Joseph Kongolo : « Ramazani Shadary risque de faire la figuration dans cette élection »

Emmanuel Ramazani Shadary, candidat du Front commun pour le Congo (FCC) à la présidentielle de 2018, lors du dépôt de sa candidature le 8/08/2018 à Kinshasa. Radio Okapi/Ph. John Bompengo

Emmanuel Ramazani Shadary est le candidat du Front commun pour le Congo (FCC) à la présidentielle de décembre 2018. Il devra affronter d’autres candidats indépendants et de l’opposition pour trouver le remplaçant de Joseph Kabila à la tête du pays. Commentant la désignation d’Emmanuel Ramazani, l’analyste politique Joseph Kongolo pense que le dauphin de Joseph Kabila « risque de faire la figuration ». Pour lui, ce choix ne met pas fin aux difficultés qui émaillent le processus électoral. Il propose de s’investir sérieusement pour obtenir la tenue des élections qui emmènent véritablement la RDC sur la voie de la stabilité.Entretien.Radio Okapi : après plusieurs mois de suspense, les choses sont claires à présent, le président Joseph Kabila ne va pas se représenter. Peut-on dire que l’actuel chef de l’Etat a suivi la voie de la sagesse ?

Joseph Kongolo : Disons qu’il a suivi la voie de la constitution, la voie du peuple. Il a été fidèle à la voie du peuple, coulée dans la constitution. C’est quelque chose à féliciter. On ne peut pas s’entêter contre la volonté du peuple. Nous saluons son courage pour avoir suivi la voie du peuple.

Certains analystes pensent cependant que le choix du dauphin de Joseph Kabila ne sauve pas le processus électoral en RDC. Ils estiment qu’il existe encore des préalables pour que des élections véritablement démocratiques et transparentes se tiennent dans le pays. Est-ce votre avis ?

Oui. L’enjeu électoral ne se limite pas aux choix du candidat de la majorité présidentielle. Le véritable enjeu du processus électoral, c’est d’arriver à une élection qui soit consensuelle, et qui aboutisse à la stabilité politique. Pour cet enjeu, nous pensons qu’au-delà de la désignation, du dépôt des candidatures, il y a la correction du processus électoral. C’est un processus national qui engage les partenaires à la fois de la majorité et de l’opposition. Nous pensons qu’il doit y avoir compromis à la fois sur la machine à voter et sur le fichier électoral. De cette manière, nous avons la possibilité d’atterrir en douceur au-delà d’autres contraintes telles que la sécurisation du processus électoral lui-même, compte tenu des poches d’insécurité qui sont répandues sur l’ensemble du territoire national.

Revenons sur Emmanuel Ramazani, l’homme que Joseph Kabila a choisi pour lui succéder, s’il est élu bien sûr. Il est sur la liste des personnalités congolaises frappées par les sanctions de l’Union européenne. Comment expliquez-vous que le président Kabila ait jeté son dévolu sur Emmanuel Ramazani Shadary ?

Je suis allé plus loin dans mes analyses lorsque j’ai entendu le nom d’Emmanuel Shadary. Je crois personnellement que M. Ramazani risque de faire la figuration dans cette élection. Les véritables fins du président de la République se trouvent ailleurs. Ailleurs, c’est-à-dire parmi les autres candidats de l’opposition. Shadary, je suis très sûr qu’au-delà des charges qu’il a sur ses épaules, en dehors de ce que vous venez de citer tout à l’heure [sanctions de l’Union européenne], c’est comme quelqu’un qui est là pour obstruer le processus électoral. Il y a aussi tout le poids de Kamuina Nsapu qui repose sur ses épaules. Je ne vois pas comment le président de la République, après avoir fait des analyses objectives, puisse jeter son dévolu sur Ramazani Shadary. Je pense bien que c’est vraiment de la figuration. Etant donné que l’analyse faite et tous les sondages réalisés, nous pensons que c’est la figuration qui risque de jouer sur la scène électorale.

Votre commentaire sur les différentes candidatures enregistrées jusqu’ici au scrutin présidentiel ?

Nous saluons la liberté de tout un chacun à pouvoir déposer sa candidature au niveau de la présidence de la République. Certains vont aller à la compétition mais les autres vont accompagner leurs amis. [L’opposition devra se choisir un candidat commun], un ou deux candidats. Avec M. Ramazani en face, il est bien clair que le boulevard est là pour l’opposition, compte tenu du contexte actuel. A moins que dans l’entre-temps, qu’on change de contexte. Nous ne savons pas quelle stratégie ils vont faire mais sinon, si toute chose est égale par ailleurs, nous pensons que M. Ramazani, devant l’opposition ce sera véritablement un boulevard et ça j’en ai le cœur net.

Propos recueillis par Pellet Kipela. 

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