RD Congo : une juge de Lubumbashi affirme avoir subi des pressions pour faire condamner Katumbi

Moïse Katumbi Chapwe (Congo – RDC), homme d’affaires, ancien gouverneur du Katanga, candidat à l’élection présidentielle de 2016. À Paris, le 5 juillet 2016. © Vincent Fournier/JA

Dans une lettre adressée au ministre congolais de la Justice, la présidente du Tribunal de paix de Lubumbashi, Chantale Ramazani Wazuri, assure avoir été contrainte de signer la condamnation de l’opposant Moïse Katumbi dans une affaire immobilière. Mis en cause, le chef des services de renseignement, Kalev Mutond, dément tout contact avec l’intéressée.

La liste des accusés est longue. Dans une lettre de cinq pages, signée le 25 juillet, et dont Jeune Afrique a obtenu copie, Chantale Ramazani Wazuri, la présidente du Tribunal de paix de Lubumbashi affirme avoir été forcée à condamner l’opposant Moïse Katumbi dans le litige immobilier l’opposant au Grec Emmanouïl Alexandros Stoupis.

« J’ai été obligée par Monsieur Kalev Mutond, administrateur général de l’ANR (Agence nationale de renseignement), la présidence de la république, le premier président de la Cour d’appel de Lubumbashi (mon chef hiérarchique et inspecteur de l’ANR, accompagné de douze éléments de la garde républicaine) et le procureur général près de la Cour d’appel de Lubumbashi, de condamner monsieur Moïse Katumbi Chapwe », affirme-t-elle. « Cette condamnation avait notamment pour objectif d’obtenir son inéligibilité en cas de présentation de sa candidature à la présidence de la république », poursuit la lettre.

La présidente du tribunal affirme avoir été menacée 

Candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle congolaise, Moïse Katumbi avait été condamné pour faux et usage de faux à 36 mois de prison et un million de dollars de dommages et intérêts le 20 juin en son absence. Précédemment mis en cause dans une autre affaire, il avait été autorisé à quitter le territoire congolais pour raison médicale en mai.

Chantale Ramazani Wazuri affirme avoir été menacée « d’arrestation immédiate […] avec une peine annoncée de dix ans de servitude pénale ferme ». Dans son argumentaire, elle affirme qu’elle n’aurait pas rendu la même condamnation en son âme et conscience, considérant notamment que « les faits pour lesquels Moïse Katumbi Chapwe est poursuivi sont prescrits il y a plus de dix ans ; la prescription légale étant de trois ans tant pour l’infraction de faux en écriture que pour celle de l’usage du faux ».

Kalev Mutond dément ces accusations

Joint par Jeune Afrique, l’administrateur général de l’ANR, Kalev Mutond, dément ces accusations. « Je n’ai jamais appelé cette dame, je ne l’ai jamais vue et je ne la connais même pas, affirme-t-il. Il n’y a jamais eu de pression, directe ou indirecte, de ma part ou de celle d’agents de l’ANR ».

« Je doute de l’authenticité de cette lettre, poursuit-il. Si elle existe, elle a dû être achetée ». Chantale Ramazani Wazuri n’était pas quant à elle pas joignable dans l’immédiat pour commenter ces allégations. Selon La Libre Belgique, qui cite des personnes l’ayant « côtoyée ces derniers jours », elle « se cache » car « elle sait que les autorités la recherchent. »

Interrogé sur d’éventuelles poursuites qui pourraient être entreprises contre la juge suite à cette lettre, Kalev Mutond a simplement déclaré « j’imagine que sa hiérarchie devra faire toute la lumière sur cette affaire ».

Lettre de la présidente du Tribunal de paix de Lubumbashi

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