Quel avenir pour le GRAND KASAÏ en République Démocratique du Congo?

Par Victor Diela

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Actuellement, il est constaté unanimement que le territoire du GRAND KASAÏ, dans son ancienne configuration, présente un état d’inactivité économique sans précédent ; un niveau de délabrement des infrastructures routières indescriptible ;  un format des conditions de vie précaires:  Abandon de la population à son triste sort sans eau potable ni énergie électrique, dégradation de l’éducation de la jeunesse, absence des soins de santé, bref un profil inhumain et inimaginable.

En passant de KANANGA à MBUJI-MAYI, en visitant KABINDA et LODJA, en faisant un tour à TSHIKAPA et à LUIZA, en s’informant sur des nouvelles de LUEBO et de MWENA-DITU,  l’image de désolation et de désespoir sur toute l’étendue du Kasaï est  comparable à celle d’une maison de deuil pendant que les filles et les fils du Kasaï éparpillés à travers le monde ne font que se plaindre de cet état des choses. Ils se cherchent des coupables internes et externes, se contentent de leurs réussites personnelles là où ils se sont installés et  s’endossent mutuellement des responsabilités. Cela devient comme un combat entre groupes où chacun défend son camp.

A titre de rappel, pour ceux qui l’auraient oublié ou pour ceux qui ne le savent pas, la ville de Luluabourg au Kasaï Occidental était prévue pour devenir la capitale du Congo par les Belges en fonction de sa localisation au centre du pays. Cette position géographique est un atout majeur parce qu’elle permet d’optimaliser les liaisons entre  toutes les provinces du pays. C’est ainsi que la conception et la construction de la ville de Luluabourg  répondaient aux standards d’urbanisation.  Il y avait de l’eau potable, de l’électricité, des routes asphaltées et entretenues, des infrastructures hospitalières acceptables et de très bonnes écoles.  Donc c’était une province tournée vers l’avenir où il faisait beau vivre.

Quant à la province du Kasaï Oriental, nouvellement créée, elle se construisait autour de l’activité économique de la société Minière de Bakwanga (La Miba).  La province du Kasaï Oriental affichait tous les indices objectifs de son développement socio-économique.  Qui ignore que c’est la société MIBA qui a financé la quasi-totalité de l’effort des guerres dans notre pays la République Démocratique du Congo.  Donc c’est une province qui avait des ressources pour garantir son développement.

Qu’en est-il aujourd’hui du Grand Kasaï tant vanté par ses filles et ses fils au fil des années ?  Cette question vaut la peine d’être posée.  Surtout, chaque fille et chaque fils de cette région doit s’interroger sur sa part de contribution dans l’amélioration des conditions de vie de nos populations au Kasaï.

La réponse est claire, nette, palpable et est connue de tout le monde.  A ce jour, il n’y a aucune réalisation à impact susceptible de donner de l’espoir aux Kasaïens.  Par contre, les infrastructures routières, les hôpitaux, les centres de santé et  les écoles sont  dans un état de délabrement indescriptible et inacceptable.  Le taux de chômage est très élevé, pour ne pas parler d’un taux de 100%, à cause de l’absence des entreprises.  L’eau potable et l’énergie électrique sont des denrées rares et quasi inexistantes pour plus ou moins 90% des populations kasaïennes.  Le niveau de scolarisation  et la qualité de l’éducation de la jeunesse kasaïenne ont atteint des proportions inquiétantes qui ne garantissent pas la préparation des cadres kasaïens de demain.

Cette situation est une réalité et elle est confirmée par les diverses images sur les réseaux sociaux.  Donc mon analyse n’est pas un jugement orienté vers des individus, gouvernants ou responsables politiques soient-ils, mais il s’agit d’un constat réel de l’existant.

