16 février 1992- 16 février 2016 : les Congolais exhortés à prendre leur destin en mains

ville morte kinshasa
La population congolaise s’est souvenue, le mardi 16 février 2016, des martyrs de la démocratie, tombés il y a 24 ans. Pour mieux commémorer cette journée, le collectif du 16 février, une structure qui regroupe en son sein les chrétiens et plusieurs Ong de défense des droits de l’homme, a organisé une messe d’action de grâces en l’église Notre Dame de Fatima, dans la commune de la Gombe. Deux temps forts ont marqué cette rencontre: la cérémonie eucharistique concélébrée par l’abbé José Mpundu et ses confrères Oscar Malebo et Denys Kyalata, ainsi que la présentation de la pièce de théâtre intitulée « Sans mon peuple », du poète Olivier Sangi.

Au cours de cette célébration eucharistique, un message pathétique et patriotique a été lancé par les organisateurs : « les Congolais sont invités à surmonter la peur… à ouvrir les yeux afin d’apercevoir la réalité congolaise en face… à s’organiser efficacement, comme cela était le cas il y a 24 ans et à mener des actions non violentes pour la libération totale de la RDC. Car, au sein des Congolais, il y a ceux qui ont les capacités requises pour conduire le peuple, à la manière de Moïse et Aaron, vers la Terre Promise. Terre qui ruisselle de lait et de miel. Terre de liberté, d’égalité, de participation et de justice. Terre d’amour et de fraternité, de paix et de joie pour tous. Détectez ces frères et sœurs pour créer un nouveau leadership dont le Congo a besoin, afin de poursuivre et de parvenir au bout de sa marche à un Etat de droit réellement démocratique. Ils sont morts et pourtant, ils sont encore en vie. Car, selon la tradition africaine, les morts ne sont pas morts. D’où cet appel. Ensemble, sans distinction de tribus ni d’autres clivages, prenons notre destin commun en main et continuons la lutte de libération sans relâche ».

En effet, il y a 24 ans, la communauté nationale, à l’initiative des laïcs catholiques, s’était retrouvée à la tête d’une marche pacifique des chrétiens, le dimanche 16 février 1992, pour réclamer la réouverture de la Conférence Nationale Souveraine. Convoqué par le défunt président Mobutu Sese Seko en juillet 1991, ce forum s’était fixé trois objectifs majeurs : faire la relecture de l’histoire du Zaïre, baliser le chemin pour la Troisième République et promouvoir la réconciliation nationale.

Après la mise en place de son bureau provisoire, les autorités gouvernementales de l’époque avaient décidé, de manière unilatérale, la suspension des travaux de cette grande rencontre incarnant les attentes de tout un peuple. Mécontent du comportement affiché par le pouvoir, des manifestants s’étaient retrouvés dans la rue pour réclamer, pacifiquement, la réouverture, sans aucune condition, de cette Conférence Nationale Souveraine.

Cette dynamique populaire s’inscrivait dans la droite ligne de la déclaration du Comité Permanent de la Conférence Episcopale du Zaïre du 27 janvier 1992 et du message des abbés de Kinshasa du 26 janvier 1992. C’est lors de cette marche que des centaines d’innocents étaient tombés sous les balles de la soldatesque du Maréchal Mobutu.

Vingt-quatre ans après, les défenseurs des martyrs du 16 février 1992, dans une lettre adressée au peuple congolais, réitèrent leur slogan de combat : « Ensemble, prenons notre destin commun en mains ». La démocratie pour laquelle ils avaient marché et donné leur vie est celle qui repose sur les valeurs d’égalité, de participation, de liberté et de justice. Une égalité qui entraîne le respect de tout être humain, une participation qui suppose la responsabilité de chacun et de tous, une liberté qui est le fruit de la vérité et une justice qui engendre la vraie paix. Cette démocratie participative reste encore à construire. Elle ne se réalisera pleinement que lorsque le Congolais sera libéré totalement  de l’esclavage dans lequel le maintiennent les maîtres du monde, avec une complicité congolaise.

Car, selon la tradition africaine, les morts ne sont pas morts. D’où cet appel : « Ensemble, sans distinction de tribus ni d’autres clivages, prenons notre destin commun en mains et continuons la lutte de libération sans relâche.

Yves Kadima et

 Myriam Iragi

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