Les humanités (littéraires) enseignaient (entre autres) la lecture des humanistes

 »Si tu veux qu’ils soient frères, oblige-les de bâtir une tour. Mais si tu veux qu’ils se haïssent, jette-leur du grain » (A. de St Exupéry)

L’usage matérialiste de l’école et de l’université est un risque sérieux. Il en écarte les beaux textes de toutes les traditions et toutes les cultures confondues. Etudier pour être  »utilisé » par les entreprises néolibérales comme une machine à produire et/ou à consommer des sous et des biens peut être une voie ouverte à l’inculture et à la production des  »monstres » ayant perdu  »la tête ».

Quand j’ai vu le spectacle des  »futurs députés » des FCC se disputant les pagnes et l’argent au Katanga (https://afrique.lalibre.be/26759/rdcongo-la-candidature-de-ramazani-shadary-sera-t-elle-radiee/?fbclid=IwAR26_pLD5ez2fZrM_v80Pe6h0viDTDKeKMuvl3fjZpoLXF8IiOtgRStcsWA), j’ai vite pensé à ces paroles d’Antoine de St Exupéry apprises au Petit Séminaire de Kabwe :  » Ainsi me parlait mon père : « Force-les à bâtir ensemble une tour et tu les changeras en frères. Mais si tu veux qu’ils se haïssent, jette-leur du grain. » (Citadelle,p. 58) J’ai donc vu dans ce spectacle les germes d’une haine fratricide nuisible pour l’édification d’un  »nous national ». Tant qu’il y aura des  »jeteurs de grain », que la culture humaniste et humanisante sera absente de l’école et de l’université, il y a à parier que la renaissance du Congo-Kinshasa prenne du temps et beaucoup de temps. L’humain y a perdu majoritairement  »le bomoto ».

Et les minorités créatrices d’un autre Congo devraient se méfier de la foule, de la multitude.  »Ainsi dans mon empire, écrit Antoine de St Exupéry, il m’est apparu qu’il était plus facile de souder les hommes par le sentiment que par l’esprit qui domine le sentiment. Sans doute signe de ce que l’esprit doit devenir sentiment, mais qu’il n’est point de sentiment qui compte. » Et il ajoute :  »Ainsi m’est-il apparu qu’il ne fallait pas soumettre celui qui crée aux souhaits de la multitude. Car, c’est sa création même qui doit devenir le souhait de la multitude. La multitude doit recevoir de l’esprit et changer ce qu’elle a reçu en sentiment. Elle n’est qu’un ventre. La nourriture qu’elle reçoit, elle doit la changer en grâce et en lumière. » (Ibidem, p. 115)

 »Celui qui crée » et qui est nourri à une certaine culture luba sait paradoxalement que  »nkaya, nlutatu, babidi mbapite » (c’est pénible d’être seul ; être deux est un atout) et que  »biwikala nkayebe kuwambi bualu, waya kukeba badi mulongo » (seul, tu peux faire l’affaire sans chercher (l’appui de) la multitude. Dans un contexte où ce qui est indispensable, c’est  »le NTU », le  »Moto »,  »le Mutu »,  » le BONGO »,  »le LUNGENYI » (car  »tshikulu, nlungenyi, kuyi ne lungenyi kulaadi panu »).

Babanya Kabudi

Génération Lumumba 1961

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