Thabo Mbeki, deux témoins et un livre. Devoir de mémoire congolaise

 »L’outil le plus puissant que détienne l’oppresseur, c’est la pensée de l’opprimé » S. BIKO

Hier, le 19 août 2018, plusieurs compatriotes ont lu ceci dans La Libre Afrique : ‘Preuve que l’annonce de la non candidature de Joseph Kabila pour un nouveau mandat présidentiel n’a pas démobilisé les pays de la région, la SADC a décidé d’envoyer l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki pour jouer les observateurs et/ou les démineurs en République démocratique du Congo. » (https://afrique.lalibre.be/23263/thabo-mbeki-envoye-de-la-sadc-en-rdc-et-dans-les-grands-lacs/)

La publication de cet article et de beaucoup d’autres informations allant dans le même sens a suscité plusieurs éloges à l’endroit de Thabo Mbeki. Des compatriotes ont salué cette  »bonne nouvelle » en estimant que l’ex-président sud-africain est un  »bon négociateur » eu égard au rôle qu’il a joué afin que l’accord de Sun City (2002-2003) soit signé et mis en œuvre.

Cette appréciation rapide a mis une puce à l’oreille des  »minorités organisées et éveillées ». Elles se sont souvenues que le 11 mai 2016, après que Valentin Mubake, l’un des participants aux négociations de Sun City, ait animé une matinée politique de l’UDPS, la vidéo qui en a été tirée a été recommandée sur les réseaux sociaux. Comme d’habitude, cette vidéo recommandée aux compatriotes fut accompagnée de cet appel :  »Topanza » !(Distribuons!)

Il est curieux que deux ans après, elle donne l’impression de n’avoir pas été archivée par plusieurs compatriotes et que ses messages soient oubliés. Et quand certains de nos compatriotes parlent de Thabo Mbeki, ils ignorent complètement cette vidéo, le témoignage que Mubake donne sur ce monsieur à partir de la 27ème minute et l’approche géopolitique qu’il fait de la période historique où se situe le pays de Lumumba.

Pour rappel, à Sun City, au cours d’une pause café, Thabo Mbeki confie à Valentin Mubake et à Kabamba Mbwebwe (G14) qu’il lui a été imposé d’imposer (Alias) Joseph Kabila aux Congolais(es) et de lui fabriquer  »un pouvoir » à sa mesure, le 1+4 de piteuse mémoire!

Mubake note que Joseph Kabila n’était pas à Sun City. ( Il n’ a donc jamais signé le fameux  »pacte républicain » dont parlent les politicards falsificateurs de l’histoire collective du Congo-Kinshasa.) La vidéo est ici :https://www.youtube.com/watch?v=WLXUYcUiME0. (Mubake et Kabamba sont encore en vie. Leur témoignage peut être vérifié.) Cette vidéo est tellement importante qu’elle fait allusion à ce que  »les faiseurs des rois » font à la fin de chaque cycle d’un  »pouvoir-os » imposé aux masses populaires du Sud. Ils déshabillent St Pierre et habillent St Paul, en tant que vassaux, sous-traitants et/ou sous-fifres. Depuis 2016, le Congo-Kinshasa en est là.

En plus de ces deux témoins, Mubake et Kabamba Mbwebwe (G14), un livre fait allusion à l’entrée de Thabo Mbeki dans le cercle des planificateurs de la guerre raciste de prédation et de basse intensité menée contre le Congo-Kinshasa. Il rappelle qu’avant la signature de l’accord de Sun City, d’autres ont existé. Il y a, entre autres, l’accord de Lusaka reconnaissant au RCD-Goma soutenu par Kigali et Kampala et aux autres rebelles faisant partie du  »réseau d’élite de prédation » le statut de »forces démocratiques ». Et  »le projet d’accord a été piloté par Philip Winter, fonctionnaire britannique, spécialiste de la région des Grands Lacs. Et l’homme de l’ombre de l’accord est Howard Holpe, un personnage qu’Israël avait mobilisé dans son soutien à Mobutu dans les années 1980 ; il est là cette fois pour le compte de l’administration Clinton. C’est lui qui, au cours de réunions secrètes tenues à l’hôtel Livingstone, à Pretoria, en 1999, reçoit les émissaires du RCD-Goma, rencontre Kagame et Museveni, mais aussi Mandela et (Thabo) Mbeki ; lui encore qui rédige le texte de l’accord transmis à Bill Clinton, Madeleine Albright et Kofi Annan via l’ambassade américaine à Pretoria. » (P. PEAN, Carnages. Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique, Paris, Fayard, 2010, p. 398-399)

En voulant choisir Thabo Mbeki comme  »observateur » et/ou  »démineur » au Congo-Kinshasa, la SADC sait ce qu’elle fait. Elle sait que les planificateurs de cette guerre et ceux qui en connaissent  »les secrets » sont toujours à l’oeuvre. Leurs armées se sont entraînées dernièrement au Rwanda (http://french.china.org.cn/foreign/txt/2018-08/15/content_58750297.htm) Ils n’ont pas renoncé au projet de la balkanisation du Congo-Kinshasa. L’intensification de la violence au cours de la période dite électorale pourrait être pour eux une aubaine. Ils connaissent  »le profil » du  »Kamikaze en chef »,  »autorité amorale des FCC ». Ils ont étudié et connaissent les Congolais(es). Ils savent que leur capacité d’être amnésiques et rebelles à l’étude de l’histoire est très prononcée. Ils savent que pour le moment, plusieurs Congolais(es) ont oublié que la guerre raciste de prédation menée contre leur pays depuis les années 1990 est perpétuelle, qu’elle se poursuit. Ils savent que plusieurs Congolais(es) vivent de et dans l’illusion de la démocratie dont le seul et unique obstacle serait  »le raïs 100% »(et non le système qui l’a produit, fait  »rois » et ses créateurs). Ils savent que les Congolais(es) souffrant du syndrome de Stockholm et du larbinisme n’ont pas encore subi une bonne thérapie collective et qu’ils (elles) peuvent accepter l’esclavage volontaire ; pourvu que le prochain  »vassal-président » soit St Paul et non St Pierre. Ils (elles) peuvent être vite content(e)s en mangeant le pain et en s’adonnant aux jeux.

Fanatiques et thuriféraires de leurs gourous, ils (elles) insultent quiconque leur demanderait d’aller (re)lire Pierre Péan ou d’écouter Valentin Mubake. Les livres ne sont pas à leurs yeux des  »bibles » à lire tous les jours. Ils (elles) n’en ont rien à voir. Que  »Kabila dégage d’abord. Le reste, on verra après ». Comme après Mobutu, ils (elles) seraient disposé(es) à être dirigé(e)s même par  »un chien ». Pourvu que  »Kabila dégage » !

Dieu merci ! En marge de ces compatriotes, il y en a qui pourraient être instruits en écoutant Mubake et/ou en lisant Pierre Péan. D’autres encore,  »les minorités organisées et éveillées », ne se fatigueront pas chaque fois que l’occasion de rendre la mémoire collective vivante et vigilante se présentera. Elles veille sur le devoir de mémoire. Elles veulent être de bonnes sentinelles.

Babanya Kabudi

Génération Lumumba 1961

 

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