Minembwe, l’histoire et l’autre. Résister, c’est possible

Le débat tournant autour de Minembwe pose plusieurs questions à la fois. Il révèle que la guerre de prédation et de basse intensité menée contre le Congo-Kinshasa est toujours en cours. Et que cette guerre vise d’abord et avant tout la conquête des terres congolaises. De grandes portions de ces terres sont déjà prises par les membres du  »réseau d’élite de prédation » participant à cette guerre depuis ses débuts. Ceux-ci sont à la fois des entreprises trans et multinationales et des individus identifiables.

Le débat autour de Minembwe enseigne à plusieurs d’entre nous que cette guerre est prioritairement un vol, un racket des terres. Elle peut provoquer chez les héritiers et/ou propriétaires de ces terres une résistance et/ou une soumission aux racketteurs. (La conversion des résistants en soumis ou celle des soumis en résistants est une possibilité à ne pas toujours exclure. Le débat peut éveiller des intelligences endormies tout comme une  »conscience morale viciée » peut entraîner la soumission par cupidité et avarice.)

Pour que ce racket ait lieu sur le temps, il a besoin d’une couverture  »politique ». D’une  »politique » transformée en une mafia par  »le réseau de prédation » et ses clients.

Au cœur de cette  »politicaille », les institutions du pays infiltrées et affaiblies produisent un spectacle odieux. Vides de contenu, elles produisent un discours stérile sans aucune incidence sur les faits, sur la vie courante des citoyens. Ces institutions impuissantées et nihilistes survivent grâce à la déstructuration culturelle dont s’accompagne le racket des terres. Elles survivent grâce à l’appauvrissement anthropologique utilisée comme stratégie d’assujettissement. Elles survivent grâce aux thuriféraires, aux applaudisseurs et autres fanatiques du  »réseau (négrier) d’élite de prédation » dont les membres habillés souvent en costumes et cravates cachent mal leur manque de pouvoir sur la vie réelle des populations entières.

Ce  »réseau (négrier) d’élite de prédation » détourne souvent les masses populaires des questions réellement politiques – comme celle de la protection des terres, de la faune et de la flore- en suscitant des débats inutiles autour de ses membres pour les mettre en valeur. Donc, le débat sur Minembwe nous enseigne que la question de la terre et sa sage et intelligente gestion est politiquement fondamentale. Il a permis aux nôtres ayant de la répulsion pour l’histoire de chercher à l’étudier. Plusieurs sont allés fouiner dans les archives pour savoir quand le Congo actuel a été créé et quels étaient ses populations originaires. Certains, sur les plateaux de télévision, en sont venus à citer les noms de leurs professeurs d’histoire comme Léon de Saint Moulin.

Le débat sur Minembwe nous a poussés à revoir nos cours de géographie, d’ ethnologie et d’anthropologie. Et ces questions ont été posées :  » Quelles sont les tribus et les ethnies ayant habité le Congo-Kinshasa depuis la tracée de ses frontières ? A partir de quoi étaient-elles nommées ? A partir des noms des ancêtres fondateurs, des arbres ou des montagnes ? »

Le débat sur Minembwe nous a dit, en filigrane, que les études sont indispensables aux filles et aux fils du Congo-Kinshasa. Celles et ceux d’hier tout comme celles et ceux d’aujourd’hui et de demain.

Que la promotion des médiocres aux postes de responsabilité au Congo-Kinshasa participe du racket susmentionné. Qu’au cours d’une guerre contre l’intelligence, les racketteurs ont préféré utiliser les profils décervelés ou décervelables à même de tuer de sang froid, de débaucher les diplômés des universités ou d’en faire de bons clients au service de la bêtise.

Le débat sur Minembwe a forcé plusieurs compatriotes à dire la part de certains membres du  »réseau (négrier) d’élite de prédation » dans la descente aux enfers du pays de Lumumba, sans peur.

Il a fait que la création de cette partie de notre territoire comme  »commune rurale » soit momentanément suspendue. Jusqu’à quand ?

Répondre à cette question demande que nous puisions savoir ou nous rappeler d’abord contre qui le Congo-Kinshasa est réellement en guerre. Ce pays n’est pas en guerre uniquement contre  »les commissionnaires » se cachant derrière la fausse demande des terres pour  »les Banyamulenge » ; mais contre  »les véritables Banyamulenge-à-peine-visibles ».

