Alors qu’à l’audience de ce lundi l’on s’attendait au verdict dans l’affaire qui l’oppose au ‘’tout-puissant’’ gouverneur du Kasaï central ce, après trois jours d’affilé du procès, le journaliste Michel Tshiyoyo a récusé les juges et a sollicité la recomposition du tribunal. Raison : ces juges qui devaient se prononcer ce jour ont été aperçus hier dimanche dans la soirée à la résidence du gouverneur Martin Kabuya, alors que c’est ce dernier qui est le plaignant dans cette affaire.

Que sont allés faire ces juges surtout un dimanche chez Kabuya, lui qui a déclaré à la presse sa ferme détermination de laisser ce journaliste en prison avant son départ pour les Etats-Unis ? Les juges veulent-ils lui faire plaisir dans cette affaire dont aucun indice d’infraction n’est apporté ni prouvé ? La crainte du journaliste et ses avocats se justifie lorsque la justice se présente souvent en position de ‘’garde-à-vous’’ devant les autorités politiques et leur sert de bras séculier pour museler la presse.

Pour preuve, après cette récusation qui a conduit à la suspension de l’audience, le journaliste s’est vu menacer à travers deux Sms lui envoyés. Le premier en Tshiluba envoyé par le numéro +243974098536 et que Scooprdc.net traduit, est tombé à 13 : 45 locales et stipule ceci : ‘’Toi Michel Tshiyoyo, même si tu es libéré, saches que nous connaissons chez toi. Nous avons travaillé avec ta femme dans le cabinet du gouverneur. Nous sommes à tes trousses, tu ne nous échapperas pas. Saches que nous sommes de Dibaya. Sers bien ta ceinture’’.

Le deuxième texto qui lui est tombé à 13 : 51 du numéro +243976125762, stipule : ‘’Michel, c’est nous que tu veux combattre. On va te tuer, retiens-le pour dit. Nous connaissons où habitent tes deux femmes. Nous t’avions piégé et nous t’avons eu. Tu n’es pas intelligent. Que le tribunal se prononce, tu verras’’.

Rappelons que le journaliste Michel Tshiyoyo est devant les juges, accusé par le gouverneur Martin Kabuya. Son péché c’est d’avoir voulu connaître la vérité, en interrogeant quiconque détiendrait la vraie information, sur l’incident qui aurait eu lieu à Kalamba Mbuji, localité située à 250km au sud-est de la ville de Kananga, dans le territoire de Luiza, entre deux autorités provinciales (lire l’article de Scooprdc.net : « Arrestation du journaliste Michel Tshiyoyo à Kananga : l’UNPC s’insurge contre les méthodes hitlériennes du gouverneur Kabuya »).

Sur son mur, Michel Tshiyoyo avait exactement écrit ceci le 1^er août dernier : « SCANDALE A KALAMBA MBUJI ENTRE LES DEUX AUTORITES PROVINCIALES DU KASAÏ CENTRAL ? QUI PEUT DONNER LES MOBILES DES DISPUTES ?

C’est ce post considéré par le gouverneur Kabuya comme une incitation à la haine communautariste et à la rébellion, qui traîne le journaliste depuis jeudi 8 août devant le Tribunal de paix.

Innocent Olenga