Heureux qui, comme Ulysse, a fait un bon voyage

« Heureux qui, comme Ulysse, a fait un bon voyage » ( Du Ballay )

Balos Jeef et Caro« Heureux, les pieds qui annoncent la bonne nouvelle », disent les chrétiens. Et nos ancêtres d’ajouter: « Nzolu wendenda, ngudya-dya muswaswa ». Mais nous dirons, quant à nous, qu ‘heureux sont les pieds qui rendent visite et qui consolent.

Comme nkwadi mupuila bipongo, Bululu Badibanga a traversé les océans et les mers pour revoir ceux qu’il avait laissés depuis des années. Il ne nous a pas oubliés puisqu’il était chez nous aussi ce lundi dernier, accompagné de Francois Balumuene Dijiba.  Des retrouvailles après 28 ans de séparation.

Tête ravagée par une calvitie qui brille comme un miroir, Bululu garde le même sourire, le même humour et  la même verve oratoire. A trois, nous nous sommes plongés dans un long voyage dans les profondeurs oubliées de notre enfance. Nous avons parlé des faits saillants qui nous sont venus à l’esprit mais aussi de nos amis communs.  L’album des anciens du petit séminaire dont la quasi totalité des photos viennent de lui, nous a, par moment, servi de repère. Chaque visage nous rappelait une anecdote. Malheureusement beaucoup nous ont laissés comme Gustave kamishele qui s’en est allé chez le Très-Haut la semaine dernière.

Comme un somnambule, ma main m’apporte nonchalamment ma guitare. Je gratte  » Kamana-kamana, meme nyaya ku Kananga ». Mon compagnon de toujours, spontanément saute sur l’occasion et m’accompagne du mieux qu’il peut. C’est sûr que nous n’égalerons jamais dans nos prestations Tshala Muana ou Kadiyoyo wa ku Demba. Mais nos coeurs chantent Kananga qui nous a vus naître. Alors, on s’enfout si les notes sont vraies ou fausses. « Kananga, malandji wa nshinga; kwetu kwa ba muana! ». Et moi de lui dire: « Tu sais, lorsque nous étions à Kananga, nous parlions Mike Brant, Frédéric Francois, Claude-Francois, Johnny Haliday, James Brown, Barry White, etc. Et on en était fiers; mais aujourd’hui, ma fierté, c’est ca, les mélodies de chez moi, les mélodies qui chantent ma terre, ma culture, mon moi ».

Avant de nous dire « au revoir et à la fois prochaine », Bululu me montre une vidéo prise sur son portable,  montrant sa mère, baba Kanku, marchant avec sa canne dans une avenue sablonneuse et chaude de Kinshasa. Je découvre Tshikunda’a Bwanga, mukaj’a Ntala, ma mère courbée par le poids de l’âge, s’en allant titubante, mais toujours digne. Je cherche le regard de Jeef; il me tourne le dos. Alors,  Nous en restons là, son coeur comme le mien, saignants.

Je réitère mes remerciements à Balos pour son esprit d’unification et d’entente qu’il ne cesse de cultiver entre nous. Car, sans lui, ces retrouvailles n’auraient pas eu lieu.

Voici quelques images de la visite de Jeef Bululu Badibanga:

Bululu BadibangaBalos et Jeef chez CaroJeef et Caro

Lumbamba Kanyiki

 

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