Panique au gouvernorat du Kasaï-Central : falsification de l’histoire et fabrication des preuves autour du conflit coutumier initié par Martin Kabuya à Bena Mande

Dans « Un long chemin vers la liberté (Long Walk to Freedom) », un film biographique britannico-sud-africain réalisé par Justin Chadwick, sorti en 2013 sur la vie et l’œuvre de Nelson Mandela, le grand homme d’État et figure de la liberté disait : « Être libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes; c’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres ».

Au vu de ce qui s’est passé il y a une quinzaine des jours dans le village de Bena-Mande près de Kananga au Kasaï-Central et qui est loin de s’estomper, on est en droit de se demander : est-ce que la population du Kasaï-Central qui aspire à l’avènement d’un État de Droit comme tous les Congolais, est libérée de ses chaînes? En tout cas, c’est la question que se posent le Chef Jeannot Kabenabasue et son jeune-frère : ont-ils la liberté de vivre, de s’exprimer, de vaquer à leurs occupations quotidiennes sans que cela ne soit perturbé par l’autorité arbitraire et despotique du tout-puissant Gouverneur de province, le baroudeur Martin Kabuya Mulamba Kabitanga?

Monsieur le Gouverneur, qui se dit un résident permanent au Canada selon la loi canadienne en Immigration, mais qui exerce des fonctions politiques en RDC depuis 2011, nie son implication personnelle dans la gestion du pouvoir coutumier dans le village de Bena-Mande. Et qui plus est, dans un article publié pour son compte le 2 juin dernier en ligne sur Africa24sur24.net, il ose affirmer que :

« S’il est intervenu bien sûr, pour rétablir la vérité historique, c’est suite à la sortie impromptue du Ministre Délégué près le Vice – Premier, Ministre de l’Intérieur, Sécurité et affaires coutumières, en charge des affaires coutumières qui s’est prononcé à en date du 12 mai 2020 au sujet d’un conflit imaginaire de succession au pouvoir coutumier dans le groupement des Bena Mande, dans la commune de Katoka à Kananga. Comment pouvez-vous réduire l’autorité provinciale à sa plus simple expression en s’immisçant dans la désignation de chef coutumier dont il n’est ni près ni de loin membre de la famille régnante? Comme vous le savez, il n’appartient nullement à un gouverneur de province de désigner ou de s’immiscer dans le choix d’un chef coutumier qui est le produit de la famille régnante dont il est l’émanation.»

Une question me taraude l’esprit après lecture de ce passage : s’il n’est pas du ressort de l’autorité provinciale de nommer les chefs coutumiers, est-il de son pouvoir de renverser les décisions ministérielles du gouvernement central?

Question qui mérite bien une réponse compte tenu de ce qui s’est passé réellement dans le groupement des Bena Mande à Kananga. Qu’est-ce qui a poussé ce gouverneur qui se dit fils du Kasaï-Central, à chercher à mettre la province à feu et à sang en créant des factions dans un village pour amener ses habitants au bord d’un massacre? Sans doute une mégalomanie et une arrogance morbides, à l’image de feu Maréchal Mobutu qui est par ailleurs son inspiration et son modèle de politicien.

Comment justifie-t-il son ingérence dans le travail de la justice (Police, Auditorat militaire, etc.) à qui il ôte toute indépendance? Comment explique-t-il l’ordre donné pour libérer les agresseurs du Chef Jeannot Kabenabasue Ndombi Mbulungu qu’il a ramenés lui-même avec une jeep de policiers d’escorte dans la nuit du 26 mai dans ce village? Et ces mêmes agresseurs qu’il a encore fait relâcher ce 3 juin 2020?

Et le comble du ridicule, c’est que M. Kabuya, comme pour se dédouaner et se donnner une conscience tranquille, vient de monter de toutes pièces une histoire contre le Chef Jeannot Kabenabasue en l’accusant d’avoir brûlé le drapeau du pays. Et comme si cela ne suffisait pas, le gouverneur de province appelle un chef de village « un étranger »! Une gestion calamiteuse de toute une province, fondée sur des mensonges, ne peut en aucun cas aider le pays à avancer. Adieu l’État de Droit. Vive la République bananière!

