Vingt (20) ans d’histoire, c’est trop pour les masses populaires et certains intellos !

 »Un peuple sans mémoire ne peut pas être un peuple libre » D. MITTERRAND

Un observateur avisé de la scène  »dépolitisée » du Congo-Kinshasa peut être étonné de la facilité avec laquelle, après deux décennies de notre histoire collective et immédiate, les masses populaires et certains intellos sont tombés dans une profonde amnésie. Ils ne savent plus qui a fait quoi dans  »les guerres secrètes perpétuelles » des  »grandes puissances » en Afrique et dans les Grands Lacs Africains. Plusieurs proxies, nègres de service, négriers des temps modernes, collabos et sous-fifres sont désormais classifiés parmi  »les visionnaires » et  »les nationalistes », malgré la vérité des faits. Des villes, bidonvilles et villages sans eau potable, sans hôpitaux et centres de santé viables, sans écoles, sans bibliothèques, sans courant électrique, sans emplois publics, sans nourriture, etc. regorgent de compatriotes plébiscitant  »les affairistes » de tout acabit ayant participé à l’avènement de cet enfer, de cette  »prison à ciel ouvert », comme étant des  »nationalistes » ayant fait du Congo-Kinshasa  »une jeune démocratie »,  »un pays stable » et  »une nation souveraine ».

Il y a un problème ! Dans plusieurs familles dont les membres vivant en dehors du pays consentent des sacrifices énormes pour nourrir, envoyer à l’école (?), habiller les leurs, organiser le deuil, payer les loyers, payer la dot de leurs, il y a des membres convaincus que  »le non-pays » congolais est  »souverain ». Il y a un problème !

Le décervelage et la lobotomisation ont tellement bien fonctionné que l’usage des mots ayant perdu tout leur sens a gagné énormément de terrain. Ces faits presque anodins disent combien la guerre raciste de prédation et de basse intensité menée contre le Congo-Kinshasa a été prioritairement une guerre contre l’intelligence. Les citoyens lambada, les enseignants, les professeurs d’université, les évêques et les prêtres, les religieux et les religieuses ayant compris cela ont figuré et figurent encore parmi les victimes des  »négriers des temps modernes ». Oui, comme l’a si bien dit Max Horkheimer,  »les esclaves forgent continuellement leurs propres chaînes ». Et guérir de l’esclavage volontaire prend du temps. Beaucoup de temps. Les minorités organisées et organiques devraient aligner la patience, la persévérance et le courage parmi les vertus sur lesquelles elles peuvent être fondées pour mener leur lutte pour un gouvernement alternatif au Congo-Kinshasa. Le décervelage et la lobotomisation entretenus par le jeu du pain et des jeux ont détruit plusieurs cœurs et plusieurs esprits chez les leurs. Les dégâts sont énormes. Des intellos achetés par l’or et l’argent ont fini par devenir comme ces idoles. Ils ont des yeux et ne voient plus rien. Des oreilles et n’entendent plus les cris des masses populaires chosifiées, décervelées et lobotomisées. Ils les embrigadent pour en faire des thuriféraires, des tambourinaires et des applaudisseurs. Ils savent les acheter pour une bouchée de pain ou une paire de scandales, comme dirait le prophète Amos.

Vingt ans d’histoire, c’est trop pour ces masses populaires ou une grande frange en leur sein. N’allez surtout pas leur demander de remonter jusqu’à Léopold II afin qu’elles comprennent l’application de son paradigme par  »la kabilie ». C’est trop ! Pauvre Congo ! Tu n’aurais pas de chance, semble-t-il !

Comment voudrais-tu que tes fils et fils, sans mémoire, fassent de toi une terre de liberté et de prospérité ? Il y a encore du chemin. Heureusement ! Tes minorités organisées et organiques ne dorment ni ne sommeillent !

Babanya Kabudi

Génération Lumumba 1961

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