Face à l’entêtement de Kabila : l’UDPS Jacquemain Shabani pense qu’il faut arracher les élections à travers les manifestations pacifiques

Le secrétaire général le plus en vue de l’Union pour la démocratie et le progrès social, UDPS, Jacquemain Shabani Lukoo –toujours réclamé par des millions des combattants du parti tshisekediste et des Rd-congolais s’est exprimé dans une interview exclusive à C-NEWS, sur des questions d’actualités au pays. Shabani l’un des grands mobilisateurs que connaît le pays a dans l’interview ci-dessous indiqué que le dialogue de Kabila est un rendez-vous sans objet. Que seule l’organisation des élections dans les délais constitutionnels préoccupe le peuple dans son ensemble. Il prédit d’ailleurs déjà l’échec de ce dialogue, avant de faire remarquer que les élections doivent être arrachées des griffes de Kabila et son régime. Pour cela, Shabani suggère d’arracher les élections à travers de grandes manifestations pacifiques à travers les différents territoires de la République. Membre du Front citoyen 2016, nous les savons que Shabani a toutes les capacités mobilisatrices pouvant effectivement conduire dans le sens d’avoir les élections dans les délais constitutionnels. Il a été à l’œuvre pendant les manifestations des opposants à la veille des élections de 2011, devant la CENI pour exiger l’actualisation du fichier électoral. Il avait institué à travers son parti UDPS, la journée jeudi Saint. Chaque jeudi, il fallait faire une descente en masse devant les installations de la CENI sur le boulevard du 30 juin. Shabani est donc prêt à réitérer cette prouesse. Dans l’interview, il n’a pas manqué de placé un mot sur la mort de Papa Wemba, avant d’insister que les élections doivent être arrachées à travers de grandes manifestations pacifiques à travers tout le pays.

L’actualité l’oblige, monsieur le secrétaire général, votre réaction à chaud au décès de Papa Wemba?

Une grande perte pour la culture congolaise, africaine et même mondiale. C’est une star qui a marqué plusieurs générations, dont la mienne. Je crois que nous avons tous quelque chose en nous du vieux Bocoul. Si ce n’est dans la démarche, c’est dans le look ou dans la façon de parler … Il a marqué son temps et il nous a marqués. Paix à son âme.

Le dimanche 24 avril 2016, l’opposition avait programmé des meetings notamment à Kinshasa avec l’UDPS, la Dynamique de l’opposition; à Lubumbashi avec Moïse Katumbi et à Goma avec la même Dynamique de l’opposition; comment avez-vous appréhendé ces différents événements?

Le 24 avril 1990 est une date historique pour notre nation. Elle marque la chute d’un dictateur féroce et rusé face au vent de la démocratie. Et cette victoire fut le fruit d’un rude combat pacifique mené par de vaillants compatriotes. Un combat noble dont les sacrifices et pertes en vies humaines ne seront jamais suffisamment honorées. A la veille de la fin du mandat de Kabila et considérant sa volonté à vouloir cracher sur les martyrs de la démocratie. Il était important à mon avis que nous puissions ce jour-là nous rassembler, autant que possible, pour faire savoir à quiconque que le Congo et son peuple protégeront les acquis de la démocratie.

Parlons maintenant des questions majeurs de l’actualité. Le Dialogue national trébuche encore, en dépit de la présence du facilitateur. Vous en tant qu’acteur politique de 1er plan, qu’est-ce qui bloque à fond ces assises?

Il nous est enseigné sur le banc de l’école que quand les prémisses sont fausses, les conclusions ne pourront être différentes. Ceux qui prêchent depuis pour ce fameux dialogue pêchent par un manque de sincérité dans leur communication. La politique est une science et si ce dialogue se tenait tels qu’ils en parlent les facultés des sciences politiques du monde entier se remettront en cause. Il faudra désacraliser Platon, Socrate et tous les maîtres de l’art. On veut nous faire croire qu’il y aura négociation politique sans partage du pouvoir et modification de la constitution. Mensonge!

Mais Sg, vous ne dites pas ce qui bloque réellement ce rendez-vous?

Ce qui bloque c’est la majorité populaire qui a compris la ruse de ce dialogue et qui n’en veut pas. En politique, le principe est simple, toute négociation ne peut se conclure que par un partage du pouvoir et des responsabilités. Et cela le peuple n’en veut pas car pour lui s’en est fini avec monsieur Kabila, le 19 décembre 2016 pas un jour de plus.

Certains disent que ce dialogue a pour finalité d’octroyer à Kabila un nouveau mandat. Etes-vous de cet avis?

C’est tout cela la violation de la constitution. Ce dialogue à la Kabila est une astuce pour contourner la date de la fin de son mandat, l’application de l’article 220 de notre constitution et lui permettre son fameux glissement.

Sg, votre parti l’UDPS est partie-prenante au dialogue. Alors qu’est-ce qui explique ces déclaration à temps et à contre temps qu’il multiplie à longueur de journée?

