Et si le Congo-Kinshasa avait besoin d’une thérapie collective ?

Au Congo-Kinshasa, il devient de plus en plus rare que  »le peu de débat politique » soit porté par une certaine interdisciplinarité. L’histoire est souvent méprisée ou mal réécrite par les partisans du  »présentisme » et de la mangeoire. Ce  »peu de débat politique » est appauvri par le culte de la personnalité. Les apports des sciences humaines sont souvent négligés. Pourtant, en observant certains comportements moutonniers, il serait important de jeter un coup d’oeil du côté de la psychologie, de la psychiatrie et de la psychothérapie. Il semble que le pays de Lumumba souffre aussi de sa gestion par des minorités de psychopathes et/ou de pathocrates. Des échanges faits avec certains  »acteurs politiques apparents » ou certains membres de la société (dite) civile peuvent en témoigner.

Un jour,  »un politicien » congolais m’appelle et me dit ceci :  »Ils nous ont dit de mettre les Congolais dans la rue et que si l’on en tue un peu, ils vont intervenir. Ils viennent de tuer plus de quarante (40) congolais. Quelle comptabilité macabre attendent-ils pour qu’ils interviennent ? »

Cet échange date de la période au cours de laquelle les compatriotes s’étaient organisés et mis debout pour que  »le régime de la kabilie » ne puisse toucher à la  »Constitution ». Des compatriotes ont témoigné du rejet de ce régime en publiant un livre intitulé  »Les Congolais rejettent le régime de Kabila » (2015). Il y a, sur la couverture de ce livre, la photo de Gaby Mamba tué à Kinshasa à balles réelles lors des manifestations des 19, 20 et 21 janvier 2015.

Curieusement, ce  »régime » ayant reconduit  »le paradigme léopoldien » est, soit dit en passant, qualifié aujourd’hui de  »social-démocratie » ! Il y a un problème sérieux !

Revenons à l’échange.  »Ils nous ont dit de mettre les Congolais dans la rue ». Qui a dit à qui ?

 »Certains décideurs » ont demandé à leurs  »sous-traitants » de mettre les Congolais dans la rue en sachant qu’ils vont être tués. En fait, ils sont tués et  »les décideurs » n’interviennent pas. Et un  »sous-fifre »,  »un esclave volontaire » crie au secours afin que la comptabilité macabre de morts congolais soit mise sur la place publique (sur les réseaux sociaux) !

Il me semble qu’il y a, dans cette façon de faire, une alliance thanatophile, une alliance mortifère entre  »certains décideurs » et  »leurs marionnettes » agissant comme  »acteurs apparents » au Congo-Kinshasa. Cette alliance transforme le pays de Lumumba en  »pathocratie » gérée par des  »transnationaux psychopathes ». Pour cause. Je doute que des personnes normalement constituées puissent, en conscience et en connaissance de cause, envoyer des humains à la mort en mentant sur leur possible intervention.

Réduire toutes les questions liées à la guerre perpétuelle et de basse intensité ayant cours au Congo-Kinshasa aux besoins des multinationales en matières premières stratégiques et ne pas s’occuper du  »mental » de leurs  »petites mains » pourrait constituer une erreur eu égard à tous les apports des sciences humaines aujourd’hui. L’alliance thanatophile sous laquelle le pays de Lumumba est en train de ployer est aussi celle des psychopathes. La soif de domination des  »décideurs », l’instrumentalisation des  »sous-fifres », le mépris des Congolais, la banalisation de la mort, le cynisme et le machiavélisme dont ils font ensemble montre apparentent leur comportement à la psychopathie.

En effet, »la psychopathie peut être caractérisée comme une tendance à la fois à la domination et à la froideur… Les psychopathes sont enclins à la colère et à l’irritation et sont prêts à exploiter les autres. Ils sont arrogants, manipulateurs, cyniques, exhibitionnistes, à la recherche de sensations, machiavéliques, vindicatifs et intéressés uniquement par leurs propres gains …  »

Que ces  »sous-fifres » et autres tueurs du  »régime » susmentionné s’autoproclament  »hommes d’Etat »,  »autorité morale »,  »président »,  »ministre »,  »Père de la démocratie », etc. et qu’ils aient quand même, pour les suivre, des applaudisseurs, des tambourinaires et des fanatiques tirant le diable par la queue du 1er janvier au 31 décembre et/ou  »robotisés » pour être à tout moment en costume et cravate, c’est là que leur  »nature contagieuse » se révèle dangereuse. Il paraît que les psychopathes  » exigent de l’amour et la reconnaissance sociale et se considèrent comme très dignes et importants, mais n’offrent ni amour ni reconnaissance en retour, car ils considèrent les autres comme indignes et insignifiants. Ce comportement est clairement conforme à l’essence de la psychopathie telle qu’elle est communément décrite. »

En observant certains comportements moutonniers au sein de ces compatriotes livrés régulièrement à la mort par ces  »psychopathes » de  »gauche » et de  »droite », la question de savoir si le Congo-Kinshasa ne serait pas devenu une  »pathocratie » (ayant besoin d’une thérapie collective) se pose.

