Dakar : l’autorisation de Minaku brandie

Franck diongo JC Justine

Pour l’opposant Franck Diongo, des égarements de propos contre les participants à cette conférence démontrent la peur de la Majorité présidentielle de perdre le pouvoir

De retour de l’île de Gorée, à Dakar, au Sénégal, depuis mardi 15 décembre 2015, le député national Franck Diongo, président national du Mouvement Lumumbiste Progressiste (MLP) et du Front Anti Dialogue (FAD), a brandi, hier jeudi 17 décembre, lors d’une séance de restitution, devant la presse, l’autorisation de sortie n°2261/2015, signée le 3 décembre dernier, à Kinshasa, par Aubin Minaku Ndjalandjoko, président de l’Assemblée nationale.

Ce dernier lui a accordé un séjour de 12 jours, soit du 8 au 19 décembre 2015, tel qu’indique ce document officiel du speaker de la chambre basse.

Même les services de sécurité étaient au courant de cette sortie, a laissé entendre l’élu de la Lukunga.Ceci démontre que l’institution Parlement était bel et bien informée de la participation de quelques députés nationaux à la conférence internationale sur les élections et les processus démocratiques en Afrique subsaharienne.

Il n’y a donc aucune raison de craindre une quelconque réunion subversive dans le but de renverser le régime en place, ou de préparer un soulèvement populaire, comme des ténors de la Majorité présidentielle le prétendent. Surtout que plusieurs autres pays d’Afrique, notamment le Mozambique, la Tanzanie, la Namibie, le Togo, la Zambie et autres, étaient aussi représentés à ce forum tenu du 11 au 14 décembre courant.

Mandat d’amener

Depuis Dakar, explique l’honorable Diongo Shamba, tous les participants venus de la République démocratique du Congo étaient informés d’un mandat d’amener émis contre eux, en vue de les cueillir, dès leur retour, à l’aéroport international de N’Djili.

Ne se reprochant de rien, ils ont tous foulé le sol de Kinshasa par l’aéroport de N’Djili, ce 15 décembre, vers 3h00′ du matin. Ils ont regagné leurs domiciles en toute quiétude, et circulent encore librement dans les rues de Kinshasa.
Bizarrement, le même président de l’Assemblée nationale qui leur a délivré l’autorisation de sortie, s’est rétracté lors de la dernière plénière, soutenant qu’ils sont allés comploter contre la RD Congo.

Un document dans ce sens a été lu à l’intention des députés présents. Aussitôt rentré à Kinshasa, Franck Diongo a saisi le rapporteur de cette institution pour avoir ce document le concernant, mais ce dernier a catégoriquement refusé. Pourtant, il s’agit d’une pièce mise à la disposition de tous les députés à propos d’un dossier de conspiration jugé sensible.

L’organisateur menacé d’expulsion, les ambassadeurs allemands et sénégalais convoqués, le pape saisi
A en croire Franck Diongo, les services de sécurité ont convoqué d’urgence les ambassadeurs allemands et sénégalais accrédités à Kinshasa, pour des éclairages dans ce dossier.

Quant au représentant de Conrad Adenauer (Fondation de droit allemand), un des organisateurs de cette conférence, il aurait été menacé d’expulsion le lundi 14 décembre dernier. L’orateur poursuit que le pape François, à travers le nonce apostolique, a également été saisi, car un délégué de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) était aussi dans cette réunion, avant de regagner précipitamment Kinshasa.

La peur dans le camp de la MP

La conférence de l’île de Gorée a provoqué une peur bleue dans le camp de la Majorité présidentielle qui craint un renversement de leur pouvoir, alors que le mandat court encore jusqu’en novembre 2016, avant de passer le flambeau le 19 décembre de la même année.

Franck Diongo rassure qu’il ne peut jamais prendre les armes pour conquérir le pouvoir, car sa lutte a toujours été non violent et son combat toujours démocratique. » Ceux qui ont plutôt pris les armes contre le régime de Kabila, se retrouvent aujourd’hui dans la Majorité présidentielle « , rappelle-t-il. En plus, ajoute-t-il, ceux qui veulent comploter contre la République sont ceux qui envisagent la violation ou la modification de la Constitution pour permettre à Joseph Kabila de » glisser » et se représenter pour un troisième mandat.

» Nous avons suivi des égarements, des propos désobligeants et désagréables pour induire le peuple congolais en erreur et nous faire passer pour des terroristes en nous pointant du doigt. Ces accusations démontrent la peur de perdre le pouvoir « , lance-t-il.

Vers un » Front citoyen «

Sauf changement de dernière minute, annonce-t-on, une séance de restitution collective de tous ces Congolais qui ont participé à la conférence de l’île de Gorée aura lieu ce samedi 19 décembre à Kinshasa. A cette occasion, il sera lancé un » Front citoyen « , réunissant tous les opposants congolais, en vue de constituer une force pour protéger les élections de 2016 en vue d’une alternance, et empêcher tout glissement ou changement de la Constitution.

Par Lefils Matady

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