Quand les  »honorables  »de la MP ne comprennent pas le français

Le débat et tout le tralala autour de l’article 70 sont l’expression de la fausseté dans laquelle les forces du statu quo sont tombées au Congo-Kinshasa. Elles servent une même cause : la vente du pays aux trans et multinationales tout en entretenant de faux débats. Que pourront-ils avoir en contre-partie ? Les maisons, les costumes, les voitures et les cravates.
Dans un pays où une portion importante de la population croit que  »chance eza eloko pamba », il peut arriver qu’à l’Assemblée nationale, des députés cooptés n’aient aucun niveau intellectuel (en français). La demande d’interprétation de l’article 70 de la Constitution du Congo-Kinshasa (que nous nommes feuille de chou) le prouve. L’interprétation d’un texte exige que la langue dans laquelle ce texte est écrit soit suffisamment maîtrisée par les interprètes. Et l’herméneutique n’est pas la chasse gardée des constitutionnalistes. Bien que n’ayant jamais cru en cette Constitution, nous voulons lire simplement l’article 70. Que dit-il ?
« Le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. A la fin de son mandat, le président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau président élu. »
Quand le président de la République arrive à la fin de son deuxième mandat, il reste en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau président élu. Cela veut dire que le président en fonction doit avoir concouru, en tant que  »garant de la Constitution » à l’organisation des élections avant la fin de son deuxième mandat. S’il ne l’a pas fait, il a trahi le testament qu’il a fait au début de son entrée en fonction. Il mérite le sort des traîtres du pays.
Pourquoi cet article si limpide pose-t-il des problèmes ? Il est possible que le français dans lequel il est écrit ne soit pas compréhensible pour  »les ignares » cooptés par la MP. Tirons-en la leçon. Avant de demander à la Cour Constitutionnelle de l’interpréter, qu’il soit traduit dans nos quatre langues nationales et débattu. En Tshiluba, ma langue vernaculaire, il pourrait se traduire comme suit : »Mfumu wa ditunga badi bamusungula bua akuate mudimu wende munkatshi mua bidimu bitanu. Udi mua kusungudibua kabidi bua bidimu bitanu. Padiye ufika ku ndekelu kua masungula aa onso abidi, udi ushala mu nkwasa too ne padi mfumu (mukalenge) mupiamupia usomba mu nkwasa.) L’ expiration du deuxième mandat et l’organisation des élections sont les conditions sine qua non de l’installation du nouveau président. L’article 70 traite de  »la fin du mandat » de cinq ans renouvelable une fois. La fin, dans ma langue vernaculaire signifie  »ku ndekelu », en lingala  »na suka ». Faut-il absolument être docteur en droit constitutionnel pour comprendre  »ndekelu » et  »suka » ? L’herméneutique n’est pas une discipline réservée aux spécialistes ès constitution.
Finalement, ce débat est un  »faux ». Pourquoi ? Les opposants appelant à ne pas céder à la demande des  »honorables » de la MP sont ceux qui, avec Moïse Katumbi, sont convaincus que  »le président de la République » n’a jamais été élu au suffrage universel. Il a, au contraire, botté  »deux faux penalties ». En d’autres mots, c’est un tricheur, un fraudeur, un magouilleur. Mais pourquoi perdent-ils de vue ce fil d’idées pour se livrer pieds et poings liés à une cour constitutionnelle fabriquée par le tricheur, le fraudeur et le magouilleur ? Il semble qu’ils n’ont pas tellement de choix. Ils sont roulés dans la farine par un  »Etat profond US »(et alliés). Celui-ci s’en sert pour la néocolonisation du Congo-Kinshasa en théâtralisant l’espace politique congolais. Ils jouent au théâtre ou  »sont joués » par les tireurs de ficelles tapis dans l’ombre à travers plusieurs ambassades occidentales. Mentalement, ils sont colonisés et dominés. Ils entretiennent la confusion dans un espace politique où le pluralisme de la pensée est absent. On y est ou pour la MP ou pour l’opposition. Pourtant, toutes les deux sont les agents du statu quo du système néolibéral et néocolonial. Plusieurs membres de ces deux branches des forces néocoloniales ont sombré dans l’inculture. Ils courent vers la vidéosphère, vers les réseaux sociaux en rompant avec les livres. Ils ne lisent plus. Ils ne se forment plus.
Pour preuve. Que quiconque croie que  »Joseph Kabila » a été élu au suffrage universel comme président de la République lise  »Europe, crime et censure au Congo. Les documents qui accusent »1 et détruise, argumentativement les preuves fournies dans ce livre par Charles Onana. Des  »responsables politiques » non éduqués, non (bien) informés et formés et des populations les suivant comme des moutons de Panurge finissent par transformer le processus démocratique en une tyrannie des imbéciles.
Pour avoir participé activement aux mascarades électorales de 2006 et de 2011, Moïse Katumbi, en bon témoin de l’intérieur, sait pourquoi il a parlé de  »deux faux penalties ». Néanmoins, il n’est pas allé aussi loin que Charles Onana dans les archives des  »faiseurs de rois ». Onana en arrive à mettre à nu le système qui a fini par transformer les élections en  »piège à cons ».
Redisons que le débat et tout le tralala autour de l’article 70 sont l’expression de la fausseté dans laquelle les forces du statu quo sont tombées au Congo-Kinshasa. Elles servent une même cause : la vente du pays aux trans et multinationales tout en entretenant de faux débats. Que pourront-ils avoir en contre-partie ? Les maisons, les costumes, les voitures et les cravates.
Conquis à l’idéologie néolibérale, ils ne se sentent pas capables de diriger ce  »pays-continent ». Ils sont tous bien dans le rôle des supplétifs de  »nouveaux cercles de pouvoir ». C’est à cela qu’ils aspirent consciemment ou inconsciemment. Les milieux financiers et néolibéraux recourant aux sciences sociales les connaissent très bien. Ils savent que plusieurs d’entre eux sont restés les mêmes depuis les années 1960. « Les milieux financiers ont cru fermement (vers les années 60) (…) qu’il suffisait de donner à quelques Congolais des titres de ministre ou de parlementaire, des grands cordons, des autos de luxe, des gros traitements, des maisons somptueuses dans la cité européenne (aujourd’hui dans  »la République de la Gombe) pour arrêter définitivement le mouvement d’émancipation qui menaçait leurs intérêts. »2 Aujourd’hui encore, ces  »quelques Congolais » ont pris tout un pays en otage en créant et en entretenant faussement des querelles de clochers pour servir les intérêts néocoloniaux. C’est triste et révoltant.
Mbelu Babanya Kabudi
1C. ONANA, Europe, crimes et censure au Congo. Les documents qui accusent, Paris, Duboiris, 2012.
2J. CHOME, L’ascension de Mobutu. Du sergent Joseph Désiré au général Sese Seko, Bruxelles, Ed. Complexe, 1974, p. 24.

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