Huis clos sur Beni: une gaffe !

Une vue des députés nationaux et sénateurs congolais au palais du peuple (siège du parlement), ce 8/12/2010 à Kinshasa. Radio Okapi / Photo John Bompengo
Une vue des députés nationaux et sénateurs congolais au palais du peuple (siège du parlement), ce 8/12/2010 à Kinshasa. Radio Okapi / Photo John Bompengo

Une vue des députés nationaux et sénateurs congolais au palais du peuple (siège du parlement), ce 8/12/2010 à Kinshasa. Radio Okapi / Photo John Bompengo

Le commun de Congolais a du mal à croire que le dossier de l’insécurité dans le territoire de Beni a été frappé du sceau du huis clos hier lundi 30 mai 2016 en plénière de l’Assemblée Nationale. Après les manifestations organisées le jeudi 26 mai à travers l’ensemble du pays en signe de solidarité avec nos compatriotes victimes des tueries, vols, viols, exactions et pillages dans cette partie de la République de la part de plusieurs forces occultes, dont les rebelles ougandais ADF, les questions orales avec débat adressées au Vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, ainsi qu’au ministre de la Défense, étaient les bienvenues.

D’aucuns pensaient que le ras-le-bol des Congolais allait trouver relais idéal au Palais du peuple. Point n’est besoin de souligner que notre peuple n’arrive pas à comprendre qu’un petit conglomérat d’aventuriers puissent terroriser, de manière quasi permanente et dans la durée, une zone opérationnelle où sont basées à la fois les Forces Armées de la République Démocratique du Congo, les forces de la Monusco et la Brigade internationale d’intervention des Nations Unies.

Droit à l’information

Au regard du cycle infernal des têtes coupées à la machette, de femmes violées et mutilées, de villages et champs incendiés… sans que leurs auteurs ne soient appréhendés ni identifiés, beaucoup de Congolais sont tentés de croire à des complicités internes dangereuses. Au vu de ce climat de suspicions envers à la fois les
FARDC, les Casques bleus et les éléments de la Brigade internationale d’Intervention, la plénière d’hier lundi à l’Assemblée nationale était tout indiquée pour livrer les bonnes informations à l’opinion nationale congolaise.

Un débat public aurait permis non seulement de stigmatiser les maillons faibles de notre système de défense, mais aussi éclairer la communauté nationale sur les efforts – financiers, logistiques, politiques, diplomatiques – que déploie le gouvernement pour arriver à éteindre le brasier de Beni.

L’opinion congolaise a grandement soif de savoir si les services de sécurité civile et militaire font correctement leur travail sur le terrain pour renseigner les forces congolaises et onusiennes sur les mouvements exacts des bandits ADF et leurs potentiels complices. Car, à la lumière de la facilité avec laquelle ils frappent sans se faire
surprendre, l’on peut douter de la coordination des actions de riposte sur la ligne de front.

C’était fort maladroit de sanctionner la collectivité nationale avec le huis clos, car la porte est maintenant ouverte de plus belle aux rumeurs de toutes sortes. Dans la situation présente de la gestion de la situation sécuritaire à Beni, des millions de compatriotes ont d’être servis non pas en rumeurs mais plutôt en informations rassurantes quant à l’engagement du gouvernement à ne rien laisser au hasard pour ramener, à plus ou moins courte échéance, une paix durable
dans cette partie de la République.

Des députés cachottiers au Nord-Kivu

Il est fort dommage que la loi du silence soit l’émanation du groupe
parlementaire du Nord-Kivu, celui-là même qui aurait dû, au contraire,
exiger que le boa soit éventré publiquement. La conséquence à craindre
à présent est que si l’insécurité persiste, ces députés nationaux
demandeurs du huis clos ne soient assimilés aux traitres à la cause de
la patrie. Car, en tournant et retournant le dossier sécuritaire du
territoire de Beni, on ne voit pas ce que les élus du Nord-Kivu
redoutaient dans des échanges publics entre deux membres du
gouvernement, responsables du secteur de la sécurité et de la défense,
et la Représentation nationale.

BIAC : secret de polichinelle

L’autre face du huis clos est que ce que d’aucuns considèrent comme
top secret se retrouve, au bout du compte, sur toutes les places
publiques. Le cas le plus récent concerne le dossier BIAC, pour lequel
le Gouverneur de la Banque Centrale du Congo était entendu à
l’Assemblée Nationale, à l’insu du public. Au finish, des informations
revêtues du sceau de la confidentialité ont fait le tour de la ville.
Moralité : dans ce pays tout finit toujours par se savoir.
Kimp

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