Oui, à mon corps défendant! En son temps, fin 2014 j’avais partagé ma réflexion sur ce sujet et je soulevais deux questions majeures qui ne pouvaient pas permettre à l’UDPS de dialoguer dans ce sens in tempori avec Kabila. Il s’agit de l’application de l’article 220 de la constitution et le manque de sincérité dans la personne de Kabila. Je n’avais pas été compris mais je crois que le temps nous rattrape tous. Il faudrait nous éviter le ridicule.

Donc à vous entendre parler, vous n’êtes pas d’accord avec l’option prise par votre parti d’aller au dialogue avec Kabila?

Je ne suis pas d’accord et je ne suis pas le seul membre du parti à avoir cette opinion.

Mais la branche officielle du parti y tient mordicus?

Oui, le leadership du parti en a décidé ainsi. Mais aussi, je reste convaincu que les prémisses étant fausses le pire n’arrivera pas, ce glissement n’aura pas lieu.

Quel est votre commentaire sur les déclarations de Edem Kodjo, selon lesquelles il n’a pas de garantie pour faire respecter les délais constitutionnels?

Monsieur Edem Kodjo est un facilitateur très affaibli depuis le début de sa mission. Il a été rejeté par une frange non des moindres de la classe politique congolaise. Et dans les difficultés de sa mission impossible, c’est la première et unique communication sincère du camp pro-dialogue. Le dialogue a pour mission de violer et d’usurper la constitution.

Un autre sujet d’actualité, c’est celui lié à la pétition des députés de la majorité devant la Cour constitutionnelle pour l’interprétation des articles 70, 103 et 105 de la constitution. Quel est votre jugement?

J’ai souligné tantôt le déficit de sincérité dans le chef de monsieur Kabila et sa famille politique. Et en voici une démonstration éloquente. Je suis de ceux qui considèrent la politique comme étant l’art de gérer la cité pour son développement et la constitution comme les règles du jeu pour ce faire. Ainsi, le législateur ne peut être ni malin ni rusé car il légifère pour l’intérêt de tous. Appeler à l’interprétation de ces articles combien claires et limpides m’apparait comme de l’immoralité politique.

Que peut-on attendre de cette requête?

Une fois de plus les juges constitutionnels sont face à leur responsabilité, nous les avons à l’œil.  Mais plus encore, il faut que les forces du changement mobilisent la nation congolaise sur cette question qui finalement revêt une importance vitale pour notre nation. Oui, car c’est la énième tentative pour le glissement. Donc restons mobiliser pour éviter qu’un arrêt pris par neuf personnes ne prenne pas en otage toute une nation.

Dans cette ambiance, pensez-vous que la CENI organisera les élections dans les délais constitutionnels?

Concernant la CENI, c’est une obligation constitutionnelle mais les animateurs de son bureau nous ont démontré à suffisance leur dépendance à monsieur Kabila. Des élections crédibles auront lieux nécessairement, mais malheureusement, il nous faudra les arrachées. L’obstacle est identifié, c’est monsieur Kabila.

«Il nous faudra les arracher, ces élections» : voulez-vous dire à travers les manifestations pacifiques?

Plus qu’en 2011, il est clair que monsieur Kabila ne veut pas organiser les élections. Les lois de la République nous donnent plusieurs moyens pour interpeller le pouvoir public et l’enjoindre au respect de la loi. Il nous reste sept mois avant décembre, nous avons tous la responsabilité d’éviter à la mère-patrie une période trouble de crise de légitimité du pouvoir politique.

Monsieur le secrétaire général, pouvez-vous placer un mot sur la résolution 2277?

Une fois encore la communauté internationale vient au chevet de la RDC, avec toutes les difficultés qu’elle connaît sur le plan politique et sécuritaire surtout. Je retiens avec satisfaction le faite qu’elle ait mis l’accent sur le respect des délais constitutionnels dans l’organisation des élections, sa disponibilité à accompagner le processus électoral mais aussi le maintien des forces de la MONUSCO.

Adhérez-vous à l’idée du candidat commun de l’opposition?

Je retiens de l’expérience des élections de 2011, qu’il est important de rassembler le plus que possible les forces du changement au tour d’une candidature consensuelle, et ce à plusieurs titres. L’élection est à un seul tour sur un vaste territoire, la bataille sera rude et l’unité autour du meilleure d’entre nous est indispensable. Mais aussi nous devons veiller à ce que ces élections consacrent réellement l’alternance à travers la personnalité et le profil du futur président.

Etes-vous de ces membres de l’UDPS qui pensent que Mr TSHISEKEDI est le candidat naturel de votre parti?

Le Président Tshisekedi est le leader charismatique du parti avec une envergure politique qui dépasse les frontières du Congo. Cela est sans débat. Mais votre vocable me semble anachronique et anti-démocratique. Il y aura bien un congrès qui permettra l’expression démocratique des sociétaires du parti à ce sujet. Soyons patients.

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