Albert Moleka : le dialogue de Joseph Kabila est inutile et inopportun.

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Réagissant à l’actualité politique de l’heure, Albert Moleka, ancien directeur de cabinet d’Etienne Tshisekedi et un des ténors du Front des Démocrates, une des plates formes de l’opposition refusant de prendre part au dialogue voulu par le président Joseph Kabila, en vue de trouver un compromis pour une bonne applicabilité du processus électoral en RDC, selon la Majorité présidentielle et une frange de l’opposition, est demeuré catégorique quant à une éventuelle participation de son camp à ce forum made in Joseph Kabila : NON.

Selon Mr Moleka, dire que la communauté internationale est mobilisée autour du dialogue tel que voulu par le président Kabila, est une vue erronée de la situation. Car cette communauté internationale s’exprime à travers les résolutions du conseil de sécurité des Nations Unies. Après avoir rappelé le contenu des résolutions 2098 et 2211 concernant la RDC où la communauté internationale insiste sur l’encouragement du représentant du Secrétaire Général des Nations Unies pour qu’il mette ses bons offices en vue d’un dialogue inclusif insistant sur l’organisation des élections présidentielle et législatives crédibles dans le délai constitutionnel (la 2211), et commentant le communiqué sur la désignation d’Edem Kodjo comme facilitateur à ce dialogue par l’Union Africaine qui est soumise aux résolutions des nations unies, lequel ne tient pas compte de l’aspiration des congolais qui voudraient  une alternance, surtout au sommet de l’Etat, Albert Moleka regrette que « ledit communiqué ne mentionne même pas les prescrits de la charte africaine de la démocratie, de la gouvernance, alors que le problème actuel de la RDC réside dans le fait que le pouvoir a mis le pays dans une situation où on ne sait pas s’il sera organisé les élections cette année. La vraie vérité serait de dire aux congolais pourquoi depuis 2012 la CENI n’a organisé aucune élection. »

Pour Albert Moleka, «  c’est le pouvoir en place qui bloque la CENI pour ne pas qu’elle ait les moyens d’organiser les élections dans les délais ». Et c’est le même pouvoir qui appelle les gens au dialogue en vue des élections apaisées. Et de rappeler que les élections de 2006 et 2011 ont connu des troubles par le fait de ceux qui détenaient les armes. Or ceux qui les détiennent sont Mr Kabila et son camp. C’est à eux de dire clairement  au peuple qu’ils ne sont pas prêts à lâcher le pouvoir, incapables qu’ils sont, d’organiser les élections. Ainsi, le peuple en tirera les conséquences en vertu de l’article 64 de la constitution. Pour cet opposant, le cas que l’on vit actuellement est assimilable à la haute trahison, car délibéré pour que Joseph Kabila continue d’exercer le pouvoir au delà de deux mandats constitutionnels et puisse arracher aux congolais une transition en comptant toujours sur l’argent. Or la constitution qui est l’expression de la volonté des congolais de vivre ensemble selon certaines règles, ne prévoit pas de transition. Et pour ceux qui sont de mauvaise foi, elle prévoit des sanctions, dont celle relative à la haute trahison. Il rappelle que ce n’est pas le président Kabila qui est  l’initiateur du dialogue national inclusif. C’est l’udps Tshisekedi. Malheureusement lorqu’on parle d’un dialogue inclusif aujourd’hui, c’est une sorte de retour à l’époque du parti état où tout le monde doit être présent sous peine d’être diabolisé. A l’en croire, « si Kabila et sa majorité n’arrivent pas à organiser ce dialogue jusqu’à présent, cela participe de la stratégie pour un glissement qui mettra les congolais devant un fait accompli de la non organisation des élections dans les délais constitutionnels et ainsi rouler les congolais dans une interprétation biaisée de l’article 70 qui stipule que le président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation de son successeur élu, sans mentionner les articles  74, 75 et 76. Ils oublient que la constitution est basée sur le désir des congolais de continuer la construction et le rétablissement d’un pays à régime démocratique où il y a une alternance, une possibilité de changer le pouvoir, l’établissement d’une gouvernance basée sur l’intérêt des congolais. Et ce dialogue n’est pas du tout dans l’intérêt des congolais ».

L’alternative au dialogue, selon Moleka

Albert Moleka rappelle que le pays est régi par les lois et  non par un quelconque dialogue. Et la CENI doit jouer son rôle en publiant le calendrier électoral. Mais depuis 2012, elle n’a pas reçu des moyens suffisants du gouvernement et doit avoir le courage de le dire publiquement. « La probité morale et l’élégance politique voudraient que si on n’est pas capable de faire son travail, on prend acte de son incompétence et on rend le tablier. Ce que doit faire l’équipe dirigeante actuelle, pour laisser le pays continuer sa marche vers l’avenir. On constate malheureusement que les même qui n’ont pas voulu qu’il y ait élection, qui ont bloqué le financement de l’organisation des élections, veulent aujourd’hui proposer la solution miracle qu’on appelle dialogue national inclusif. Un peu comme le pyromane qui s’improvise pompier ». D’où la question de savoir si les dirigeants congolais sont redevables au peuple ou non. Et déjà en 2012, l’Eglise Catholique avait  tiré la sonnette d’alarme sur le dérèglement du système électoral. Techniquement, aujourd’hui les choses sont compliquées, mais surtout il y a un manque criant de volonté politique. La solution, « c’est de s‘en tenir à la loi et tous ceux qui veulent d’un compromis en dehors de la loi, doivent être considéré comme des hors la loi. Et l’effort de tous, c’est de les ramener à l’obéissance de celle-ci. Que ce soit dans les délais ou non, il n’est pas possible d’organiser les élections avec gestionnaires  qui ont bloqué le processus. Cherchons un compromis qui respecte la constitution. Il ya eu un dialogue récemment qu’on a appelé concertations avec plus de 750 résolutions. Et le président Kabila a mis 14 mois pour appliquer une seule de ces résolutions, celle de la mise en place du fameux gouvernement de cohésion. A cette allure, il mettra combien de temps pour le reste ? Une éternité, surement ! Et quelle différence entre ce dialogue et  les concertations ? C’est d’embarquer ceux qui n’ont pas participé aux concertations de sorte qu’ils partagent leurs bévues et leurs crimes économiques. Chacun doit assumer les responsabilités de ses actes. Surtout ceux qui veulent faire le même chemin que ceux qui gèrent actuellement doivent être conséquents par la suite. Car c’est cautionner l’impunité et la régression de la RDC », affirme –t-il.

Candidature Unique de l’opposition ?

Concernant la problématique  d’une candidature unique de l’opposition à la prochaine élection présidentielle, tout en relevant le fait qu’il n y a pas de camps uni, aussi bien dans la majorité que dans l’opposition, Albert Moleka note qu’au niveau de l’opposition, il y a une liberté d’expression, un pluralisme politique consacrés par l’article 6 de la constitution. Mais dans le chef de certains, il y a encore les stigmates du parti unique avec la pensée unique. « Pour ce cas précis, avant d’en parler, il faudra tenir compte du fait qu’on sait qu’il y aura des élections et la date desdites élections ; ensuite la désignation d’un candidat doit répondre à un certain nombre de critères qui doivent être définis d’avance et pour le moment il n y en a pas, que ce soit dans la majorité et ou dans l’opposition. En parler, c’est mettre la charrue avant les bœufs. Le souci actuel c’est d’avoir une CENI réellement indépendante qui soit capable d’organiser les bonnes élections », conclut-il.

José BOOTO

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