RDC : déficitaire jusqu’au 25 avril, le Trésor public connaît un excédent de 253 millions USD au 30 avril (Présidence)

Deskeco

Alors que le gouverneur de la BCC avait projeté un excédent de 50 milliards de CDF, soit 28,62 millions USD, au 30 avril,  la présidence de la République annonce plutôt un excédent de 253 millions USD à cette échéance!

Dans un entretien accordé à DESKECO.COM, le directeur de cabinet du chef de l’Etat, Vital Kamerhe, a soutenu, le mercredi 8 mai, que le compte du Trésor public vient d’être renfloué dégageant même un excédent de 253 millions USD, selon les données consolidées au 30 avril 2019.

En attendant que la Banque centrale du Congo (BCC), institution habilitée à communiquer les chiffres sur l’exécution du budget, confirme ces données, il y a lieu de relever que jusqu’au 25 avril, les finances publiques de la RDC degageaient un solde déficitaire.

Selon le condensé des statistiques de la Banque centrale, “en cumul annuel, au 25 avril, la situation financière de l’Etat est déficitaire de 287,6 milliards de CDF contre un excédent programmé de 12,3 milliards de CDF. Les recettes et les dépenses du trésor public se sont chiffrés respectivement à 1 937,7 milliards et à 2 225,2 milliards de CDF avec des taux d’exécution de 73,5% et de 84,7% dans le même ordre, rapportées à leurs prévisions “.

Les 287,6 milliards de CDF de déficit, au 25 avril, représentent 164,62 millions USD, au taux budgétaire de 1747 francs congolais le dollar américain. Il s’ensuit que si au 30 avril, l’échéance fiscale, le trésor public dégage un excédent de 253 millions USD, donc en cinq jours seulement les régies financières ont récolté 417, 62 millions USD nécessaires pour combler le solde négatif et dégager un excédent.

Toutefois, le gouverneur de la Banque centrale, Déogratias Mutombo, avait promis de ne renouer avec l’équilibre budgétaire qu’à la fin du mois d’avril qui est une échéance fiscale importante. « Pour ce qui est de solde des finances publiques, à la clôture de ce mois d’avril, la situation sera équilibrée et dégagera un excédent confortable qui doit être de plus ou moins 50 milliards CDF », avait promis Déogratias Mutombo.

Alors que le gouverneur de la BCC avait projeté un excédent de 50 milliards de CDF, soit 28,62 millions USD, au 30 avril,  la présidence de la République annonce plutôt un excédent de 253 millions USD à cette échéance, soit presque 9 fois les prévisions de Déogratias Mutombo. Seule donc la BCC peut éclairer là-dessus.

Déficit chronique

Les finances publiques congolaises ont enregistré des déficits répétitifs avant le 30 avril 2019. La Banque centrale du Congo (BCC) renseigne dans son bulletin d’informations statistiques d’avril 2019 que les finances publiques de la RDC ont enregistré 1 867 133,51 millions de CDF de recettes contre 2 094 719,31 millions de CDF de dépenses publiques au 19 avril 2019. Ce qui dégage un déficit des finances publiques de l’ordre de 227 585,80 millions de CDF, soit 130,27 millions USD, dans l’exécution du budget de l’Etat, au 19 avril 2019.

Lors de la conférence de presse du mardi 30 avril, à l’issue de la 3ème réunion ordinaire du Comité de politique monétaire (CPM), la Banque centrale du Congo, donnant la situation des indicateurs macro-économiques et des finances publiques à fin mars 2019, a également relevé un déficit dans le compte du Trésor public de l’ordre de 54 milliards FC.

“L’exécution des opérations de l’Etat s’est clôturée par un déficit de 54,4 milliards de CDF à fin mars 2019, alors que l’Etat prévoyait un léger excédent de 0,2 milliard de CDF”, note le communiqué de la BCC du 30 avril.

Et même en cumul annuel, à fin mars, la situation du Trésor a indiqué un déficit de 43,3 milliards de CDF contre un déficit programmé de 29,4 milliards de CDF, selon la BCC.

« Ce déficit tient principalement de la hausse des dépenses plutôt que de la faiblesse des recettes. Les dépenses ont été portées également par celles exécutées dans le cadre de la mise en œuvre du programme d’urgence du chef de l’Etat », avait justifié la BCC dans son communiqué officiel du 30 avril.

L’ODEP (Observatoire de la Dépense Publique), dans le cadre de son monitoring citoyen de l’exécution du budget 2019, arrive aux mêmes conclusions de déficit budgétaire au cours du premier trimestre de cette année.

Pour l’ODEP, l’exécution du budget 2019 pendant la période de janvier-mars est caractérisée par un déficit budgétaire de 151,1 millions USD. Ce déficit pourrait être plus ÉLEVÉ, selon cette institution, d’autant plus que les dépenses publiques ont été payées à hauteur de 42,46% au premier trimestre 2019.

Dans son rapport, l’ODEP a révélé que les dépenses de fonctionnement de la présidence de la Républiques ont connu un dépassement budgétaire de 120% entre janvier-mars 2019. L’ODEP renseigne que plus de 75% des dépenses publiques ont été exécutées en procédures d’urgence, comme pour dire que les us et coutumes de l’orthodoxie dans la gestion des finances publiques n’ont pas été respectés durant cette période.

Autant des faits qui montrent qu’effectivement il y a eu déficit budgétaire dans les finances publiques, en général, et à la présidence de la République, en particulier, au moins jusqu’au 25 avril 2019. Ceci ne veut pas dire que les fonds publics ont été mal gérés mais que l’on a juste dépensé plus que ce qu’on a récolté comme recettes. Or, il fallait dépenser sur base Caisse. Cependant, comme il s’agit des dépenses d’investissement dans les travaux d’infrastructures, ce sont donc des bonnes dépenses susceptibles de booster l’économie.

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Le président de la République avait lancé son Programme d’urgence de 100 premiers jours le 2 mars 2019. Ce programme a été chiffré à 304 millions USD dont 206,67 millions USD devraient provenir du trésor public, 27,36 millions USD du FONER (Fonds pour l’entretien des routes) et 70,09 millions USD du FPI (Fonds de promotion de l’industrie). Ce programme prévoit des travaux d’urgence de construction ou de réhabilitation des infrastructures de base sur l’ensemble de la RDC et l’amélioration des conditions de vie des Congolais.

En comptabilité nationale, la notion de déficit budgétaire s’utilise lorsque le budget de l’État est en déficit : les recettes de l’État (hors emprunt) sont inférieures à ses dépenses (hors remboursement d’emprunt) d’où un solde budgétaire négatif.

Amédée Mwarabu

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