Dialogue, élections apaisées… Qui menace la paix en RDC ?

Écrit par LP
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Dialogue contre la paix tel est l’équation à laquelle la majorité soumet les Congolais. Tout opposant au dialogue est taxé d’être partisan du chaos, de la guerre. Illustration, des opposants qui se sont réunis à Dakar, ont été tout de suite accusés de comploter contre les institutions en RDC. En même temps, les animateurs des institutions promettent « des répliques  ciblées et chirurgicales », dans l’oubli total de leurs obligations régaliennes, à savoir rassurer tout le monde, y compris les opposants. Qui menacerait donc réellement la paix en RDC au regard de ce décor qui rappelle le spectre burundais? Pas besoin de dessin.

Le Potentiel

 

Une campagne en cours, menée tambours battant, suggère que la paix serait sur le point d’être rompue au pays.Pour cette raison,ceux qui dirigent le pays ont décidé d’engager « un dialogue politique national inclusif » avec l’opposition et la Société civile. Au lieu de réfléchir profondément sur l’avenir du pays et de son processus démocratique, particulièrement le renforcement des cycles électoraux qui a fait avancer la démocratie, par des élections, la majorité au pouvoir aurait levé l’option de faire tabula rasa. Les dirigeants voudraient remettre en cause un ordre institutionnel qui ne leur est plus favorable du fait de l’approche du terme de la mandature en cours. 

Il s’agit tout simplement d’un retour à la case départ, indiquent les opposants qui redoutent qu’au cours du fameux dialogue politique, la décision de violer massivement la Constitution ne soit prise ou avalisée. Selon ces derniers, si les autorités organisent les scrutins dans les délais prévus par la loi fondamentale, rien n’énerverait la paix en RDC. Le pays n’aura pas besoin d’un dialogue, au contraire le spectre de la guerre s’éloignera de même que l’ombre du glissement du calendrier électoral.

Ce serait donc dans l’ordre normal des choses et personne ne pourrait en rougir, tant à la Majorité qu’à l’Opposition. Pour les opposants et la communauté internationale, la cause de l’instabilité pourrait provenir de ce dysfonctionnement dans le processus électoral. Un dysfonctionnement voulu, entretenu, planifié et exécuté avec minutie par la Majorité. Ainsi que l’affirme l’Opposition, là n’est pas le problème qui se pose à la nation avec acuité présentement. Pour l’Opposition, il n’y a aucun doute, toute la responsabilité repose sur les épaules de la Majorité.

         Conscients de cette réalité politique, les acteurs proches du président Joseph Kabila ont proposé la tenue d’un dialogue politique, d’autant que cette initiative avait constitué en son temps le cheval de bataille de l’Opposition au lendemain des élections de 2011. Celle-ci s’est trouvée prise au dépourvu. La politique n’est-elle pas dynamique ? Sans s’avouer vaincus, les partis les plus représentatifs de l’Opposition n’ont pas voulu baisser les bras ; ils ont, l’UDPS en tête, rejeté l’offre de la MP en la considérant comme un cade         au empoisonné.

Les opposants sont convaincus que participer à ce forum « made MP ou Joseph Kabila » (c’est selon) serait cautionner un schéma visant à obtenir le glissement du calendrier électoral. Aussi ne cessent-ils de faire  pression sur le régime en place afin de le dissuader d’aller jusqu’au bout de sa logique, à savoir la mise ne place d’une transition qui aura pour mission d’entériner le projet d’une nouvelle Constitution.

Leurs prises de position ont été interprétées comme une menace à l’ordre public. Pour les stopper, le procureur général de la République est sorti de sa réserve pour mettre en garde contre toute tentative « d’appeler le peuple à descendre sur la rue » sur pied de l’article 64 de la Constitution. Le PGR est allé plus loin en considérant les stratégies de l’Opposition comme « une tentative de renversement des institutions légalement établies ». Aussi a-t-il promis de punir ceux qui tenteront de violer la loi, tel qu’il l’a démontré ! De là à dire que la chasse à l’homme a commencé, il n’y a qu’un pas, vite franchi.

         La logique qui prévaut depuis le lancement de la campagne pour le dialogue est celle de s’aligner sur la vision de la MP ou de subir la répression. Il n’y a qu’à voir la levée de boucliers à Kinshasa, après la fuite sur une rencontre organisée à l’Ile de Gorée à Dakar, au Sénégal. La réaction de la majorité au pouvoir a été musclée avec à la clé des promesses de poursuites dans un langage cru.

        

A qui la faute ?

Deux logiques diamétralement opposées sont en compétition. Il est vrai que les risques de déflagration sont réels. Dans des conditions normales, les élections se seraient tenues et les vaches seraient bien gardées. Mais dans les conditions actuelles, chacun se prépare à sa manière. Le plus important n’est pas pour la Majorité de pointer du doigt l’Opposition. La majorité l’a réduit à sa plus simple expression. Les espaces de liberté comme l’Assemblée nationale ne reflètent plus son appellation de « Temple de la démocratie ». La Majorité soutient l’insoutenable, de fois même la démarche de l’Opposition rentre dans la ligne droite de bon sens et de la légalité. Envers et contre tout, la famille politique du président actionne la loi du nombre. L’usage abusif de cet argument a dégouté la population qui s’est prise en charge en volant au secours de cette opposition martyrisée.

         En RDC, les gouvernants font face directement au souverain primaire. Normal dans ces conditions que les opposants se réunissent loin des instruments de répression du pays. Interdire les marches pacifiques, les meetings de l’Opposition, voire des débats contradictoires sur la gestion de la res publica à l’intérieur des frontières nationales ne participent pas à la consolidation de la démocratie. Des réactions vives et inattendues peuvent survenir, voir trouver des justifications.

 

Gouverner au centre

Dans cette étape cruciale, la Majorité doit éviter de chercher à régler ses difficultés politiques par l’usage abusif des instruments comme l’armée, la police, la justice, les services de sécurité. Pire, les membres du gouvernement, tous les animateurs des institutions se sont soustraits à la réserve régalienne. Ils se sont distingués par des diatribes dignes de dérives dictatoriales. Illustration. Un membre du gouvernement a menacé publiquement les opposants en leur promettant « des répliques ciblées et chirurgicales ».

Que l’on ait assuré une médiatisation à outrance de cette menace ne laisse aucun doute sur les intentions de rompre la concorde nationale et la paix sociale. Comment, de cette manière, un ministre en fonction peut-il contribuer à la préservation de la paix et de la stabilité ? 

D’autres déclarations tapageuses sont distillées régulièrement par le secrétaire général du PPRD qui laisse entendre que l’alternative au dialogue c’est guerre. Question : qui fera la guerre et contre qui ? Est-ce que tous ces va-t-en guerre qui brandissent allègrement le spectre du chaos aident le chef de l’Etat par rapport à ses obligations constitutionnelles ? 

Aussi clairement que cela puisse paraitre, tout le monde doit prendre conscience que brûler la case pour des intérêts privés fera de tout le monde de grands perdants. Il faut chercher à favoriser l’apaisement au lieu de faire monter inutilement la température. Si ces attitudes et autres déclarations intempestives ne s’arrêtent pas, l’opinion ne se trompera pas en désignant la partie congolaise qui menace la paix au pays. 

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