RDC : Kalev Mutond et Alexis Thambwe Mwamba visés par une plainte pour « torture » aux États-Unis

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Darryl Lewis, l’ancien conseiller en sécurité américain de l’opposant congolais Moïse Katumbi a porté plainte pour « torture » devant la justice américaine contre le chef de l’Agence nationale de renseignement (ANR), Kalev Mutond, et le ministre de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba. Accusé d’être un « mercenaire », il avait été détenu en RD Congo pendant plus d’un mois avant d’être relâché et de regagner les États-Unis.

Darryl Lewis est un homme en colère. Cet ancien militaire américain reconverti dans la sécurité privée n’a pas du tout apprécié son escapade en RD Congo et compte bien le faire payer aux autorités congolaises.

4,5 millions de dollars demandés

Le 29 juillet, il a déposé une plainte de douze pages devant la Cour du district de Washington D.C. et dontJeune Afrique a pu obtenir une copie (la traduction en français, réalisée par les avocats de Darryl Lewis, est disponible au bas de cette article). L’Américain y porte plainte pour « torture » contre deux officiels congolais : l’administrateur général de l’Agence nationale de renseignement (ANR) Kalev Mutond ainsi que le ministre de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba. Il leur réclame 4,5 millions de dollars de dédommagement.

Recruté comme conseiller en sécurité de l’entreprise Jones Group International (JGI) par l’opposant Moïse Katumbi, Darryl Lewis avait été arrêté le 24 avril à Lubumbashi et accusé par le ministre congolais de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba, d’être un mercenaire, accusation qu’il a toujours niée.

Mauvais traitements

Lewis affirme avoir subi de mauvais traitements dans le but de lui extorquer de faux aveux pendant sa détention. « Les membres de l’ANR ont interrogé M. Lewis […] lui infligeant une douleur psychique et physique extrême, y compris frapper M. Lewis, lui tirant ses mains menottées derrière son dos afin d’exercer une pression extrême sur ses articulations autour des épaules, tout en le poussant au niveau de la tête ». Il cite, entre autre, des interrogatoires de 16 heures, des privations de sommeil et de nourriture. Il affirme aussi avoir assisté au passage à tabac d’un codétenu. « Pendant le passage à tabac, un agent de l’ANR est venu à la fenêtre de M. Lewis et a déclaré « vous êtes le suivant », affirme le texte de la plainte. Il finalement été expulsé par les autorités congolaises après six semaines de détention à Kinshasa.

Contacté par Jeune Afrique, le ministre de la Justice Alexis Thambwe Mwamba a affirmé, dans un SMS : « la République mettra des avocats américains pour défendre. Nous verrons si le juge acceptera la thèse de M. Lewis. Un Congolais qui aurait agi aux États-Unis comme Lewis en RD Congo aurait certainement eu à s’expliquer devant le FBI et autres services ».

Quid de la souveraineté congolaise ?

Un tel procès aux États-Unis pourrait-il se heurter à la souveraineté de la RD Congo ? « Ils sont poursuivis en tant qu’individus, a précisé Me Godfrey. Toutes les affaires sont différentes, mais il y a eu des précédents comme le cas Samantar ». Dans cette affaire, la Cour suprême des États-Unis avait estimé que Muhammad Ali Samantar, un ancien Premier ministre de Somalie, pouvait être poursuivi aux États-Unis en vertu de la législation contre la torture.

Les avocats de Darryl Lewis affirment, par ailleurs, que d’autres agents congolais pourraient être poursuivis si de nouvelles responsabilités étaient établies.

Darryl Lewis est défendu par Donald Pongrace et Merrill Godfrey, deux employés d’Akin Gump, l’un des principaux cabinets d’avocat et de lobbying américain. Akin Gump a également pour client direct Moïse Katumbi, qui l’a engagé pour un montant de 180 000 dollars d’avril à novembre 2016 selon l’agence Bloomberg. Interrogé par Jeune Afrique sur cette concomitance, Merrill Godfrey a simplement répondu : « mon seul client est M. Lewis ».

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