Kasai central : « J’ai été violée à côté du cadavre de mon mari, décapité »  (Témoignage)

Crédits photos : Ghislain Massotte/MSF
Crédits photos : Ghislain Massotte/MSF

Les équipes de l’organisation humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF) ont soigné 2.600 victimes de violences sexuelles entre mai 2017 et septembre 2018 dans la ville de Kananga, province du Kasaï Central. 80% de ces victimes disent avoir été agressées par des hommes en armes, dit l’ONG humanitaire dans un communiqué publié ce jeudi 1er novembre.

ACTUALITE.CD publie les témoignages qui illustrent ces drames.

« J’étais à la maison et des hommes armés sont venus pour tuer mon mari. Ils l’ont décapité et ont pillé tous nos biens. J’ai été violée chez moi, à côté de son cadavre, en présence de mes enfants. C’était l’année passée, pendant le conflit. J’avais cinq enfants. Ils en ont tué trois. Je suis restée seulement avec deux. Ils ont violé mes trois filles aînées et ensuite les ont tuées. Je suis restée avec mes deux plus jeunes enfants : un garçon de 12 ans et une fille de 9 ans. Ils ont pris tous nos biens, ils ont tout pillé. Ensuite, ils nous ont fait sortir de chez nous, sans me donner le temps de me rhabiller, j’étais torse nu. J’ai vite pris un pagne pour couvrir ma poitrine. Nous étions chassés de chez nous.

J’ai commencé à marcher avec mes deux enfants dans la brousse jusqu’à Tshikapa. Je ne savais même pas où nous allions, j’ai juste commencé à marcher. Une fois arrivés à Tshikapa, mes enfants sont tombés malades.  J’ai été accueillie dans un centre avec mes enfants et on nous a aidés et donné un peu d’argent.

J’ai décidé de rentrer vers Kananga avec d’autres femmes, pour prendre la route avec les camions qui se déplaçaient vers la ville. C’est par là-bas que j’habitais avant. Une fois sur la route pour Kananga, avant d’arriver, nous avons croisé des hommes armés. Ils nous ont, encore une fois, violées. Ils étaient à trois.

Après, nous nous sommes cachées pour ne pas être violées à nouveau mais je commençais à me sentir malade.

Quand je suis arrivée à Kananga, j’ai entendu dans la rue qu’il y avait les médecins Sans Frontières qui soignaient les femmes mais je ne savais pas où ils se trouvaient. J’ai demandé dans la communauté, mais les gens de ma communauté ne voulaient pas m’aider, ils demandaient de l’argent en retour. C’est à l’église que j’ai pu avoir toutes les informations dont j’avais besoin.

Avant d’arriver ici à l’hôpital, j’avais beaucoup de soucis. J’étais tellement faible et j’avais très mal au  bas ventre.  Dans la brousse et ensuite sur la route, je n’avais rien à manger et parfois ce que je trouvais n’était pas suffisant, comme une boule de foufou (manioc) pour moi et mes 2 enfants. Je n’avais pas d’argent et le pagne que je portais était tout déchiré. Quand je suis arrivée, on m’a donné des médicaments et on m’a fait des examens : c’est comme ça que j’ai découvert que j’étais atteinte du VIH. Ça m’a beaucoup préoccupée car je crains que je n’ai plus beaucoup de temps à vivre.

Quand je viens ici pour me faire soigner, je laisse mes enfants à l’église, où parfois des personnes viennent nous donner des choses à manger. Mais je ne sais pas comment m’occuper d’eux, tout ça me préoccupe aussi beaucoup.

Kasaï Central: 2.600 victimes de violence sexuelle soignées en un an, dont des hommes forcés à violer des membres de leur communauté

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