Kodjo opte pour les Concertations Nationales/bis

Edem kodjo 1
Ce que de nombreux observateurs craignaient est arrivé. Edem Kodjo, facilitateur de ce qui devait être un dialogue inclusif entre Congolais, roule depuis le mardi 23 août pour une structure qui s’apparente étrangement aux « Concertations Nationales/bis ». En effet, le Comité préparatoire chargé de fixer les termes de référence de ce forum ressemble à un fourre-tout, avec la participation des délégués de la Majorité présidentielle, auxquels se sont joint ceux d’une multitude des partis et organisations de la Société civile inexistants sur le terrain.

L’absence des poids lourds de la scène politique congolaise est remarquable. En effet, la véritable opposition représentée par le « Rassemblement dés Forces Politiques et Sociales Acquises au Changement » avec Etienne Tshisekedi (UDPS), Mwando Nsimba (Unadef), Kyungu wa Kumwanza (Unafec), Pierre Lumbi (MSR), Olivier Kamitatu (ARC), (José Endundo. (PDSÇ), Christophe Lutundula (MSDD), Moïse Katumbi (Indépendant), Raphaël Katoto (Indépendant)… n’est pas partie prenante. Edem Kodjo ne semble pas prendre la mesure du passage en force qu’il tente d’opérer en ignorant ces acteurs politiques qui ont, derrière eux, d’importantes masses militantes au pays comme en dehors de frontières nationales. Ce front du refus du dialogue fourre-tout vient de s’élargir avec son désaveu par l’Opposition Républicaine de Léon Kengo wa Dondo, dont personne n’ignore le poids politique et le riche carnet d’adresses dans ce pays.

La moindre des choses qu’il aurait dû faire, c’est de revisiter les archives récentes de la République et de se pencher singulièrement sur les résultats des Concertations nationales, organisées par le pouvoir n place en septembre-octobre 2013, dans le dessein bien arrêté de marginaliser Tshisekedi et tous ceux qu’il considérait comme non indispensables pour la résolution de la crise de légitimité au sommet de l’Etat et la construction de la cohésion nationale.

Il est bon de rappeler également à Kodjo qu’au Dialogue Inter- congolais, le pouvoir de Kinshasa et le MLC (Mouvement de Libération du Congo) avaient cru dribbler tout le monde en concluant, au noir, l’accord dit de l’Hôtel Cascades, en Afrique du Sud. La suite est connue le gouvernement d’union nationale, que devait conduire Jean-Pierre Bemba en qualité de premier ministre, après la messe noire de Matadi, fut un mort-né. Honteux de leur propre bêtise, les deux « belligérants » avaient dû revenir à Sun City, pour la finalisation et l’adoption de l’Accord global et inclusif.

Majorité mécanique sans lendemain

A l’image des architectes des Concertations Nationales, Edem Kodjo semble convaincu d’avoir de son côté la majorité de leaders des partis et plates formes politiques ainsi que ceux d’organisations de la société civile alors ce n’est pas du tout le cas. C’est le lieu de lui signaler qu’il est en train de s’appuyer sur une majorité mécanique, à l’instigation des faucons de la Majorité présidentielle, alors que le souvenir amer des Concertations nationales est encore frais dans la mémoire collective congolaise.

Le Facilitateur du dialogue devrait interroger les organisateurs de ce forum sur le sort réservé à plus de 700 résolutions adoptées à cette occasion comme le soubassement idéal pour réconcilier les Congolais avec eux-mêmes par le biais d’un gouvernement dit de « large cohésion nationale », effacer les frustrations nées des fraudes électorales de novembre 2011,construire une paix durable, booster l’économie nationale, redynamiser les secteurs du portefeuille de la santé, de l’éducation, de la culture, de l’agriculture, de a recherche, des investissements, etc. Au finish, aucune de ces résolutions n’a connu le moindre début d’application.

Si on peut reconnaître un mérite à ce forum, c’est d’avoir permis à quelques opportunistes de se caser au gouvernement.

Le Chef de l’Etat était le premier à revenir vers la minorité de la classe politique diabolisée aux Concertations Nationales, en initiant des consultations en circuit fermé avec I’UDPS, l’UNC, le MLC, les FAC, etc. Ce fruit du rapprochement entre la Majorité Présidentielle et l’Opposition originelle aurait dû être capitalisé par Kodjo, on se mettant préalablement d’accord avec elle au sujet de la Résolution 2277 et de la Constitution de la RDC. Il est dommage que tout le lobbying qu’il a mené à Kinshasa comme à Bruxelles pour rendre le dialogue inclusif soit gâché par ses dernières initiatives qui font croire qu’il roule pour la famille politique du Chef de l’Etat et qu’il ne veut pas que la crise politique congolaise trouve une issue rapide.

Ceux qui ont la chance de côtoyer le Facilitateur du dialogue devraient l’aider à tirer les leçons des schémas malheureux de l’Hôtel Cascades et des Concertations Nationales. Cela lui éviterait de foncer droit dans le mur, comme c’est le cas maintenant, et de faire perdre aux Congolaises et Congolais le précieux temps dont ils ont besoin pour atteindre l’objectif commun, à savoir l’organisation d’élections libres, démocratiques, transparentes et apaisées, unique voie de salut pour tous.

Par Kimp

 

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