RDC: « Kabila attend le désordre mais, après le 19 décembre, il pourrait le desservir »

MARIE-FRANCE CROS

La tension monte de manière inquiétante, au Congo, à trois semaines du 19 septembre, date limite pour convoquer la présidentielle destinée à remplacer le président Joseph Kabila, qui termine le 19 décembre son second et dernier mandat, selon la Constitution. Au pouvoir depuis 16 ans, il n’entend clairement pas passer la main, tandis que l’opposition promet « des actions » à partir du 19 septembre et que la communauté internationale tente de convaincre la majeure partie de l’opposition, qui s’y refuse, de participer à un « Dialogue » politique pour trouver une issue pacifique et constitutionnelle.

Pour tenter de comprendre ce qui se passe, « La Libre Belgique » a interrogé le politologue Jean Omasombo, chercheur au Musée royal de l’Afrique centrale, à Tervuren, et professeur à l’Université de Kinshasa, où il vient de séjourner.

Le Dialogue a-t-il encore lieu d’être après l’annonce par le président de la Ceni (Commission électorale nationale indépendante), Corneille Nangaa, le 19 août, que l’élection présidentielle ne pourra se tenir avant juillet 2017 au plus tôt ?

Voilà deux ou trois ans que Joseph Kabila s’en tient au Dialogue pour trouver une branche à laquelle se raccrocher; malgré la Constitution, il espère pouvoir rester au pouvoir coûte que coûte. La déclaration de Nangaa n’étonne pas; ce qui étonne, c’est la médiocrité de la classe politique congolaise. L’histoire tend à se répéter : la Majorité présidentielle n’a rien retenu de la fin de Mobutu quand elle s’imagine qu’il n’y a pas d’alternative au chef de l’Etat en fonction. Il y a bientôt 20 ans, le blocage avait conduit à la débandade du courant mobutiste et au chaos. Et dans l’opposition, voir l’affairiste Moïse Katumbi (NdlR : ex-gouverneur du Katanga) s’afficher comme prétendant providentiel à la succession, c’est l’histoire qui ricane !

C’est une classe politique sans mémoire. On dirait que les causes des problèmes sont surnaturelles, qu’un sorcier est à l’œuvre ! Personne n’est responsable de la non-tenue des élections locales depuis 2006, de celles des députés provinciaux et des sénateurs depuis 2011 ni, aujourd’hui, du retard pris par la préparation de l’élection présidentielle de novembre 2016. Si on suit la solution proposée par Nangaa – le renvoi des élections à un an – Dieu enverra sûrement un orage demain et on s’enlisera à nouveau !

Ils veulent l’enlisement, mais cela risque de ne pas être possible. En choisissant l’option du fait accompli, on risque de sortir davantage le pays de l’espace politique pour s’enfoncer dans l’inconnu et la loi de la jungle.

Par quel mécanisme ?

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