Que signifie-t-elle ?  »La Pathocratie est un système de gouvernement dans lequel une petite minorité pathologique prend le contrôle d’une société. Dans une pathocratie, tous les postes de direction (…) doivent être occupés par des personnes atteintes des mêmes déviations psychologiques (…). Mais de telles personnes ne représentent qu’un très faible pourcentage de la population, ce qui les rend donc encore plus précieux aux yeux des pathocrates. Les pathocrates ne seront donc pas très regardants sur le niveau intellectuel ou les compétences professionnelles, qui seront encore plus rares. » Et  »les pathocrates » sont des  »psychopathes » et des prédateurs.

En 2003, un livre donnant sa version de la guerre de basse intensité menée contre le Grands Lacs Africains avait pour titre :  »Les nouveaux prédateurs. Politique des puissances en Afrique centrale ». Sa deuxième partie est intitulée  »Les nouveaux prédateurs ». Et  »le réseau d’élite de prédation » décrié dans le rapport des experts de l’ONU de 2002 (Kassem) est mentionné dans ce livre ainsi que plusieurs de ses membres. Sa participation à cette guerre d’usure, ses mensonges et ses faux-semblants, etc. rendent son comportement identique à celui des psychopathes.  »Le psychopathe est un prédateur. Si on réfléchit aux interactions entre les prédateurs et leurs proies dans la nature, on peut avoir une certaine idée de ce qui se cache derrière le « masque de santé mentale » du psychopathe. Tout comme le prédateur qui recourt à des stratagèmes pour s’approcher furtivement de sa proie, pour l’isoler du troupeau, s’en approcher et l’épuiser, le psychopathe se construit toute un panoplie de camouflages sophistiqués, composée de paroles, d’apparence, de mensonges et de manipulations – afin de « tromper » sa proie.
Contrairement aux gens normaux qui aiment voir d’autres gens heureux, ou faire plaisir, le psychopathe aime faire souffrir. »

 »Des proies épuisées » par la guerre d’usure au Congo-Kinshasa finissent par devenir membres de  »la pathocratie ». En effet,  »au bout de quelques années de fonctionnement d’un tel système, pratiquement tous les gens souffrant de psychopathie auront été intégrés dans l’activité pathocratique, et ils sont considérés comme les éléments les plus fidèles, même si certains d’entre eux sont impliqués d’une façon ou d’une autre dans le camp adverse. »

Il se pourrait (aussi) que  »la psychopathie » et  »la pathocratie » soient les conséquences de la manducation des cœurs et des esprits par  »la sorcellerie capitaliste ». L’influences des idéologies individualistes et nihilistes dans le chef  »décideurs » et de leurs  »sous-traitants » ne devrait pas être négligée au nom de la psychologisation et de la psychiatrisation de la vie publique.

Néanmoins, j’estime que les apports de la psychologie, de la psychiatrie et de la psychothérapie ne devraient pas être négligés dans la recherche des causes de la perte de la boussole éthique chez  »des décideurs » et  »leurs marionnettes » ainsi que chez des compatriotes majoritairement envoûtés par le culte de la personnalité des individualités médiocres, psychopathes et/ou pathocrates.

Oui. Il me semble que le Congo-Kinshasa a besoin des  »pratiques (collectives) de désenvoûtement » culturelles, psychologiques, psychiatriques, spirituelles, philosophiques, politiques, etc.

Si  »les minorités organisées et éveillées » arrivaient, avec une certaine masse critique, à renverser les rapports de force, elles présideraient à cette révolution indispensable. Les médias congolais alternatifs y travaillent depuis tout un temps. Des écrivains congolais, africains et panafricains ne dorment ni ne sommeillent. Ils savent qu’ils doivent vaincre la peur du livre sur cette voie thérapeutique. Des écoles panafricaines se créent. Et la lutte continue…

P.S. Pour aller plus loin, il est possible de lire  »La sorcellerie capitaliste. Pratiques de désenvoûtement » de Philippe Pignarre et Isabelle Stengers (2005) et cet article intitulé  »Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société » (https://www.legrandsoir.info/lorsque-les-psychopathes-prennent-le-controle-de-la-societe.html)

Babanya Kabudi

Génération Lumumba 1961

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