Prof A. Mbata à Nouakchott : “La lutte pour un Etat de droit démocratique est indissociable de celle contre la corruption. L’Afrique de la corruption et de l’impunité n’est pas l’Afrique que nous voulons! » (tribune)

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Dans son exposé magistral lors de l’Atelier de formation sur l’Etat de droit organisé par l’Union africaine (UA) pour les pays de l’Afrique du Nord qui s’est ouvert le mercredi 11 décembre 2019 à Nouakchott deux jours seulement après la commémoration de la journée internationale contre la corruption (9 décembre), Prof André Mbata a souligné que de par ses effets néfastes sur le développement socio-économique, la corruption devrait être considérée comme un crime international au même titre que le génocides, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité  et que ce serait un leurre de prétendre lutter pour un Etat de droit démocratique  sans pour autant  s’engager résolument dans la lutte contre la corruption sous toutes ses formes, en commençant par les plus hautes instances de l’Etat où elle règne en maître.

Tout en se disant inquiet de l’élection présidentielle qui risque de voir les mêmes dirigeants se sont organisés pour se succéder au pouvoir en Algérie étant donné que les citoyens se préparent à « voter sans choisir », Prof André Mbata a tenu néanmoins à féliciter ce pays où deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, viennent d’être condamnés respectivement à 15 et 12 ans de prison pour corruption.

Auparavant, Saïd Bouteflika, le frère cadet de l’ancien Président Abdelaziz Bouteflika, Général Mohamed Mediene  Toufik et Général Athmane Tartag, son successeur à la tête des services de renseignements ainsi que Madame Louisa Hanoune, Secrétaire général du Parti Travailliste (PT), avaient été condamnés à 15 ans pour complot contre l’autorité de l’Etat.

Prof André  Mbata a regretté au passage que dans plusieurs autres pays africains comme en République Démocratique du Congo (RDC), son pays d’origine, plusieurs anciens Premiers ministres, ministres, parlementaires, gouverneurs de Provinces, mandataires publics, officiers généraux et supérieurs de l’armée et de la police, responsables de renseignements civils ou militaires et d’autres services publics restent impunis et se permettent même de narguer  le peuple en se faisant passer pour des donneurs de leçons de bonne gouvernance et de moralité publique.

Pour l’universitaire congolais, l’exemple de Algérie et ceux des pays comme  le Botswana, l’Ile Maurice, la Namibie, l’Angola, et l’Afrique du Sud où une justice qui a arraché son indépendance n’a pas hésité de sévir contre des anciens dirigeants corrompus et même un ancien Président de la République,  devraient être suivis dans d’autres pays où ils ne sont nullement inquiétés.

Paraphrasant le Général algérien Gaïd Salah qui avait promis au peuple qu’il n’y aurait « pas de répit jusqu’à ce que chaque corrompu ait reçu la peine qu’il mérite »  et que « l’opération de lutte contre la corruption se poursuivra jusqu’à la fin », Prof André Mbata déploré que dans plusieurs  pays africains, une telle lutte contre la corruption n’a pas encore commencé en dépit des déclarations fracassantes  des dirigeants à l’intention des foules et des investisseurs étrangers généralement plus préoccupés  par l’amélioration du climat des affaires  que celle des conditions de vie des populations africaines.

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Revenant sur l’Agenda 2063 de l’Union africaine dans la conclusion de sa leçon inaugurale et se référant plus particulièrement à l’Aspiration 3, Prof André Mbata a insisté sur le fait que les peuples africains ne veulent nullement d’une Afrique de la corruption, des  violations des droits de l’homme, de la mauvaise gouvernance et de l’impunité, mais plutôt d’« une Afrique de la bonne gouvernance, de la démocratie, du respect des droits de l’homme, de la justice et de l’Etat de droit ».  Telle est l’Afrique que nous voulons.

L’atelier de l’Union africaine pour l’Afrique du nord réunit plusieurs éminents juristes  africains et les représentants de différents pays de la région. Il intervient après ceux que l’Union africaine a organisés pour l’Afrique centrale (Malabo, Guinée équatoriale) et l’Afrique australe (Lusaka, Zambie).

Professeur de droit constitutionnel à la Faculté de Droit de l’Université de Kinshasa et ancien membre de la Cour constitutionnelle entré dans l’histoire de son pays pour avoir démissionné  de cette Cour au temps le plus fort de sa « domestication » par l’ancien régime, Jean-Louis Esambo représente également la RDC et participe à l’animation de cet atelier de formation pour l’Afrique du nord qui se clôture le 14 décembre 2019.

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