Les candidats à la présidentielle au Congo-Kinshasa et leurs sorties médiatiques

« Ils nous dominent plus par l’ignorance que par la force. » S. BOLIVAR
Il est de temps en temps surprenant que les membres des partis politiques des candidats à la présidentielle au Congo-Kinshasa ainsi que leurs fanatiques refusent que leurs points de vue soient remis en question ou leurs projets de société débattus de manière contradictoire. Il est curieux que les mêmes soutiennent que le Congo-Kinshasa est en train de devenir  »une jeune démocratie » tout en caressant  »le dogmatisme ». Les sorties en vidéos avec costumes et cravates sont beaucoup préférées que les remises en question des orientations et réflexions des candidats  »futurs présidents de la République ». Il y a comme  »une prise en otage de la pensée » au nom du fanatisme ou de l’appartenance à un parti politique.
Concrétisons en prenant deux exemples. Le premier.Nous apprenons qu’un candidat à la présidence du Congo-Kinshasa ira participer, ce mercredi 13 juillet, à une table ronde d’un think tank américain dénommé Atlantic Council. Depuis tout en temps, après avoir découvert les médias alternatifs, chaque fois que nous avons une nouvelle de ce genre, nous recourons à leurs moteurs de recherches pour en savoir un peu plus sur ledit think tank. Et voici ce que nous donne, entre autres, le moteur de recherche du Grand Soir :  »Atlantic Council : l’officine de propagande de l’OTAN ». En conclusion, cet article retient ceci : « L’Atlantic Council est un lobby qui regroupe en son sein une multitude d’anciens secrétaires d’Etat américains, et il entretient des liens étroits avec l’état américain. L’Atlantic Council est financé par des états et des multinationales qui engrangent des bénéfices colossaux dans les secteurs liés directement ou indirectement à la guerre. Véritable bélier au service des guerres sous faux prétextes, (Yougoslavie, Afghanistan, Irak, Libye), l’Atlantic Council est la représentation parfaite du réseau de propagande efficace et moderne qui réunit les plus hauts niveaux des différents pouvoirs (politiques, médiatiques, financiers, administratifs et militaires). L’OTAN possède avec l’Atlantic Council un outil idéal pouvant convaincre du bien-fondé de ses actions un public très large du fait des différentes apparences de ses mandataires. Ces propagandistes ont un autre avantage, celui de communiquer sans jamais avoir en face le moindre contradicteur. » Après la lecture de cet article et de sa conclusion, nous nous posons cette question : « Comment un futur candidat à la présidence de la république au Congo-Kinshasa, un pays en guerre raciste de prédation perpétuelle peut nouer des contacts avec  »un véritable bélier au service des guerres sous faux prétextes ? » Et ce lien est noué au moment où Tony Blair est désavoué en Grande-Bretagne pour avoir, effectivement, soutenu une guerre sous faux prétexte en Irak. A une telle approche, nous devrions nous attendre à un débat contradictoire, mené à partir des sources différentes des nôtres. Que non ! Le problème se réduit à ceci : « Vous, vous ne voulez pas accepter comme président de la République quelqu’un qui a fait ses preuves au moment où il était gouverneur de la province du Katanga. Vous ne l’aimez pas. » Drôle ! C’est comme si ce genre de réflexions donnait raison à celui qui a dit : « Pour cacher la vérité aux africains (à certains africains, disons-nous), il faut la mettre dans un livre. »
Actuellement, tout le monde est sur Internet. Mener une recherche à partir de deux ou trois moteurs de recherche est un jeu on ne peut plus simple. Non. On refuse cela pour s’en prendre à ceux qui, par passion pour le Congo-Kinshasa et pour la recherche, s’adonnent tant bien que mal à ce travail.
Prenons un deuxième exemple. Un candidat à la présidence de la République ayant participé aux échanges précédent le dialogue mené sous la supervision de la fameuse communauté internationale se confie à la Radio Okapi et dit : « Les échanges étaient très fructueux. Et nous sommes convaincus que nous aurons ces élections. Et nous sommes convaincus que cette fois-ci la communauté internationale va avoir pitié du peuple congolais. Ce peuple qui a tant souffert qui constate que M. Kabila ne veut pas partir».
Et nous ne savons pas poser à ce candidat les questions du genre : « Pourquoi la communauté internationale qui n’a pas eu pitié du peuple portugais, espagnol, grec, italien, etc. au moment où elle imposait des mesures austéritaires pourrait-il en avoir pour les nègres du Congo-Kinshasa dont les frères et sœurs sont tués chaque jour à Beni et dans plusieurs villes américaines ? Comment ce candidat à la présidentielle en est-il arrivé à perdre de vue que  »le génocide congolais » est le produit du cynisme des grandes puissances1, membres influents du conseil de sécurité ; et que  »les crimes organisés » au Congo-Kinshasa participent des  »guerres secrètes de la politique et de la justice internationales2 ? » Non. Monsieur le candidat à la présidence, les relations entre les Etats, du point de vue internationale, ne sont pas fondés sur  »la pitié ». Non. A défaut d’être fondées sur le droit international et la charte de l’ONU, elles le sont sur les rapports de force. La guerre perpétuelle imposée au Congo-Kinshasa a aussi comme objectif de briser toute velléité de résistance congolaise et de soumettre nos masses populaires aux diktats des  »maîtres du monde et de ceux qui leur obéissent ». Pendant la deuxième guerre mondiale, pour atteindre les mêmes objectifs,  »ces maîtres du monde » ont tué plus de 25 millions de Russes. Non. Ils sont les mêmes et ils sont cyniques. Ils ont renoncé à la reconnaissance de l’autre dans sa dignité. Ils ont renoncé à la reconnaissance de l’altérité. Le 1%, partisan du capitalisme sénile, entretient des guerres de balkanisation et de l’entretien du  »chaos créateur » sans état d’âme.
Les membres des partis politiques et les fanatiques de ces candidats sont-ils au courant de cette approche de la guerre raciste perpétuelle de prédation menée contre leur pays ? Savent-ils que c’est aussi une guerre d’expropriation des terres comme c’est déjà le cas à l’Est ? Et que Boshab demande aux Congolais(es) de se soumettre3 ?
Il y a, dans le chef de plusieurs compatriotes, une pratique de la politique de l’autruche face à la tragédie congolaise. De là à nous imposer  »un dogmatisme politique », nous disons : «  N O N ». Nous allons entretenir et provoquer le débat pour éviter, le plus que nous pourrons, que le Congo-Kinshasa de demain ne soit pas dirigé par des incultes et/ou des aventuriers. Nous nous battrons jusqu’à la dernière goûte de notre sang.
Mbelu Babanya Kabudi
1Lire P. PEAN, Carnages. Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique, Paris, Fayard, 2010.
2Lire F. HARTAMANN, Paix et châtiment. Les guerres secrètes de la politique et de la justice internationales, Paris, Flammarion, 2007.

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