Neutraliser la CENI : un schéma apocalyptique

Neutraliser la CENI : un schéma apocalyptique

Le projet de loi sur la répartition des sièges aux élections municipales, urbaines et locales divise. La Majorité, qui tient à ce projet de loi pour des raisons qu’elle est la seule à maîtriser, tente le tout pour le tout. Contactée pour cautionner la supercherie, la CENI a dit niet. Aussi est-elle désormais dans le viseur des faucons de la MP qui ne jurent plus que par l’éjection des responsables de cette institution citoyenne. Si d’aventure la menace se concrétisait, le processus électoral en prendrait un grand coup, et partant l’on rentrerait de plain-pied dans un schéma apocalyptique.

C‘est le mardi 4 août 2015 que se clôture, en principe, la session extraordinaire du Parlement. Plus que deux semaines nous séparent de cette date. Pendant ce temps, à l’hémicycle du Palais du peuple les deux Chambres se hâtent lentement.

Entre l’Opposition et la Majorité, les violons sont loin de s’accorder autour du projet de loi portant répartition des sièges aux élections municipales, urbaines et locales. L’examen en plénière de cette matière essentielle pendant la session en cours, devient une gageure. Certes, on n’est pas encore dans l’impasse, mais des signes avant-coureurs n’excluent plus cette hypothèse.

A l’Assemblée nationale, on est pour le moment embourbé dans le juridisme pour tenter, par toutes les manières, de sauver ce projet de loi. Pas évident qu’on s’en sorte de si tôt. Des signes de blocage se multiplient à deux semaines de clôture de la session extraordinaire.

Des nouvelles en provenance de l’hémicycle ne prédisent pas un dénouement dans l’immédiat. De profondes divergences persistent encore entre les deux principales forces politiques de l’Assemblée nationale. Des préalables, et non des moindres, tardent â être vidés.

Dans sa détermination à faire passer à tout prix ce projet de loi, l’Assemblée nationale a fini par s’enfermer dans son propre piège. L’Opposition a donc fini par trouver gain de cause dans l’exception qu’elle avait déjà soulevée à l’ouverture de la session en cours.

CHASSEZ LE NATUREL…

L’on se rappelle que l’Opposition avait estimé que le projet de loi portant répartition des sièges ne devait pas faire l’objet d’un projet de loi à débattre en plénière pour la bonne et simple raison que cette matière relève en principe de la compétence de la CENI qui devait en faire une annexe à la loi électorale. C’est donc un texte réglementaire et non un projet de loi. Malgré cet argumentaire, le bureau de l’Assemblée nationale avait jugé utile de passer outre la suggestion de l’Opposition.

Aux dernières nouvelles, il nous revient que le bureau de l‘Assemblée nationale aurait pris conscience de son erreur d’appréciation. Aussi a-t-on projeté d’examiner cette répartition des sièges non sous forme d’un projet de loi mais plutôt comme des annexes à la loi électorale. Chassez le naturel, il revient au galop.

Un schéma macabre
Là aussi, le tour n’est pas facile à jouer. Car, certains membres du gouvernement, prétendant parler au nom du chef de l’Etat, ne cessent de faire pression sur la CENI pour adhérer au plan de la MP.

Voilà qui fait dire à certains observateurs que l‘l’Assemblée nationale se trouve dans la situation ‘est pris qui croyait prendre”. Les matières faisant l’objet d’une session extraordinaire ne pouvant pas être modifiées en cours de session, c’est le blocage ; à moins que l’on veuille poursuivre le forcing sans se préoccuper des violations successives de la Constitution, des lois et autres dispositions réglementaires.

Y a-t-il alors une voie de sortie ? Pour l’instant, les issues de secours sont presque verrouillées. A moins de contraindre la CENI à contourner les procédures légales qui régissent les matières électorales. A la Majorité, tout est mis en place pour mettre au pas la CENI. Une démarche qui, pour l’instant, est vouée à l’échec.

On ne le dira jamais assez le schéma de la MP est plus que suicidaire. Des sources concordantes rapportent que le bureau de la CENI n’est pas prêt à jouer le jeu. Celle-ci crie à l’imposture. Dans une sorte de front de résistance, elle se montre déterminée à barrer la route au projet macabre que tente de lui faire endosser la Majorité.

En clair, la CENI refuse de porter le chapeau – comme le pousse la Majorité- d’un quelconque blocage du processus électoral. Elle s’appuie sur la loi qu’elle est censée faire appliquer dans toute sa rigueur. En l’absence de M. l’abbé Malumalu, à l’étranger pour des raisons de santé, c’est André Mpungwe, son adjoint, qui tient les commandes de la Ceni. C’est lui, malgré son appartenance au PPRD, qui refuse de se laisser embarquer dans un schéma qui va droit dans un cul de sac.

Ainsi, à défaut d’obtenir l’allégeance du bureau de la CENI, la Majorité a choisi la méthode Ibi-te, notamment l’intimidation et le chantage. Elle réfléchit déjà sur une option de neutralisation du bureau de la CENI. Le sujet fait débat dans les milieux politiques.

La CENI fait remarquer que le gouvernement ne lui facilite pas la tâche, notamment en refusant de rapporter les décrets signés par le Premier ministre, lesquels portent érection des villes et communes. Autre, c’est le fait que le vice-Premier ministre en charge de l’intérieur s’est hâté de fixer des dates pour l’élection et l’installation des gouverneurs de nouvelles provinces, alors que la matière relève de la compétence exclusive de la CENI.

Comme frappé d’amnésie, le gouvernement ne se préoccupe de rien. Comme un naufragé qui a perdu tout espoir, la Majorité tente le tout pour le tout, jusqu’aux options les plus sordides pour atteindre son objectif c’est-à-dire le glissement.

PISTE DE SORTIE

Aujourd’hui, c’est vers la CENI qu’elle oriente ses flèches mouchetées. Or faire sauter le bureau actuel de la CENI, ce serait compromettre le processus électoral en cours qui devra aboutir en douceur en 2016 pour permettre une alternance à la tête de l’Etat. Tout autre plan qui s’écarte de ce schéma constitutionnel est dores et déjà voué à l’échec, car il saborderait le processus démocratique qui chancelle depuis plus de vingt-cinq ans.

Le schéma de la MP est apocalyptique. Il va déboucher sur le chaos qui sera au rendez-vous, avec tout ce que cela implique comme conséquences sur la stabilité de la RDC. Puisqu’il s’agit d’un projet de quelques individus, il faudrait y faire échec. De quelle manière : en mettant ces derniers hors d’état de nuire. Cette charge revient au chef de l’Etat, garant de la nation et au nom de qui tous ces individus qui jouent aux têtes brûlées parlent. Au cas contraire, c’est sur lui que tout va retomber en dernier ressort.

LE POTENTIEL

Leave a comment

Your email address will not be published.


*