Une fausse bonne idée : garantir les intérêts  »des partenaires » !

Un certain nombre de compatriotes estime que garantir les intérêts  »des partenaires » du Congo-Kinshasa peut assurer la paix, la justice, la sécurité et le bonheur collectif partagé au cœur de l’Afrique. Cette idée est apparemment géniale. Il est possible que dans un échange  »gagnant-gagnant », le Congo-Kinshasa sorte du gouffre sans fond où il est plongé.

Que faire si ces  »partenaires » ont une haute idée d’eux-mêmes et se considèrent comme étant  »exceptionnels » ? Encore faudrait-il connaître leurs intérêts et avoir le temps d’échanger avec eux là-dessus. Pourquoi ? Souvent, nous, en tant que Congolais, nous ignorons tout ou presque tout de  »ces intérêts » et de ce qu’ils impliquent. Nous avons, majoritairement, renoncé à l’étude en profondeur et continue de certaines questions liées à nos intérêts et à ceux des autres. Nous avons, majoritairement, cru en  »la philosophie de chance ezali eloko pamba ». Aussi l’accès au livre (au bon livre) et à la documentation est-il devenu difficile et compliqué pour plusieurs d’entre nous.

Un exemple. Pour certains  »partenaires », dominer seuls le monde et le maintenir dans l’unipolarité est  »un intérêt » qu’ils ne discutent pas. Esclavagiser les têtes, les cœurs (par les médias dominants interposés et la mort de l’école) et s’emparer des terres des autres répond à cet intérêt qu’ils veulent indiscutable. Dans ce contexte, s’emparer des terres signifie contrôler les matières premières stratégiques et les énergies, chasser les autochtones, les déstabiliser, les déstructurer, les désorienter, les dépayser, briser leurs identités et en faire des  »non personnes ». Cela signifie aussi rejeter toute idée de  »Etats souverains », ne considérer le monde que comme une marchandise dont ils peuvent disposer à leur gré et être les seuls maîtres à disposer de ce marché. C’est-à-dire tout faire pour en éloigner les concurrents jugés dangereux ou chercher à la détruire par une guerre économique et juridique.

Pour ces partenaires, le droit national et international n’ont aucune importance. Ce sont eux qui font  »les lois », qui édictent  »les normes » que le monde à unipolariser doit suivre.

Garantir leurs intérêts signifie accepter l’esclavage, le monde unipolaire marchandisé, la désorientation existentielle, le décervelage, la perte de toute identité et de toute souveraineté.

Comment avec ces  »partenaires » jouer au  »win-win » ? Aidez-moi, s’il vous plaît ! Car à mes yeux, croire qu’il suffit de protéger les intérêts des  »partenaires » pour que le Congo-Kinshasa connaisse la paix des cœurs et des esprits, la prospérité et le bonheur collectif partagé est une fausse bonne idée. Cela dépend des  »partenaires » et de ce que nous savons, historiquement, de  »leurs intérêts », de notre capacité à en discuter avec eux et des chances que nous avons de leur imposer les nôtres.

Or, avec  »certains partenaires » et pas les moindres -dans notre imaginaire-, cette discussion est exclue. Donc, il se pourrait que nous nous trompions lourdement.

Sans renversement des rapports de force entre  »partenaires » ou unification autonome et souveraine des  »humiliés d’hier », il n’y a pas de  »win-win ». La Chine, la Russie, l’Iran et les autres pays de l’Eurasie nous l’apprennent tous les jours. Nous avons les yeux et refusons de voir.

Nous croyons que nommer les autres  »partenaires » suffit pour qu’ils pensent la même chose que nous. D’où nous vient cette naïveté ?

Nous allons même jusqu’à signer des accords esclavagistes avec une armée chargée d’anéantir l’Afrique. Muntu udi udilowa…Nous l’avons fait au mois d’août, au moment où dans la diaspora et dans certaines villes au Congo-Kinshasa, des compatriotes célébrer la mémoire de leurs frères et sœurs, victimes du génocide. Qui l’aurait cru ? Et demain, nous dirons que nous ne savions pas…

Babanya Kabudi

Génération Lumumba 1961

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