Affaire Chebeya: L’APJ Kabongo, un témoin gênant ?

Affaire Chebeya: L’APJ Kabongo, un témoin gênant ?

Cinq ans après l’assassinat de Floribert Chebeya et de Fidèle Bazana, le procès en appel à Kinshasa devant la Haute cour militaire de la RD Congo donne lieu à des rebondissements avec une mystérieuse « troisième victime » qui aurait été tuée le 1er juin 2010.

Selon les parties civiles, « il s’agit d’un policier, Kabongo, qui en savait trop ». C’est une nouvelle piste d’investigation qui va déranger tant pour la manifestation de la vérité dans le dossier judiciaire sur ce double assassinat, planifié par les géants de l’industrie criminelle.

Lors de l’audience du lundi 13 juillet 2015 devant la Haute cour militaire sur l’assassinat de Floribert Chebeya, défenseur des droits de l’homme et directeur exécutif de l’ONG la Voix des sans-voix (VSV), et de son chauffeur Fidèle Bazana, l’un des avocats des parties civiles a affirmé qu’il s’agissait « d’un policier de la police nationale, l’agent Kabongo, qui était affecté à la brigade canine à l’époque des faits ».

Me Jean-Marie Kabengela, du Collectif des parties civiles, est convaincu que « le nom de ce policier est apparu dès le premier degré de l’affaire ».

« On a parlé d’un APJ [agent de police judiciaire, ndlr] Kabongo qui revenait du camp, où il a été cherché du sel pour faire la cuisine chez les policiers… Depuis lors, on n’a jamais retrouvé l’APJ Kabongo », a fait savoir l’avocat, qui demande à la Haute cour militaire d’enquêter sur le cas de ce policier disparu.

Le nom du policier apparaît effectivement dès la première instance, notamment dans le compte-rendu d’une audience de décembre 2010 dressé par l’ONG Action contre l’impunité pour les droits humains.

L’ONG a fait état du policier Kabongo, qui devrait être entendu le 30 décembre 2010, mais qui n’a « pas été atteint ».

Les parties civiles demandent une nouvelle instruction

Le motif de cette disparition est clair, selon les parties civiles : « Nous sommes en droit de croire que la troisième personne qui devait être assassinée ce jour-là, c’est l’APJ Kabongo, parce que, de son retour du camp Kokolo et ayant vu ce qu’il se passait, il s’était caché. Et de sa cachette, il observait tout ce qui se passait contre Floribert Chebeya », a soutenu Me Kabengela.

Mais il est difficile à la Haute cour militaire de s’intéresser à ce cas à ce stade de la procédure. En appel, la Cour ne peut en effet examiner le dossier que tel qu’il a été transmis par le juge.

Pour Me Richard Bondo, autre avocat membre du collectif des parties civiles, « il faudrait pouvoir reprendre le procès en première instance, pour enclencher une nouvelle instruction ».

Au cours de l’audience du 13 juillet 2015, l’ancien chauffeur du colonel Daniel Mukalay, Kalala Kalao, a affirmé que certains de ceux qu’il accuse d’être les assassins de Floribert Chebeya et de Fidèle Bazana auraient été « exfiltrés vers la province du Katanga par le général John Numbi Banza ».

L’ancien inspecteur général de la Police nationale congolaise leur aurait « confié de nouvelles affectations », selon le témoignage de Kalala Kalao, cité par RFI.

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