RDC: des « troubles graves » sont prévisibles à l’approche de l’échéance électorale

Photo prise à Kinshasa en février dernier
Photo prise à Kinshasa en février dernier – © JUNIOR KANNAH – AFP

Des troubles « graves » sont prévisibles dans plusieurs régions de la République démocratique du Congo (RDC) à l’approche de la fin du mandat du président Joseph Kabila, en décembre prochain, estime le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP) dans un rapport publié mardi.

Le second mandat de Joseph Kabila expire le 19 décembre et l’élection présidentielle, fixée l’an dernier au 27 novembre pour désigner son successeur, apparaît désormais comme de plus en plus improbable.

La Constitution congolaise, adoptée et promulguée en février 2006, stipule que le chef de l’Etat n’a le droit d’exercer que deux mandats consécutifs.

Dans ce rapport, un chercheur du GRIP, Georges Berghezan, souligne que de « grands doutes » subsistent sur la tenue de la présidentielle et des législatives qui devaient être couplées: « d’abord sur leur tenue effective, ensuite sur la candidature du président Kabila« .

« Qu’elles aient lieu avec la participation de Joseph Kabila, malgré la Constitution qui interdit un troisième mandat consécutif, ou – scénario le plus probable – qu’elles soient reportées sine die, par exemple sous prétexte de difficultés budgétaires, des troubles graves sont prévisibles dans plusieurs régions du pays« , souligne le chercheur.

Opposition au kabilisme

George Berghezan mentionne la capitale, Kinshasa, une mégapole de plus de dix millions d’habitants et un des fiefs de l’opposition au kabilisme, « où nul n’a oublié la sanglante répression des manifestations de janvier 2015, en réaction à l’intention du Parlement – finalement abandonnée sous la pression de la rue – de changer la Constitution pour autoriser ce troisième mandat« .

Mais le rapport évoque aussi les deux Kivu (est), en particulier Goma et Bukavu (les chefs-lieux des provinces du Nord et du Sud-Kivu), « où la popularité du président est en chute libre depuis plusieurs années« , d’une part parce que la population ne profite nullement de la croissance économique du pays (8,9% en 2014) et, d’autre part, parce qu’elle continue à payer le prix d’une profonde insécurité.

Cette insécurité est particulièrement vive dans les campagnes du Nord-Kivu, en proie à des dizaines de groupes armés, congolais et étrangers, s’en prenant essentiellement aux civils, rappelle le chercheur du GRIP.

Il cite enfin le Katanga (sud-est), fief familial de Joseph Kabila, où plusieurs alliés de poids du régime ont ouvertement rompu avec le parti au pouvoir – le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), la formation du président Kabila -, en particulier le riche homme d’affaires Moïse Katumbi Chapwe, gouverneur de la province jusqu’à son démantèlement en juin 2015.

« De plus en plus isolé politiquement, Kabila est visiblement prêt à recourir à la force pour s’accrocher au pouvoir. Et de nombreux autres y sont également prêts, mais pour s’en débarrasser« , conclut le rapport.

 

 

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