Nous voudrions donc informer l’opinion publique congolaise que « la vérité historique » dont parle l’autorité provinciale du Kasaï-Central n’est rien d’autre que son esprit de vengeance vis-à-vis des chefs coutumiers qui refusent de se plier à ses caprices et à sa soif insatiable de pouvoir.

Dans sa correspondance du 6 avril 2020, adressée au Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Nationale, M. Martin Kabuya étale un ramassis de 19 documents qu’il allègue comme des preuves en faveur de sa nomination d’un nouveau chef coutumier dans le groupement des Bena-Mande. La liste de tous ces documents étalés peut facilement prêter à confusion pour les gens qui ne comprennent pas l’historique du dossier. Nous demanderons au Ministère de l’Intérieur de la RDC de nous donner accès à ces documents

s’ils lui ont réellement été soumis par le gouverneur de la Province du Kasaï-Central.

Le Gouverneur Martin Kabuya Mulamba, par son manque de maîtrise des dossiers sous son administration, notamment celui sur l’histoire du Groupement de BENA MANDE, risque de plonger le Kasaï-Central dans des troubles dont il ne sait pas prédire l’ampleur. Ses mensonges et l’usage de faux en écriture dénotent son incapacité à veiller à l’unité du Kasaï-Central et au bien-être de la population de cette province.

Nous remarquons beaucoup de falsifications et de contre-vérités dans ce fouillis des documents cités par Martin Kabuya. Et pour preuve:

Dans les articles du 1er et 3 juin 2020 publiés pour le compte de Kabuya Martin, il est mentionné qu’en 1920, un dénommé Chef Nkashama de la famille des Bena Kabasele fut suspendu de ses fonctions par les autorités belges, suite à un meurtre commis dans le groupement. Un grand mystère parce que l’administration belge ne reconnaissait pas encore le groupement de Bena Mande à cette époque. La première reconnaissance de ce groupement a été émis en 1927. Il s’agit de l’arrêté N° 209 du 22 Juin 1927 sur l’organisation des chefferies indigènes du District du Kasaï suivant le rapport du 19 Avril 1927 de l’administrateur Colonial Territorial du territoire de la LULUA qui met en place la chefferie de BENA MANDE avec comme chef coutumier BULUNGU MANDE; c’est le début de la composition de Groupement de Bena Mande (mis ensemble des sous-chefferies) et sa délimitation. Martin Kabuya cite aussi un procès-verbal de 1915. Si réellement ce document existe (ce qu’il devra démontrer), pensez-vous qu’une administration puisse nommer quelqu’un sur base d’un procès-verbal?

Avant cette date du 22 juin 1927, Il existait seulement des sous-chefferies qui sont ainsi listées dans cet arrêté de la Province du Congo-Kasaï/Congo Belge, à savoir: Bena Lukusa, Bena Kabasele, Bena Mange, Bena Kalubi a Mande (Tshitandayi). La famille du feu Chef Bulungu Ndombi (dont le nom du père MBULUNGU MANDE est clairement mentionnée dans cet arrêté) défie l’autorité provinciale du Kasaï-Central à fournir une documentation qui prouve que toutes les informations qu’elle allègue sur les années 1920 dans ses différentes communications sont réelles.

Un homme d’état digne de ce nom se base sur les preuves écrites plutôt que de véhiculer des informations mensongères. Cela dénote une incapacité en gestion d’une administration provinciale.

À notre connaissance, Monsieur MUBIAYI TSHITEBUA n’a aucun titre juridique qui le reconnait comme Chef coutumier. Il a toujours été reconnu comme RÉGENT (Référence – Décision no. 31/zone B./355/75 du 19 juillet 1975).