A quoi assistons-nous actuellement ?  A des slogans et du folklore.  J’ai suivi, avec un peu de satisfaction, l’inauguration de trente bus d’occasion à vingt-cinq places assises  à Kananga au Kasaï Central par le chef de l’Etat.  En même temps, je me suis posé la question de savoir si notre province ne méritait pas plus que ce petit charroi automobile.  Pour l’histoire, je me souviens que vers les années 70, un fils du Kasaï Occidental, particulier et commerçant de métier, avait inondé la ville de Kananga de plus ou moins cent cinquante taxis-bus neufs.  C’était significatif et cela avait contribué à améliorer le transport en commun de la ville.  Ce fait n’est pas anodin.  Non seulement il interpelle chacun et chacune de nous mais démontre surtout la capacité qui est en nous Kasaïens de nous prendre en charge.

J’apprécie  l’initiative de la centrale solaire qui a été  inaugurée à Kananga au Kasaï Central par le Chef de l’Etat.  Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras, dit-on.  Mais nous ne devons pas perdre de vue que la problématique de l’énergie électrique est la condition sine qua non pour le développement socio-économique de tout l’espace du GRAND KASAÏ.  Par conséquent, le projet de barrage hydro-électrique de chute Katende, nonobstant le temps que prend sa réalisation, reste notre fer de lance.  Donc j’invite les kasaïnes et les kasaïennes à s’allier au pouvoir politique qui inscrit clairement la réalisation du barrage hydro-électrique de chute Katende comme une priorité dans son programme d’action politique.

L’avenir prospère de l’espace du GRAND KASAÏ doit se préparer sur deux axes : l’axe du changement de mentalité et l’axe du développement de l’activité économique.

Sur le plan de la mentalité, je pense qu’il est impératif de conscientiser, sensibiliser et mobiliser les populations pour qu’elles comprennent qu’elles doivent se prendre en charge et par ricochet décider de leur destin. Certains parmi nous diront que c’est du déjà entendu.  J’accepte que cela n’est  pas une nouveauté.  Néanmoins, je reviens sur cet aspect parce que le problème reste intact.  En effet, la réalité et l’actualité confirment que les Kasaïens ne se dévouent pas  pour un devenir meilleur de leur territoire.  Pour l’illustrer, je me base sur le nombre des Kasaïens et des Kasaïennes qui sont dans les arcanes du pouvoir politique actuel et le niveau de pauvreté aigue du GRAND KASAÏ.

L’incapacité à comprendre cette attitude me pousse, à tort ou à raison,  à me demander si tous ces hommes politiques kasaïens sont conscients de leur identité.  Ce raisonnement ne traduit aucune naïveté de ma part car vous me diriez, sans doute, que c’est le Chef de l’Etat qui décide de tout dans notre pays.  La politique n’est-elle pas l’art de négocier des intérêts politiques entre alliés et entre partenaires?  Pourquoi les Kasaïens ne le font pas?  Pourtant, ils se présentent comme étant des représentants du GRAND KASAÏ.  Autrement, je suis tenté de croire que les intérêts personnels priment sur l’intérêt collectif de notre communauté.

Chacun et chacune de nous a sa part de responsabilité dans la détérioration des conditions de vie au Kasaï.  J’affirme et je reconnais que j’ai ma part de responsabilité dans la mesure où je reste sans réagir.  D’où nous devons, tous sans exception, changer notre mentalité et opter pour une vision humaniste, gage du devenir meilleur de notre Kasaï.

Sur le plan du développement socio-économique, il y a des points clés que je juge indispensables si nous voulons améliorer les conditions de vie de nos populations au Kasaï.  Je citerai : l’agriculture et la problématique des routes de desserte agricole, l’énergie électrique, l’amélioration de l’habitat, le tourisme, la prospection et la valorisation des ressources minières, une politique claire des incitants et d’accompagnement des petites et moyennes entreprises, etc…  Un programme d’action politique qui tiendrait compte des points énumérés ci-dessus induirait la création des entreprises donc  des emplois, l’amélioration du pouvoir d’achat de la population et in fine le bien-être social au Kasaï.  Le développement du GRAND KASAÏ est possible.

Victor Diela

 

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