ALTERNANCE DÉMOCRATIQUE : MESSAGE FORT D’OBAMA À KABILA

Obama Fiscal Cliff

Le président des Etats-Unisa choisi la date de la commémoration des 56 ans de l’indépendance de la RDC pour rappeler au président Joseph Kabila que le moment est arrivé pour« le premier passage pacifique et démocratique imminent du pouvoir » dans son pays. Cette alternance démocratique attendue par Washington passe par le respect de la Constitution et des délais constitutionnels. Bref, le message de Brack Obama dans la lettre envoyée à Kinshasa est clair mais aussi fort quand il précise que « Nous sommes aux côtés du peuple de la RD-Congo ». 

Le Potentiel

Après deux mandats à la tête des Etats-Unis, superpuissance mondiale, Barack Obama veut laisser, particulièrement en Afrique, une marque indélébile de son passage à la Maison blanche. A Accra, capitale du Ghana, en 2009, Barack Obama s’était adressé pour la première au continent noir, terre de son père. Il rappelait, à l’époque, que l’Afrique avait plus besoin d’institutions fortes que d’hommes forts. Cinq ans plus tard, il récidivait à Addis-Abeba, au siège de l’Union africaine en prononçant un discours mémorable ; une apologie de la démocratie.

Alors qu’il se prépare à quitter la Maison blanche – en janvier 2017 – Barack Obama joue sa dernière carte pour la sauvegarde de la démocratie africaine. En août 2015, il avait reçu à Washington des chefs d’Etat et de gouvernements africains pour leur présenter la nouvelle politique africaine des Etats-Unis. Gare à ceux qui n’ont pas bien perçu le message des Etats-Unis. Car, la roue de l’histoire se chargera de leur rappeler un jour.

Déjà à Addis-Abeba en juillet 2015, du haut de la tribune de l’Union africaine, le président des Etats-Unis l’avait signifié à toute l’Afrique. Aux dirigeants qui hésitaient de rejoindre le train de la démocratie, Barack Obama a été tranchant : « Les progrès démocratiques en Afrique sont en danger quand des dirigeants refusent de se retirer une fois leur mandat terminé… Personne n’est au-dessus de la loi, même le président. Je vais être honnête avec vous, j’ai une vie après la présidence ! (…) Lorsqu’un dirigeant essaie de changer les règles au milieu de la partie pour rester en poste, il s’expose à l’instabilité et à la discorde, comme nous l’avons vu au Burundi ».

Washington a fait son choix

Décidément, Barack Obama est resté le même. Il n’a pas changé d’un iota sa position.  Pour le cas spécifique de la RDC, il vient d’enfoncer le clou. Dans le massage des vœux transmis au président Kabila à l’occasion de 56 ans de l’indépendance de la RDC, il a rappelé ses attentes par rapport au processus démocratique. «Votre pays est sorti des ravages de la guerre et a atteint une stabilité et une prospérité accrues. Nous sommes aux côtés du peuple de la RD Congo et nous soutenons le premier passage pacifique et démocratique imminent du pouvoir », a indiqué le président Obama, cité par Jeune Afrique.

Dans ses rapports avec Kinshasa, Washington pense déjà à un scenario qui, apparemment, ne met pas en scène le président Kabila. « Nous attendons avec impatience nos relations futures avec une République démocratique du Congo stable, démocratique et prospère », a martelé le président des USA.

Est-ce que Kinshasa a clairement perçu le message d’Obama ? Ce n’est pas évident. Car, dans son adresse à la nation à l’occasion des 56 ans de l’indépendance, Joseph Kabila a plutôt opté pour la ligne dure. Une réplique autant au message du président des Etats-Unis qu’à d’autres chefs des gouvernements occidentaux qui s’inquiètent de l’enlisement du processus électoral congolais. Dès lors, faut-il s’attendre à une confrontation entre Kinshasa et l’Occident ? wait and see.

