Propos de Kagame au Bénin : « Ce qu’il ne dit pas, ce qu’il est la cause de l’insécurité à l’Est, créateur du RCD, CNDP, M23 » (Patrick Muyaya)

Alors que dans la partie Est de la République démocratique du Congo, le tandem M23-RDF soutenu par le Rwanda continue de perpétrer des massacres en dépit des différentes résolutions régionales, le Président rwandais, Paul Kagame, pour sa part, continue d’effectuer des sorties médiatiques qui ne cessent d’envenimer ses relations avec le pouvoir de Kinshasa ; des relations, qui déjà ne sont plus au beau fixe depuis quelques années.

Après avoir été reçu samedi au Palais de la Marina par Patrice Talon, le Président rwandais et son homologue béninois ont conjointement animé un point de presse, après la lecture du communiqué conjoint de deux États.

Dans son speech, le Président du Rwanda, Paul Kagame a ironiquement abordé la question de la situation sécuritaire et humanitaire dans la partie Est de la République démocratique du Congo. Pour lui, le mouvement terroriste du M23 est la résultante des plusieurs autres problèmes « qui n’ont pas été résolus depuis des décennies ».

Comme si cela ne suffisait pas, Paul Kagame a laissé entendre qu’il souhaite l’examen de la crise à l’époque où a en croire ses propos, « une partie des terres rwandaises a été prise notamment par la République démocratique du Congo ».

« En ce qui concerne le M23 et toutes les personnes liées au M23, les congolais qui ont bénéficié de l’héritage rwandais, les frontières qui ont été construites durant la période coloniale ont affecté et divisé nos peuples. Une partie du Rwanda qui a été donnée au Congo, le sud à l’Ouganda, etc. Nous avons une coopération qui existe déjà dans ces zones. Il y a déjà des liens qui existent entre les peuples. C’est évident. Vous pouvez remonter dans l’histoire […] Ce problème va au-delà de ma personne, au-delà de la personne du Président Tshisekedi. Toutes ces personnes qui étaient présentes en cette période ne sont plus là », a-t-il expliqué devant la presse à Cotonou.

Tout en prétextant que les autorités congolaises « ne veulent pas résoudre le problème », le Président rwandais a réclamé la solution au problème régional, qui d’après lui émane de la Conférence de Berlin tenue en 1885.

« Il faut trouver la solution à cette crise. Aujourd’hui, nous avons le processus de Nairobi et celui de Luanda qui ont mis tout en œuvre pour résoudre cette question, mais je pense qu’ils sont en train de chercher une solution […] C’est quand même ironique. Aujourd’hui, nous ne pouvons continuer à nous plaindre du problème éternellement alors que nous connaissons là où il y a le nœud », a-t-il conclu.

La réplique « musclée » de Kinshasa

La réponse du berger à la bergère, le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a tenu à recadrer le Président rwandais après ses propos contre l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo.

« Kagame transgresse l’histoire, ses propos constituent une nouvelle provocation. Ce qu’il ne dit pas ce qu’il est la cause de l’insécurité à l’Est, créateur du RCD, CNDP, M23 », a-t-il écrit dans un post Twitter dans l’après-midi de ce dimanche.

Le ministre de la Communication et médias congolais a vivement martelé sur la détermination du peuple congolais à ne céder une partie de leur territoire peu importe la situation.

« Ce qu’il ne doit jamais oublier ce que nous défendrons chaque centimètre de notre territoire », a ajouté Patrick Muyaya.

Pour rappel, les propos tenus par Paul Kagame au Bénin, ont été précédés de ceux de son ministre de l’Unité nationale et l’engagement civique, Jean Damascene Bizimana, qui en février dernier laissé déjà entendre qu’une partie du Rwanda avait été « cédée à la République démocratique du Congo » par les colons.

« En 1885 à la conférence de Berlin, le territoire rwandais s’étendait à Bufumbira, Ndorwa, Mpororo jusqu’au lac Albert et ont été donné à l’Ouganda. Ceux de Rutshuru, Bunyabungo, Masisi, Gishali, Tongo, Idjwi … donnés au Congo. Tels sont des faits historiques absolument incontestables », déclarait-il.

Monge Junior Diama

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