Néocolonialistion et cohésion sociale. Le cas du Kongo-Kinshasa

« Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse. »

Une néocolonie vit de l’illusion d’une indépendance politique sans un début d’une indépendance économique . En principe, elle est vampirisée par les trans et les multinationales par le biais de leurs sous-traitants . Ses matières premières brutes sont exportées sans aucune plus-value. Leurs prix sont fixés par  »le marché » géré par  »les décideurs ». Elles sont vendues en devises étrangères et/ou en des monnaies que contrôlent les huissiers du capital que sont la Banque (dite) mondiale et le Fonds monétaire (dit) international. Ce contrôle fragilise davantage la néocolonie. Elle peut fabriquer des lois, émettre des principes de bonnes intentions sans que cela ait une quelconque incidence positive sur la vie réelle de ses populations. Pourquoi ? Pour une raison très simple. Celui qui contrôle la monnaie utilisée dans un pays se moque de qui y fait les lois.

Le contrôle du cordon de la bourse obéit aux mécanismes de soumission, d’assujettissement et d’abâtardissement. Les conditionnalités imposées à la néocolonie par les huissiers du capital ont cela comme objectifs.

La diminution drastique du nombre de fonctionnaires du pays, la non-création des emplois, la privatisation des services publics, la déréglementation du marché et sa libéralisation, etc. font partie de ces mécanismes.

Une néocolonie vivant dans l’illusion d’une indépendance politique sans une indépendance économique réelle tourne le dos à la promotion de l’agriculture et des routes de desserte agricole. Ses gouvernants fantoches en parlent. Ils avouent même qu’elle est la priorité des priorités. Mais ils ne la promeuvent pas. Ils vendent les terres arables et les forêts aux plus offrants. Pourquoi ? Pour une raison (encore) simple. Ils sont au service de ceux qui ont fait de la faim une arme de destruction massive. Mammonistes devant l’ Eternel, ils participent à la vampirisation de leurs propres populations.

Sans industrie manufacturière, sans transformation des matières premières sur place, sans services publics dignes de ce nom, sans une banque nationale souveraine pouvant créer sa monnaie et la prêter aux investisseurs indigènes pour promouvoir l’avènement d’une petite bourgeoisie patriote et nationale, sans de petites et moyennes entreprises agricoles, etc , il n’ y a pas de base matérielle pouvant porter la cohésion sociale. Cela d’autant plus que le produit de la vente des matières premières, des terres arables et des forêts ainsi que celui d’autres services du pays va dans les poches des particuliers sans qu’un minimum de justice sociale s’en suive. Comment créer la cohésion sociale sans justice sociale, sans une redistribution équitable du peu que le pays produit ? Comment en appeler à la cohésion sociale dans un pays rongé par la corruption et la promotion des  »frappeurs » ?

Au moment où un monde polycentré est en train de naître, les pays qui essaient de tirer leur épingle du jeu sont ceux qui ont pris, tant bien que mal, une option résolue pour le socialisme géré par des Etats planificateurs et souverains. Ils coopèrent avec le secteur privé afin qu’ensemble, ils puissent être au service de leurs peuples et non du capital privé. Leur souveraineté monétaire leur facilite l’octroi des crédits à leur marché intérieur. Entre ces pays, des mécanismes d’interdépendance et des espace de sécurité partagée sont créés.

Ils ont même compris qu’ils doivent beaucoup investir dans les technologiques numériques et créer des  »murailles » pouvant garantir leur indépendance vis-à-vis du système dominant. Ils investissement sérieusement dans les services publics et veillent à la justice sociale et redistributive pour éviter que la trop grande disparité de revenus ne puisse alimenter la guerre de tous contre tous voulue et entretenue par les agents du chaos  »constructeur » du monde occidentalo-centré.

Le Kongo-Kinshasa connaissant une grande immigration intérieure devrait avoir, de plus en plus, des filles et des fils débattant sur l’option prise par ces pays essayant, tant bien que mal, de rompre avec le néocolonialisme, l’ultralibéralisme totalitaire et fascisant.

Il devrait aussi avoir des filles et des fils bâtisseurs de leurs cités et villages. Ces ascètes du provisoire qui, aujourd’hui déjà, pensant au renversement de la pyramide hiérarchique, travaillent main dans la main avec les populations de nos cités et de nos villages à l’avènement conscient d’un peuple souverain et démiurge de sa destinée. Il n’y a pas de véritable cohésion sociale sans une véritable souveraineté et une prise en charge du peuple souverain par lui-même.

L’imprévu est un allié avec lequel il faut tout le temps compter. Cela n’empêche que nous puissions voir un autre monde qui naît… (à suivre)

Babanya Kabudi

Génération Lumuùba 1961

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