MATATA PONYO et Evariste BOSHAB ordonnent d’écraser les foules en deuil à Beni

By BLO

Boshab et Matata Ponyo

Amer constat : Le pouvoir passe d’horreur à horreur ! Deux grands dignitaires du pays viennent tracer leurs pas dans le sang des Martyrs de Beni. Ils sont la face visible qui peut résumer toute la figure emblématique du pouvoir en place. Leur présence suffit pour percevoir ipso facto l’ombre du chef de l’état lui-même.
On les pensait venir compatir avec la population de Beni dans le malheur qui ont frappé cette ville au quartier de Rwangoma.

Mais hélas ! La réalité se trouve ailleurs : il faut empêcher la population meurtrie à observer le deuil prescrit en mémoire de ses martyres. Pas de deuil communautaire (on proclame un deuil national de 3 jours et on interdit à la communauté de s’y organiser), Pas de manifestation, fût-elle pacifique… Voilà l’ordre que Matata Ponyo et Evariste Boshab sont venus intimer aux autorités politico-administratives et militaires de Beni, instruction qu’ils ont eux-mêmes reçue du chef de l’Etat. Quelle moquerie ! Quel sadisme !

mobilisation du 17 08 16

Le pouvoir en place, bien que récidiviste dans son obstination à persévérer dans les horreurs contre son peuple, est bien conscient de la force de ce dernier. Et, c’est par peur de la force de la mobilisation populaire du 17 aout 2016 que les deux bras du chef de l’état (l’un étant Premier Ministre, et l’autre Ministre de l’intérieur) se sont précipités à Beni pour imposer quelques mesures draconiennes, toujours orientées dans le sens de décimation des survivants des massacres dont le régime se montre toujours insatiable.

Oui, comme si les 127 morts du weekend dernier ne suffisaient pas, les FARDC et la Police ont été larguées dans toutes les directions de la ville de Beni pour écraser les foules sans armes qui s’apprêtaient à conclure le s trois jours de deuils dédiés à leurs morts. Le rendez-vous a été fixé au rond-point Enoch NYAMWISI de la ville de Beni.

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Il y avait environ deux mille personnes qui se sont mobilisées pour effectuer une marche de pèlerinage, à pied, de la ville de Butembo jusqu’à celle de Beni, soit sur une distance de 60 kilomètres, pour exprimer profondément leur compassion aux victimes. Cette équipe a été bloquée et prise en otage par des troupes lourdement armées des FARDC juste à l’entrée de la ville de Beni. Toutefois, un certain nombre a réussi à s’infiltrer par des voies secondaires pour contourner l’action barbare de ces agents en armes au service d’un pouvoir criminel. Ceci ne s’est pas fait sans dégâts humains considérables (torture et blessure).

La masse de personnes qui procédait vers le même objectif à partir d’Oicha a subi un sort plus triste que celui des pèlerins de Butembo. Les FARDC ont été positionnées à Matembo, tapies en embuscade et prêtes au « vendange », juste au niveau de la place MAMADOU : les milliers de personnes constituant cette masse de civils ont été copieusement tabassées, fouettées, torturées et dépouillées. Les tristement célèbres « agents de l’ordre » et de la « défense » ont tout pillé de ce que portaient ces paisibles manifestants : argent et téléphones. Au bilan, il est très difficile de délimiter le nombre de blessés enregistrés à cette occasion.

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Mais la véritable horreur sera plutôt enregistrée au cœur de la ville de Beni. Déployés dans tous les sens, les militaires FARDC ont été instruits de tirer sur tout ce qui bouge. A partir de 10 heures (heure locale de Beni), les balles ont commencé à crépiter jusqu’à la tombée de la nuit. La première personne ayant été fusillée fut un papa dont tous les membres de famille étaient tués dans les massacres du 13 aout à Rwangoma ; ce papa pleurait à la tête du cortège des manifestants.

Bilan provisoire :

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– 2 morts.
– 31 blessés, dont une étudiante membres du groupe venu de Butembo.
– 120 jeunes arrêtés.
– 1 femme identifiée comme ADF brûlée vive.

Cependant, la campagne de mobilisation de la population se poursuit avec une énergie toujours renouvelée, gagnant progressivement toute la région de l’Est :

– A Bunia, une manifestation en signe de solidarité envers Beni a culminé à la place des Martyrs ou des bouquets de fleurs ont été déposés pour la circonstance.

– En territoire de Nyiragongo, la société civile de cette entité a mobilisé ses habitants à observer scrupuleusement le programme de deuil arrêté en honneur des victimes de Beni.

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– Ce mardi, 18 août 2016, c’est à Goma qu’une journée de mobilisation en compassion et solidarité avec Beni est décrétée.

– En ce même mardi, la masse populaire de Kasindi descendant vers Beni a été stoppée et empêchée de progresser par les militaires congolais.

– Partout, toutes les couches sociales se mobilisent et s’engagent : les étudiants, la classe politique de l’opposition, etc.

La cloche aurait-elle sonné pour embraser l’éveil populaire qui conduirait au changement du Congo de demain ? Evidemment, Beni est actuellement une opportunité spéciale que le peuple congolais peut saisir pour enfin se décider, avant qu’il ne se retrouve dans le déluge…

©Beni-Lubero Online.

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