De l’irruption des masses congolaises en politique

« Le pire des analphabètes, c’est l’analphabète politique. Il n’écoute pas, ne parle pas, ne participe pas aux événements politiques. Il ne sait pas que le coût de la vie, le prix de haricots et du poisson, le prix de la farine, le loyer, le prix des souliers et des médicaments dépendent des décisions politiques. L’analphabète politique est si bête qu’il s’enorgueillit et gonfle la poitrine pour dire qu’il déteste la politique. Il ne sait pas, l’imbécile, que c’est son ignorance politique qui produit la prostituée, l’enfant de la rue, le voleur, le pire de tous les bandits et surtout le politicien malhonnête, menteur et corrompu, qui lèche les pieds des entreprises nationales et multinationales. »
                               Bertolt Brecht, poète et dramaturge allemand (1898/1956)
Mettre en perspective  notre histoire sur le temps long et les questions immédiates face auxquelles  le pays est confronté peut contribuer à faire certaines propositions d’issues convenables. D’où l’importance de certains rappels historiques.
Un rapide rappel historique (et les principes)
L’année 1885 a vu l’Afrique diviser en grandes zones d’influence occidentale. Cette division fut fondée sur une  théorie racialiste : les races supérieures doivent civiliser les races inférieures. Cette fameuse ‘’civilisation’’ s’est accompagnée d’actes ignobles de dépossession et de déni de l’humanité des peuples du Sud. Les terres, les forêts, les mers et les ressources du sol et du sous-sol ont été ravies à leurs propriétaires  ‘naturels’’  par des marchands véreux du Nord.  Le Congo-Kinshasa fut considéré par  plusieurs pays occidentaux  comme un réservoir de matières premières ; sans  plus. Ce statut n’a pas changé.  Les efforts déployés per  patriotes  (nationalistes)  en 1960  pour que  ce pays devienne un pays souverain furent réduits à néant.  L’indépendance nominale de 1960 ne fut pas une indépendance réelle.
Après l’indépendance fut égale à avant l’indépendance. Le coup d’Etat de Mobutu de 1965 va plonger le pays dans une dictature féroce. Pendant au moins 32 ans, ce pays, dirigé par Mobutu  fut la vache laitière des ‘’maîtres’’ du monde comme en témoignent Eric Toussaiant dans un petit livre intitulé ‘’Procès d’un homme exemplaire. Jacques de Groote, directeur exécutif du FMI et de la Banque mondiale pendant 20 ans’’.  Ce titre est révélateur du rôle joué par les IFI dans la descente du Congo-Kinshasa en enfer.
Les efforts déployés par les Congolais(es) vers les années 1990 à travers la Conférence Nationale Souveraine pour  redevenir souverains, c’est-à-dire capables de décider en connaissance de cause des orientations économiques, politiques, culturelles, sociales, etc. seront anéantis par ‘’le clan Mobutu’’ et ‘’la guerre dite de libération’’ menée contre le Congo-Kinshasa par les anglo-saxons  par leurs proxys rwandais, ougandais, burundais et congolais interposés. Cette guerre dite aussi de basse intensité obéit à certains principes dont l’évitement de toute collusion entre ‘’les vassaux-proxys’’ assujetis, la culture de la dépendance  comme garantie de leur sécurité,  l’empêchement de toute alliance offensive la garantie de sécurité donner à ces derniers. (cfr  N. CHOMSKY, La doctrine de bonnes intentions, Paris, Fayard, 2005, p. 61.)
Il faut avoir ces trois principes à l’esprit pour comprendre que  Mzee Kabila va essayer de créer des alliances militaires offensives  pour ramener la guerre d’où elle était venue, l’ONU est intervenue en 1999. La multiplication des partis politiques et des ONG est venue confirmer le principe cher aux ‘’maîtres du monde’’ : diviser pour régner. En sus, ces partis  et ONG sont coachés par les agences et instruments de sédition made in USA. Depuis lors, le Congo-Kinshasa est sous occupation et sous tutelle. Depuis lors, les rapports de force sont défavorables.  Comment, dès lors, renverser ces rapports de force  pour  que le Congo-Kinshasa devienne enfin un pays souverain ?
Identifier les acteurs et leur mode opératoire. Conjuguer connaissance et conscience
 
Qui sont les acteurs pléniers et les acteurs apparents ? A quels instruments et institutions recourent-ils pour  que le Congo-Kinshasa demeure à jamais un réservoir des matières premières stratégiques et que ses terres soient ravies à ses filles et fils ?
Quelle est la doctrine  de sécurité nationale des pays impliqués dans la guerre de basse intensité menée contre le pays de Lumumba ? La recherche de réponse à toutes ces questions est une quête de connaissance indispensable à  l’éveil de conscience des  élites organiques et structurants et des masses populaires appelées à devenir des masses critiques.
Seules les masses critiques conjuguant  connaissance et conscience sont capables, main dans la main avec leurs élites organiques et structurantes, de renverser les rapports de force.
L’articulation de la connaissance et de la conscience  peut emprunter la voie de l’alphabétisation fonctionnelle   faite à partir des ‘’tutunga’’(de petits pays) et des ‘’tupangu’’(de petits lieux de concertation, de délibération et de décision)..
Les masses articulant en permanence connaissance et conscience (et vice versa) à partir de la base et recourant à la palabre comme lieu du débat public et de délibération sur les normes pouvant être constitutionnalisées et s’interconnectant  peuvent accumuler une puissance semblable à celle d’une bombe atomique.
Cela peut devenir possible si la question de la direction est résolue et que le Congo-Kinshasa ait un leadership visionnaire, charismatique et responsable : capable de veiller à la cohésion  du Congo-Kinshasa et son union en tant que corps organisé patriotiquement.
La quête de l’articulation entre la connaissance et la conscience devrait induire une insurrection culturelle   poussant les masses à fouiner dans la sagesse ancêtrale pour s’armer contre la pensée néolibérale et la guerre de tous contre tous qu’elle entraîne.
Bref, les élites organiques et structurantes doivent pouvoir travailler de toutes leurs forces à la politisation des masses populaires en visant un peu plus les jeunes et les femmes. Car, ‘’kayanda kimpe wakela bababa, kayanda kela balume ntshiyandayanda’’ (Le véritable défi est celui lancé aux mamans. Le défi lancé aux hommes est un semblant de défi.) Pour cause. Plusieurs hommes congolais ont préféré  le statut d’esclaves volontaires et de nègres de service, de vassaux de la pensée néolibérale et  d’élites compradores. Plus de 50 ans  depuis 1960, c’est trop.
Ces masses devenues critiques devront créer des alliances civico-militaires avec leurs  frères et sœurs prestant au pays dans une armée patriotique.
 Mbelu Babanya Kabudi

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