Freddy Mulumba Kabuayi cherche les penseurs et les intellectuels congolais

Freddy Mulumba Kabuayi est connu dans les milieux journalistiques congolais. Il a travaillé pendant longtemps au journal Le Potentiel. Il le dit dans cette vidéo :Balkanisation : Freddy Mulumba alerte « la menace se précise » . Il est actuellement le numéro 2 de la RTNC.

Dans cette même vidéo, il analyse en profondeur la problématique de la balkanisation et de l’implosion du Congo-Kinshasa. En fait, il en connaît les auteurs et les acteurs. Il en a rencontré et il a bénéficié de certaines confidences. En plus, cet amoureux des livres s’est très bien documenté sur cette problématique. Quels livres a-t-il dans sa bibliothèque ? A-t-il ceux de ses compatriotes ? De bonnes questions sur lesquels je reviendrai.

Néanmoins, à un certain niveau du développement de sa réflexion, il semble un peu confus. Il n’explicite pas le rôle de  »chevaux de Troie » qu’il cite dans la mise en pratique du projet de balkanisation et d’implosion du pays. Il donne l’impression de les excuser en soutenant que ce n’est pas aux politiques de produire la pensée. A ses yeux, cela est une tâche réservée aux intellectuels. Et à son avis, il n’y a presque pas de pensée congolaise. Ceux qui se font passer comme  »penseurs » au Congo-Kinshasa ne font que commenter la pensée des autres.

Pourtant, s’il avait pris le temps de lire effectivement certains penseurs congolais -qui existent effectivement-, il aurait évité de confondre les marionnettes instrumentalisées dans la production de l’Etat raté au cœur de l’Afrique et les véritables leaders dont le pays de Lumumba a besoin pour échapper à sa balkanisation et à son implosion.

Aussi, Freddy Mulumba cite-t-il un livre dont il est coauteur sans avouer que les autres coauteurs sont, pour la plupart, des penseurs congolais ayant à leur actif plusieurs publications.

Le livre dont il est question est un collectif intitulé  »La République Démocratique du Congo face au complot de balkanisation et d’implosion » (2013).

Supposons que Freddy Mulumba Kabuayi ait lu cet autre livre collectif  »Les congolais rejettent le régime de Kabila », il aurait peut-être rectifié son approche des intellectuels et des penseurs congolais et celle de  »Chevaux de Troie ». Et encore une fois, il se serait rendu compte que plusieurs coauteurs de ce livre sont des intellectuels et des penseurs congolais ayant à leurs actifs plusieurs publications. Que ces publications ne soient pas connues par un certain public congolais et une certaine jeunesse congolaise, cela ne signifie pas qu’elles n’existent pas.

A mon avis, le Congo-Kinshasa n’a jamais été aussi pensé par ses filles et ses fils qu’il ne l’a été ces trois dernières décennies. Et les livres existent.

Lui-même, Freddy Mulumba Kabuayi a écrit. Il a réalisé des interviewes avec des penseurs congolais. Un exemple : KA MANA, La R.D. Congo est à inventer. Entretien avec Freddy Mulumba Kabuayi (2008).

Aussi, tous nos intellectuels et penseurs ne sont-ils pas les commentateurs de la pensée des autres.

Je cite quelques exemples :

J. MUSUBAO KARUHAYI, Le martyre de Thérèse Kapangala en RDC. Du terrorisme d’Etat au déni de la justice (2019)

KASSA-KASSA BOKOMBA, Réformes, révolution et indépendance pour un Congo meilleur (2010)

C. DJUNGU-SIMBA K, Nuages sur Bukavu. Carnet d’un détour au pays natal (2007)

A. MAVINGA TSAFUNENGA, Narcotiques et illusion (2010)

J.-P. BADIDIKE (éd.) Guerres et droits de l’homme en République Démocratique du Congo. Regards du groupe Justice et Libération, (2009)

J’y reviendrai.

Critiquant le commentaire que ses compatriotes font de la pensée des autres, il recourt quand même à cette  »pensée des autres » en évoquant un livre (que tout congolais patriote devrait lire) intitulé  »Les réseaux soros à la conquête de l’Afrique. Les réseaux d’influence à la conquête du monde » coécrit par Stéphanie Erbs, Vincent Barbe et Olivier Laurent. Ce faisant, Freddy Mulumba Kabuayi atteste qu’il y a des  »pensées des autres » qui posent des questions mondiales et congolaises. Pourquoi, ces pensées ne devraient-elles pas être commentées ? Cela d’autant plus que les exemples des livres susmentionnés prouvent à suffisance que les Congolais sont capables de produire une pensée originale. (A suivre)

Babanya Kabudi

Génération Lumumba 1961

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