Toujours dans l’article susmentionné, il est écrit que le pouvoir fut remis à la famille régnante des Bena Kabasele et Monsieur Tshitebua Mubiayi devient chef régent du groupement de Bena Mande de 1937 à 1976, soit près de 40 ans.

Il est certes vrai que Le Chef BULUNGU MANDE a régné de 1927 jusqu’en 1937 quand il fut arrêté et relégué. La régence fut effectuée par TSHITEBUA à partir de 1937 jusqu’en 1974 en attendant que les enfants de Mbulungu Mande qui étaient jeunes atteignent l’âge de maturité pour récupérer le pouvoir de leur père. C’est en 1975 que Monsieur NDOMBI BULUNGU MANDE fût reconnu par la décision sous régional N° 31/COME/ b./355/75 du 19/07/1975 comme Chef de groupement de Bena Mande en remplacement du Régent MUBIAYI TSHITEBUA. Le Chef Jeannot Kabenabasue Ndombi Mbulungu et sa famille défient Monsieur Kabuya Martin à donner des preuves matérielles de tout ce qu’il allègue au lieu de faire divagation et de créer la confusion dans cette histoire.

Nous poursuivons avec les faits étalés dans le fameux article. Tous les documents que le gouverneur mentionne (de 1938, 1940, 1945, 1970, 1971, 1972, et de 1973) sont des documents établis lorsque Pierre Mubiayi Tshitebua était RÉGENT chef de Bena Mande. Il n’y a à travers tout ceci aucun arrêté d’une quelconque administration le reconnaissant comme chef légitime.

Nous arrivons maintenant à l’arrêté du ministre National de l’intérieur, mentionné par Kabuya comme ayant été signé pour la reconnaissance de Tshitebua comme chef coutumier de Bena Mande (arrêté n°83-0213 du 17 Juin 1983). Monsieur le Gouverneur ne réalise toujours pas que le monde le regarde en témoin, témoin de sa tricherie. Où est sa maîtrise des dossiers administratifs? La brutalité et le manque de patience sont toujours au rendez-vous chez lui. Notons cependant que cet arrêté cité dans l’article est une reconnaissance fait au nom de NDOMBI BULUNGU comme chef de groupement de Bena Mande. C’est ce même numéro d’arrêté que l’administration provincial de Monsieur Kabuya a utilisé pour donner une lettre de fonctionnement à Cléophas Mubiayi au cours de cette année 2020. Saine gestion ou usage de faux?

Au sujet de Monsieur Edmond Kanonyi aussi cité dans ce même article du 3 juin dernier comme étant le gendre du feu Chef Ndombi Mbulungu Mande et qui avait triché pour favoriser ce dernier, nous avons fait des recherches au

Ministère de l’Intérieur et on nous y renseigne que « le Directeur Edmond Kanonyi n’était plus en fonction en 1995 parce qu’il avait déjà pris sa retraite et même décédé à cette époque. Nos bureaux publics sont tous ouverts à tous et n’importe qui pourrait y aller pour se renseigner sur les sujets de son intérêt ». Faites cette vérification.

L’article souligne aussi le travail de feu Augustin Kamwitu Lubadi et d’un rapport qu’il aurait établi le 25 juillet 2000 ainsi que d’une confrontation organisée par le Maire honoraire de la ville de Kananga Jean Marcel Ndumbi Tshingombe entre Mubiayi et Ndombi en présence des notables, et ce, le 20 décembre 2000.

Le 3 juin dernier, piqué au vif par les déclarations mensongères sur la commission de justice de 2000 ainsi que la confrontation qu’il aurait prétendument organisée entre Mubiayi Tshitebua, Ndombi Mbulungu Mande et quelques notables, le Maire honoraire de Kananga, Monsieur Jean Marcel Ndumbi Tshingombe a réagi avec indignation. Il a écrit au site Le grand journal cd.net pour demander le droit de réponse et, à cette même occasion, il a discuté avec la famille Ndombi Mbulungu pour démentir les faits allégués par le journal qui lui accorde l’organisation de la confrontation. En passant, il faut retenir que le Maire honoraire de Kananga, ne vivait plus à Kananga à la date mentionnée dans l’article. Il ne reconnait d’ailleurs pas avoir travaillé avec Monsieur Kamuitu, paix à son âme, comme bourgmestre de Katoka et cité dans cet article. C’est malhonnête de vouloir mettre tout sur le dos d’Edmond Kanonyi et de Kamuitu, tous deux déjà décédées, ou de Jean Marcel Ndumbi, parce que M. Kabuya sait pertinemment bien que ces personnes ne seront pas là pour se défendre.

