Le temps des adieux

tshisekediLorsque le 14 septembre dernier le G7 a claqué la porte de la majorité présidentielle et lorsque plusieurs démissions s’en sont suivies, beaucoup de médias ont salué leur courage. Certains ont même déclaré qu’une nouvelle culture de la démission s’était créée dans la classe politique congolaise. Les membres de G7  étaient même comparés aux treize parlementaires à la base de la création de l’UDPS actuelle. Eux aussi, à l’époque, avaient écrit à Mobutu pour dénoncer ses dérives dictatoriales.

Le président Tshisekedi, l’un de ces treize parlementaires à la base de la création de l’UDPS en est le président national jusqu’aujourd’hui. Il est même considéré par la plupart des Congolais comme le père de la démocratie congolaise. Car, pour les Congolais, Tshisekedi est l’homme qui leur a montré du courage face à la dictature de Mobutu. Il a personnellement enduré des humiliations, des tortures physiques et morales, des emprisonnements à plusieurs reprises pour l’avènement de la démocratie en RDC. Pour eux, Tshisekedi est donc le Mandela de la RDC.

Grâce à son savoir-faire et à son charisme, l’UDPS s’est implantée dans toutes les provinces de la République Démocratique du Congo. Sans nul doute, l’UDPS est devenue sous l’égide d’Etienne Tshisekedi, un patrimoine national. Mais au vu de l’âge et de la maladie qui ont miné la santé du sphinx de Limete, une lutte de succession s’est engagée au sein de la classe dirigeante de ce parti,  le plongeant dans une crise profonde depuis 2013. Or, pour faire face aux enjeux de l’heure et en prévision des prochaines échéances, le peuple congolais a besoin d’un parti fort, dirigé par un leadership dynamique, responsable, aguerri, capable de relever les défis à venir. Il est tout à fait normal d’envisager une passation de flambeau à la nouvelle génération pour le respect de la continuité des institutions. Le sphinx de Limete devrait, comme Mandela, tirer sa révérence et se donner une retraite heureuse. Il devrait en cela, outre l’exemple de Mandela, suivre l’exemple de  Jean-Marie Lepen en France qui démissionna du Front National, du pape Benoit XVI qui démissionna de ses fonctions de souverain Pontife, du roi d’Espagne qui laissa sa place à son fils pour raison d’âge, etc.

Mais il ne devrait pas suivre l’exemple de Boutelfika qui, fatigué et épuisé par l’âge et la crise d’AVC, avait mené une campagne de honte lors de la dernière élection présidentielle en Algérie, porté sur une chaise roulante. Quelle honte pour l’Afrique! Il ne devrait pas non plus suivre l’exemple d’un Robert Mugabe du Zimbabwe qui s’accroche au pouvoir à 90 ans  ni celui de Gisenga à la tête du Palu  ni même de Bemba qui dirige le MLC de la prison de la CPI.

La RDC a besoin d’une nouvelle culture, de la culture de gens qui voient d’abord l’intérêt national avant leurs propres intérêts. En effet, les institutions doivent survivre à leurs créateurs et non disparaître avec eux! Comme Etienne Tshisekedi fut le premier à militer pour la démocratie, nous voulons qu’il soit encore le premier à nous apprendre à laisser de la place à la génération montante. « Le peuple d’abord ». Le peuple ne voudrait pas voir l’image du Lider Maximo écornée par certains déboires de son entourage qui lui ferait porter la responsabilité des actes qu’il n’aurait pas posés en âme et conscience.

Lumbamba Kanyiki

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