En brandissant l’arme de la souveraineté, le chef de l’Etat a choisi, à son tour, son camp. Il voudrait mener le processus électoral à son goût, loin de toutes « ingérences étrangères, intempestives et illicites ». Et de rappeler : « Le credo de notre lutte demeure le respect du droit de notre peuple à s’autodéterminer ».

En ce qui concerne la RDC, Barack Obama a multiplié des émissaires pour recadrer l’action de Kinshasa. Hillary Clinton, John Kerry, Russ Feingold, et dernièrement, Tom Perriello. La lettre à Joseph Kabila serait-elle le dernier message d’avertissement ? Difficile à dire. Fin mandat, Barack Obama est déterminé à faire respecter la voie tracée par les Etats-Unis concernant le respect de la Constitution et des délais constitutionnels. N’en déplaise au discours souverainiste de Kinshasa.

Par devoir de mémoire, nous reproduisons en encadré l’essentiel du message de Barack Obama en juillet 2015 à Addis-Abeba. 

 

Les points clés du discours de Barack Obama au siège de l’Union africaine

Barack Obama a donné mardi le premier discours d’un président américain au siège de l’Union africaine, au terme d’un voyage de deux jours en Éthiopie. À cette occasion, il a réitéré les messages clés de ses allocutions au Kenya et en Éthiopie, en invitant les présidents africains à ne pas s’accrocher au pouvoir.

L’Éthiopie, exception démocratique de la tournée africaine de Barack Obama

D’entrée de jeu, Barack Obama s’est montré « reconnaissant » de pouvoir enfin s’adresser devant les représentants d’un milliard de personnes sur le continent, au siège de l’Union africaine à Addis-Abeba, mardi 28 juillet. Une première pour un président américain en fonction.

Le premier président noir des États-Unis a parlé en tant que « fier Américain » mais surtout en tant que « fils d’un Africain », a-t-dit en faisant clairement référence à ses origines kényanes.

Sans grande surprise, les thèmes de la démocratie, du terrorisme, de la corruption et des droits des femmes se sont retrouvés au cœur de son discours.

La démocratie « en danger » à cause des dirigeants qui s’accrochent au pouvoir

Barack Obama a profité de cette tribune pour tacler les présidents africains qui s’accrochent au pouvoir, en enchaînant les déclarations provocatrices mais toujours avec une touche d’humour.

« Les progrès démocratiques en Afrique sont en danger quand des dirigeants refusent de se retirer une fois leur mandat terminé. Laissez-moi être honnête avec vous. Je comprends ! Je suis privilégié de servir comme président. J’adore mon travail mais notre Constitution ne me permet pas de me présenter à nouveau. Je pense que je suis un bon président ! Si je me représentais, je pense même que je pourrais gagner ! Mais je ne peux pas… Personne n’est au-dessus de la loi, même le président. Je vais être honnête avec vous, j’ai une vie après la présidence ! », a-t-il lancé sous les rires et les applaudissements nourris de la salle, en ajoutant qu’il serait alors plus disponible pour visiter l’Afrique plus souvent.

Barack Obama a appelé l’Union africaine à condamner vivement les coups d’État et à faire en sorte que les dirigeants respectent le nombre maximal de mandats déterminés par la Constitution de leur pays.

« Lorsqu’un dirigeant essaie de changer les règles au milieu de la partie pour rester en poste, il s’expose à l’instabilité et à la discorde, comme nous l’avons vu au Burundi », a-t-il dénoncé en faisant référence au troisième mandat contesté du président Pierre Nkurunziza.

« La démocratie n’est pas seulement la tenue d’élections. Quand des journalistes sont emprisonnés parce qu’ils ont fait leur travail ou des activistes parce qu’ils ont défendu leurs idées, vous avez peut-être une démocratie sur le papier mais pas en substance », a-t-il ajouté sur un ton ferme, tout en reconnaissant que même la démocratie américaine n’était « pas parfaite ».

Une heure après la fin de son discours, Barack Obama a quitté l’Éthiopie, mettant fin à sa deuxième mini-tournée africaine qui aura duré quatre jours.

 

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