Le philosophe Kalala et les vecteurs de la  »ndombolisation des cerveaux » au Kongo-Kinshasa

« Gramsci, à propos de l’hégémonie culturelle, disait que si vous occupez la tête des personnes, leurs

cœurs et leurs mains suivront. » R. PETRELLA

Jean Goubald Kalala est inquiet. Il a même envie de pleurer. Il pose des questions d’un observateur averti de la vie quotidienne de ses compatriotes. Il dit : « Le Kongolais ne lit pas. Le Kongolais hante quelle pensée ? Quelle pensée hante le Kongolais ? Quelle est la musique qui forge le Kongolais ? »

En écoutant attentivement ses échanges avec les journalistes youtubeurs kongolais, une chose saute aux yeux : il critique sévèrement la musique de son pays, le théâtre télévisé et le vide du contenu que ses compères artistes musiciens donnent à leurs œuvres. A ses yeux, le talent sans un grand travail de l’intelligence ne vaut absolument rien. Donc, pour lui, la musique au contenu pauvre et le théâtre lobotomisant servis à ses compatriotes à longueur des journées dans un pays où le système éducatif est  »tué » sont des vecteurs de la  »ndombolisation des cerveaux », de l’abrutissement ou de  »l’imbécilisation collective ».

Le philosophe Kalala estime que les artistes musiciens,  »héritiers » de l’école coloniale, étaient mieux outillés que ses compères. Il cite même l’exemple de Kabasele Grand Kallé et le contenu de son disque (intitulé)  »Ebale Ya Congo ».

A ce point nommé, il serait possible de lui reposer la question de  »l’aventure ambiguë » liée à  »l’école de l’autre ».  »Ce que les nègres y ont appris vaut-il ce qu’ils ont oublié ? »

L’un de ses échanges répond à cette question lorsqu’il ne comprend pas  »la foudre » (nkuba, kansonda) et les  »mbasu » ne sont pas mis à profit dans la guerre opposant le Kongo-Kinshasa au  »petit pays de mille collines ». Pourquoi ce  »savoir ancestral » a-t-il disqualifié à  »l’école de l’autre » ?

Il y a plus. L’éthique ancestrale et ses interdits facilitant  »le bien vivre » ou  »le vivre en commun » sont de plus en plus foulés au pied par les  »héritiers de cette école ». L’interdit d’homicide, l’interdit du mensonge (et du vol) et l’interdit de l’inceste sont constamment violés !

 »L’ambiguïté de cette aventure » écolière devrait pousser  »les bana » dont il parle à penser à la refondation de l’école. Il en va de même des églises qu’il pourrait fermer s’il était un jour Président de la République. A ses yeux, elles sont  »l’opium du peuple ».

Elles aussi auraient un peu plus besoin d’être refondées que d’être purement et simplement fermées. La liberté de culte oblige !

D’ailleurs, la relecture qu’il fait des textes bibliques attestent que les églises peuvent être les véhicules d’une certaine sagesse et d’une certaine spiritualité.

Exiger par exemple que tous les pasteurs de toutes les églises aient, au minimum, étudié pendant au moins trois ans l’herméneutique, l’exégèse, les langues bibliques, la philosophie du langage, la philosophie analytique, la critique littéraire, etc. serait un bon début.

Cela étant, la refondation de l’école et de l’église tout comme  »la remise des cerveaux à l’endroit » passent par le contrôle de la narration dominante au cœur de la société kongolaise.

A entendre le philosophe Kalala, la narration dominante vend  »la chair » et non  »le cœur » et  »l’intelligence ».

En fait, ses compères artistes musiciens, à travers plusieurs de leur clips, ne font que cela. Ils vendant la narration matérialiste dominante de la réussite. Ils font défiler belles filles, champagnes, grosses bagnoles, belles villas, avions, les belles villes occidentales, etc.

Cette narration matérialiste dominante corrompt  »les cœurs »,  »les esprits » et  »les têtes ». Elle prépare les têtes lobotomisées à vendre leur âme. Il y a là des terrains où un travail spirituel et culturel sérieux doit pouvoir être abattu. L’un de nos articles y est consacré (

Et aussi un travail de contrôle étatique et souverain. Mais comment contrôler cette narration hégémonique dominante dans un pays pris dans le piège de  »la mendicité collective », où  »les autorités (im)morales » sont aux ordres du capital et à ceux de ses fondés de pouvoir dénommés  »décideurs » ?

Kalala répond : en confiant ce pays aux penseurs et aux autres  »culturels »! Comment faire ? En se fiant aux  »élections-pièges-à-cons » organisées par ces mêmes  »autorités » dans  »une néocolonie » ? Ces  »élections » au cours desquelles il avoue être victime du vol de sa  »députation » ?

En écoutant ses derniers échanges, je n’ai pas pu avoir des réponses suffisamment claires à ces questions. Néanmoins, je sais qu’il est, avec Serge Gontcho, membre d’un mouvement citoyen (en marche) dénommé Conscience Nationale en Action (CNA). Il est possible que ce mouvement apporte sa pierre à cette recherche de réponses.

Cela étant, sa préoccupation au sujet de la perte de l’âme humaine et kongolaise au cœur de l’Afrique, de  »la mendicité collective », de la non-exploitation des capacités de créativité, d’imagination et d’inventivité par des compatriotes priant en disant que  »Nzambe akosala » devrait être partagée par  »les bana », ces  »minorités éveillées », patriotes et souverainistes, luttant pour l’avènement d’un Kongo-Kinshasa plus beau qu’avant. Oui,  »les bana » sont là. Ils existent et n’ont pas renoncé à la lutte.

(Les récentes vidéos que je je viens de relire sont là : Questions Publiques du 07 Mars 2021, Jean GOUBALD se déchaîne face à Peter TIANI – YouTube ;

JEAN GOUBALD CRACHE DU FEU SUR LE VACCIN CONTRE LA COVID 19 ET TOUS LES POLITICIENS. – YouTube )

 
 
 

Babanya Kabudi

Génération Lumumba 1961

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