À propos de la lettre du 12 avril 2004 (dans le texte c’est 2024!) de M. Claudel André Lubaya (alors Gouverneur du Kasaï occidental), lettre adressée au Ministre National de l’intérieur et des affaires coutumières, personne ne révèle le contenu de la réponse du ministère. Vous avez omis de mentionner qu’à cette lettre, il y avait une réponse, Monsieur Martin Kabuya Mulamba.

En effet, en réponse à cette correspondance, le Professeur Théophile BEMBA, Ministre en charge à cette époque avait mis fin à cette aventure de ce faux rapport que lui transmettait le gouverneur d’antan. Monsieur Bemba, dans sa lettre N° 253/000/136/504/2003, il a pris soin de rappeler au gouverneur du Kasaï Occidental de ne pas céder aux ambitions des fauteurs des troubles.

En 1995, lorsque Monsieur Ndombi Bulungu Mande est allé devant les tribunaux dans l’affaire du pouvoir coutumier qui l’opposait à Mubiayi Tshitebua, le premier rapport d’enquête a reconnu le chef Ndombi Mbulungu Mande comme le chef légitime du groupement de Bena Mande par l’arrêté ministériel N°95/0871 du 15 Août 1995 mentionné déjà ci-haut. Ce rapport est signé par M. Gaston Kalala Ntabala, travaillant encore jusqu’à ce jour comme Chef de division des affaires coutumières du Kasaï-Central.

Ce même chef de Division (Gaston Kalala), sur instruction du gouverneur Kabuya, et ce, au cours de cette année 2020, change de version et dit que c’est MUBIAYI TSHITEBUA qui est le véritable chef de groupement. À cet effet, il lui attribue l’arrêté N° 83-0213 du 17 juin 1983, établi au nom du feu Chef Ndombi Mbulungu Mande, tel que mentionné ci-haut. Ne s’agit-il pas là de toute évidence d’un faux en écriture?

Monsieur TSHITEBUA, parce qu’il était RÉGENT, n’avait jamais eu un arrêté établi en son nom. On ne peut pas nommer un chef sur base des procès- verbaux ni d’autres documents que par une lettre officielle ou un arrêté ministériel en bonne et due forme.

Monsieur Kabuya, comment pouvez-vous unir le peuple du Kasaï-central avec le tempérament qui vous est reconnu : insulte facile, violence, brutalité, abus sur les autres, etc. Dans votre correspondance du 3 juin adressée à la représentante de la MONUSCO en RDC, vous insultez Madame Kanku de « religieuse défroquée des sœurs de CIMK et accusant des troubles mentaux ». On ne convainc pas l’écume à la bouche, dit-on. Produisez les preuves tangibles au lieu de falsifier les documents officiels. C’est malhonnête de votre part.

Nous demandons au pouvoir central de bien vouloir trouver une solution pacifique dans ce dossier et d’arrêter les ardeurs de Monsieur Kabuya. En tshiluba on dit : « Babende kabafu, mba balume ne bakaji. » Que les filles et fils de Bena-Mande retrouvent leur vie harmonieuse d’avant votre nomination comme Gouverneur du Kasaï-Central. Que le sang du Chef Jeannot Kabenabasue et son jeune-frère soit le dernier à couler. Nous n’avons jamais été violents. Que s’arrête cette politique coloniale de diviser pour mieux régner. Nos ancêtres en ont payé le prix cher sous l’administration coloniale.

Sé/Augustin Kadabang

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