Dernièrement, comme  »par hasard », ils ont accompagné  »une caravane de la paix » à l’Est de notre pays. Ce sont eux. Ils ont orchestré cette guerre depuis ses débuts. Ils la conduisent jusqu’à ce jour. Ils ont appris aux  »paralytiques » et aux autres  »commissionnaires » dont ils se servent comme  »nègres de service » à utiliser  »la stratégie du chaos et de l’intoxication ». Le chaos orchestré leur permet de rester les seuls maîtres à bord. La stratégie d’intoxication leur permet de semer la zizanie parmi les populations congolaises, à les opposer les unes aux autres. Ils l’utilisent en application de  »la politique du diviser pour régner » tout en restant tapis dans les coulisses.

Leurs médias mainstream vont nous mentir en soutenant qu’ils sont chez nous pour combattre la montée économique de la Chine. Non. C’est un mensonge. S’ils sont en guerre contre la Chine, pourquoi ne vont-ils pas tuer les Chinois chez eux ? Pourquoi doivent-ils tuer les Congolais et s’accaparer de leurs terres qui ne sont pas chinoises ? Non. Ils ont fabriqué des théories racialistes nous classifiant dans la catégorie des populations inutiles faisant la honte de l’humanité. Leur soif matérialiste, leur cupidité sont assouvies là où ils font triompher le racisme et le militarisme.

A ce point nommé, apprendre à connaître l’autre et son rejet séculaire de l’altérité nègre est indispensable. Comment opère-t-il ?

Les Russes qui le connaissant mieux nous enseignent des leçons merveilleuses. Les Anglo-saxons -parce que c’est d’eux qu’il s’agit- sont comme des pitbulls. Nos politicards ne semblent pas le savoir ou s’amusent à jouer avec le feu. Les Russes nous apprennent ceci :  »Cela ne fait pas partie des traditions des Anglo-Saxons de lâcher prise après avoir planté leurs crocs dans une proie comme un pitbull. Ils feront pression à fond jusqu’à ce qu’ils aient imposé leur projet ou jusqu’à ce que l’adversaire leur brise les reins. » (La Russie, l’Iran et la Syrie ont essayé de leur briser les reins…)

Ils ont, depuis les années 1990, planté leurs crocs dans une proie, le Congo-Kinshasa. Ils y ont produit, avec l’aide de leurs  »nègres de service », un Etat-raté-manqué et un déstructuration culturelle qui ne dit pas son nom. Mais, ils ne semblent pas avoir dit leur dernier mot. Ils continuent à faire pression à fond pour briser les reins à  »la résistance congolaise ».

Déjouer leur stratégie du chaos orchestré et celle de l’intoxication signifierait lancer aux dignes filles et fils du Congo-Kinshasa cet appel :  »Unissons-nous pour être plus forts ». Nous l’avons fait pour Minembwe et nous avons fait bouger les lignes. Nous le faisons pour le Rapport Mapping et ça marche un tout petit peu. (Nous apprenons ensemble et nous partageons nos acquis.)

Unissons-nous et structurons notre  »résistance » en tenant compte des rapports de force qui nous sont (encore) défavorables. Les temps sont très orageux…Sans des connaissances accumulées, partagées et entretenues, sans la connaissance de l’autre, nous risquons de nous unir à contre-courant de notre lutte collective. Et notre union, au lieu d’être notre force fera notre faiblesse. N’oublions pas les leçons apprises à partir du débat sur Minembwe.

Des querelles stériles liées au culte de la personnalité des  »nègres de service » toutes tendances confondues peuvent nous distraire et nous diviser bêtement. D’ailleurs ceux-ci devraient eux aussi apprendre que  »Rome ne paie pas ses traîtres ». C’est encore un Russe qui nous enseigne ceci :  »L’Occident, en particulier les Anglo-Saxons, ne garantissent jamais rien à personne et encore moins à quelqu’un qui a trahi son pays et son peuple. Les anciens aimaient à dire : « Roma traditoribus non premia » (Rome ne paie pas les traîtres). A vrai dire, il les payaient bien, mais seulement jusqu’à un certain moment. Ensuite, on prend des chemins différents. » Certains, s’ils ne se ravisent pas à temps, pourront, dans un avenir assez proche, regretter d’avoir cru qu’ils étaient des exceptions à la règle.

Babanya Kabudi

Génération Lumumba 1961

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