‘’Joseph Kabila ‘’ est un président de fait. Les Congolais(es) et la politique menée en langue étrangère

Si nous affirmons que ‘’Joseph Kabila’’ est ‘’un président de fait’’, c’est qu’il ne participe du processus juridique constitutif du peuple congolais. Donc, il n’obéit pas aux principes de droit qui sont supposés orienter la marche du pays. Qu’il ait juré ou pas de respecter le droit, du moment que nous le reconnaissons comme ‘’président de fait’’, ‘’imposteur’’,  ‘’ovni’’, un ‘’Cheval de Troie’’ ou ‘’marionnette des forces extérieures’’, lui demander de respecter la constitution ou l’accuser de ‘’trahison’’ nous semble un non-sens.

Il se pourrait que nous soyons plusieurs à ne plus comprendre l’usage que nous faisons de certains mots ou de certaines expressions. Quand nous disons que ‘’Joseph Kabila’’ est un président de fait depuis 2001 ou 2011, nous soutenons, en filigrane, qu’il n’est pas un président de droit. Si nous nous trompons ici, les meilleurs connaisseurs de la langue de Molière devront nous corriger. En 2001, ‘’Joseph Kabila’’ est devenu ‘’président’’ après l’assassinat  de Mzee Laurent Désiré-Kabila sans passer par quelque processus électoral que ce soit. En 2001, ‘’Joseph  Kabila’’ ne jouissait d’aucune légitimité populaire. Pour plusieurs d’entre nous, les élections de 2006  furent une mascarade. En 2011, lui-même, ‘’Joseph Kabila’’ a reconnu que les élections n’avaient pas été organisées selon des règles idoines. Il a reconnu qu’il y a eu des fraudes. Plusieurs organisations de la société civile congolaises et étrangères ont reconnu cela.  En 2011,   ‘’Joseph Kabila’’ n’a pas joui d’une quelconque légitimité électorale. Plusieurs Congolais(es) soutiennent que de 2001 à 2011, ‘’Joseph Kabila’’ est un président de fait. Il aurait joui de quelque légitimité délibérative s’il avait soumis son ‘’pouvoir-os’’, sous ses différentes coutures, au débat public contradictoire d’où il serait sorti victorieux. Or, depuis qu’il est là, ses tambourinaires disent à qui voudraient les entendre qu’il est un ‘’taiseux’’.  Donc, son ‘’pouvoir-os’’ ne repose ni sur la légitimité électorale, ni sur la légitimité délibérative. Explicitons.  Pour les partisans de ‘’la démocratie radicale’’, la légitimité électorale est faible. Elle oppose un chiffre contre un autre. Celui qui gagne aux élections  peut l’emporter avec 50, 9%  et son challenger perdre avec 49,1%. La différence  mathématique entre les deux peut être liée à plusieurs facteurs. Et dans plusieurs pays où l’argent et la propagande achètent tout, cette différence mathématique peut résulter de l’achat des consciences ou des erreurs de manipulations des chiffres électoraux.

Un vainqueur d’une telle élection, qu’il soit un président ou un parti politique, doit pouvoir, après, soumettre son programme de gouvernement et ses réalisations au débat démocratique continu pour sa légitimation délibérative. C’est-à-dire son adoption par les citoyens participant à ce débat démocratique continu. Et en droit, ce qui constitue les citoyens, c’est le droit ; c’est la constitution.

Or, si nous affirmons que ‘’Joseph Kabila’’ est ‘’un président de fait’’, c’est qu’il ne participe du processus juridique constitutif du peuple congolais. Donc, il n’obéit pas aux principes de droit qui sont supposés orienter la marche du pays. Qu’il ait juré ou pas de respecter le droit, du moment que nous le reconnaissons comme ‘’président de fait’’, ‘’imposteur’’,  ‘’ovni’’, un ‘’Cheval de Troie’’ ou ‘’marionnette des forces extérieures’’, lui demander de respecter la constitution ou l’accuser de ‘’trahison’’ nous semble un non-sens.

Où est le problème ? Chez les Congolais(es) ; dans leur manière de lire et d’interpréter les textes ou dans le sens qu’ils (elles) donnent à certains mots ou certaines expressions.

Ne faudrait-il pas commencer par donner à ces mots et expressions leur véritable sens pour mieux appréhender ‘’le fait Joseph Kabila’’ ? Une meilleure lecture et réécriture de notre histoire collective pourrait en découler. Il se pourrait que  nous soyons à côté de la plaque. Les meilleurs d’entre nous peuvent nous corriger. Dans le cas contraire, ne serait-il pas mieux de mener nos débats en nos langues vernaculaires pour mieux avancer. Cela nous éviterait de soutenir une chose et son contraire, nous permettrait de donner aux mots et expressions leur véritable sens.

 

Mbelu Babanya Kabudi

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