituerait une flagrante fraude à la Constitution qu’aucune théorie de droit constitutionnelle ou de science politique ne saurait justifier. Elle serait également politiquement et moralement injustifiable dans la mesure où  le Président Joseph Kabila avait lui-même formellement reconnu être arrivé à la fin de son deuxième et dernier mandat et s’était engagé à ne plus se représenter à travers l’Accord global et inclusif du 31 décembre 2016 et l’Arrangement particulier signés par ses délégués de la Majorité présidentielle », notent-ils.  

Ils dénoncent aussi les intellectuels qui pratiquent « une science et une politique du ventre ».

« Nous condamnons l’implication de certains intellectuels pratiquant une science et une politique du ventre qui ne lésinent pas sur les moyens  dans la construction des théories hérétiques visant la consolidation de l’autoritarisme et qui sont devenus de simples thuriféraires ou tambourinaires du pouvoir. En tant que lumière de la société, notre première mission est plutôt de mettre notre intelligence au service de la Nation afin de l’éclairer dans sa marche vers la construction d’une Nation prospère au cœur de l’Afrique. Notre savoir ne saurait donc être mis au service de l’arbitraire, des injustices ou des autoritarismes ou devenir un instrument pour justifier l’injustifiable dans notre société », disent-ils.

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