Des compatriotes refusent de se former et de s’informer au nom de Dieu. Que peut bien faire l’évocation de Dieu au cours d’un débat démocratique ?

 »Il y en a qui n’ont pas la foi » (St Paul)

Je ne nie pas que le Kongo-Kinshasa est un pays immensément chrétien. Néanmoins, je me pose cette question :  »Est-ce une raison suffisante pour ne pas lire et s’informer sur ce qui se passe dans notre pays ? » Je réponds :  »Non ». Pourquoi ? Pour une raison tout à fait simple. Il existe aujourd’hui une très grande et bonne documentation sur tout ce qui se passe dans ce pays depuis la nuit des temps. Je suis convaincu que ce Dieu qui nous a donné l’intelligence, pour ceux qui croient en lui, ne nous interdit d’étudier, de nous former et de nous informer sur ce qui se passe dans notre pays.

Si nous acceptons que sa Parole dispensée par celui que nous reconnaissons et confessons comme son Fils est Lumière qui éclaire et oriente, nous devrions nous laisser illuminer par elle dans sa globalité et acquérir suffisamment de lucidité et de discernement pour assumer nos responsabilités citoyennes.

Cela étant, nous ne devrions pas oublier, nous les chrétiens, que tout le monde ne croit pas en Dieu ou plutôt en notre Dieu. Et au cours d’un débat citoyen, il ne servirait à rien de dire aux compatriotes n’ayant pas les mêmes convictions religieuses que nous que tout ce qui se passe dans notre pays relève du projet de notre Dieu à nous. Cela d’autant plus que le Kongo-Kinshasa est un Etat (failli) laïc et non une théocratie.

De plus en plus des compatriotes  »journaliste youtubeurs » entretiennent ce malentendu. Croyant que Dieu peut écrire droit avec des lignes courbes, ils veulent que tout le monde croit en leurs convictions, sans débat. Grand Dieu ! Et pour eux, tout débat remettant cette approche en question relève de la jalousie, de la haine et de l’aigreur. Cerise sur le gâteau, ils affirment, la main sur le cœur, qu’ils le font au nom de la démocratie. Bon sang !

 »Le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple », la démocratie, ne peut pas se réduire à la reproduction des convictions chrétiennes ou religieuses d’une portion de ce peuple. En démocratie (réelle), la participation citoyenne active au débat, à la délibération et aux décisions collectifs est supposée requise. Les avis des minorités doivent pouvoir être prises en compte. De même que l’absence du consensus dans la mesure où le désaccord, même provisoire, est fondateur d’autres débats à venir au nom de la production des communs favorisant la cohésion nationale.

Aussi est-il toujours important de fixer, au cours des débats ce qui est mis derrière le mot  »Dieu ».

Ici, l’idolâtrie de l’argent, du pouvoir et du plaisir peut être un réel piège.

Il me semble que dès que l’on oublie que le discours religieux est un discours performatif dont l’évaluation est faite à partir de ce qu’il produit comme effets, comme fruits, on peut passer à côté de la plaque et prendre des vessies pour des lanternes.

De part ma formation continue de pasteur et de philosophe, je me pose de plus en plus cette question :  »Que dis-je quand je dis Dieu ?  » Et cette autre :  »Pourquoi ? » De plus en plus, je me méfie d’un usage léger du mot  »Dieu » et je crains de parler de surplomb, du point de vue de Dieu (sans ce qu’en disent les Ecritures).

Je voudrais qu’il en soit ainsi pour plusieurs d’entre nous. Bon ! Je dis ça et je ne dis rien et reste ouvert au débat…

Babanya Kabudi

Génération Lumumba 1961

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