Dialogue : les travaux déjà piégés

edem kodjo conf

L’un des points à l’ordre du jour  » Accord politique et mécanismes de sa mise en œuvre et de son suivi  » sur la voie de contourner la Constitution

Les travaux du Comité préparatoire du dialogue politique national inclusif en RDC ont pris fin le samedi 27 août dernier à Béatrice Hôtel, où durant quatre jours, les participants venus de différentes composantes des Forces Vives de la Nation, à l’exception du Rassemblement des Forces politiques et Sociales acquises au Changement qui a boycotté cette rencontre, ont adopté la feuille de route proposée par le facilitateur, le Togolais Edem Kodjo.

Ils ont aussi, à leur manière, passé en revue les situations économiques, sociales, politiques et sécuritaires que connait la RD Congo, avant de se mettre d’accord pour entamer le dialogue politique à partir du 1er septembre.

Matières à débattre au dialogue

Au cours de ce forum prévu au début du 9ème mois à Kinshasa, la Société civile avec 39 délégués, la Majorité Présidentielles (MP) avec 68 délégués et l’Opposition Politique avec 68 mandataires, sans oublier les personnalités politiques qui seront désignées par le facilitateur, procéderont à l’évaluation du processus électoral, du fichier électoral, de la séquence des élections, des mesures de confiance, du calendrier électoral, en tenant compte des points précédents, des mesures d’équité et de transparence du processus électoral, surtout du fonctionnement de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), de la sécurisation du processus électoral, de la sécurité des personnes sur tout le territoire national, du budget et du financement des élections, du code de bonne conduite lors des élections et enfin d’un Accord politique et mécanismes de sa mise en œuvre et de son suivi.

Même s’il est souligné que le processus du dialogue est engagé pour traiter principalement de la problématique spécifique de l’organisation des élections apaisées, crédibles et transparentes conformément aux principes énoncés dans la Constitution, allusion n’est nullement faite à l’alternance politique en décembre prochain.

Edem Kodjo a précisé que le dialogue ne dépassera pas 15 jours et son bureau sera sous sa supervision avec un co-modérateur de la MP et son adjoint, un autre co-modérateur de l’opposition et son adjoint sans oublier le rapporteur et son adjoint qui viendront de la Société civile. Mais en cas de nécessité, le Facilitateur peut fixer une durée supplémentaire.

A voir la manière dont les choses se présentent, il faut craindre la répétition de l’épisode de l’Hôtel Cascades lors du Dialogue intercongolais en Afrique du Sud. Le dernier des sujets à l’ordre du jour intitulé  » Accord politique et mécanismes de sa mise en œuvre et de son suivi  » est l’occasion tant rêvée par la Majorité présidentielle pour faire avaliser le glissement en permettant à son autorité morale de rester au pouvoir au-delà de son deuxième et dernier mandat non renouvelable.

Déjà, les membres de cette famille politique crient haut et fort que le bail de Joseph Kabila est déjà réglé par les dispositions de la Constitution qu’ils ont toujours décortiquées à leur manière. Jusqu’alors, l’opinion se pose plusieurs questions sur ce que sera le contenu de cet Accord politique, surtout quand on sait que le gouvernement a délibérément refusé de donner des moyens à la CENI pour organiser les scrutins dans le délai.

Même si le pouvoir se frotte les mains avec toutes les chances de glisser, mais il s’agit là d’une guerre qui n’est pas encore gagnée.

Surtout que le Rassemblement et d’autres forces politiques ayant boycotté ces travaux comme le Mouvement de Libération du Congo (MLC), de Jean-Pierre Bemba, sans oublier les organisations de la société civile à l’instar de la Lucha, l’Association Africaine de Défense des Droits de l’Homme (ASADHO) , l’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ),la Voix des Sans Voix pour les droits de l’homme (VSV), les Amis de Nelson Mandela pour les Droits de l’Homme (AMNDH), l’Eglise Catholique, Filimbi, la diaspora qui militent pour la tenue des scrutins dans le délai… n’ont pas encore dit leur dernier mot.

Il est nécessaire que les organisations internationales cessent la politique de l’Autruche en voyant le mal sans le dénoncer.

La communauté internationale dispose de ce pouvoir sur base de la Résolution 2267 que la MP minimise à dessein. En dehors des USA, dont la position reste la même depuis la dernière visite de John Kerry à Kinshasa, en exigeant la tenue des élections dans le délai pour qu’il y ait l’alternance politique au pays, les autres continuent à apporter toujours leur soutien aveugle au Facilitateur Edem Kodjo, bien qu’il soit dans le schéma du  » Glissement « .

Manque de constance politique

Récusé par le Rassemblement, pour ses affinités avec le pouvoir, le facilitateur Edem Kodjo a réussi à emballer tout le monde dans ce que certains appellent congrès de la MP avec ses partenaires du gouvernement.

C’est ainsi que Léon Kengo wa Dondo, président du Sénat et l’autorité morale de l’Opposition Républicaine (OR) a pris part le vendredi dernier aux travaux du comité préparatoire du dialogue. Pourtant l’OR avait dans une déclaration dit qu’elle boycottera les travaux de Béatrice-Hôtel, faute d’inclusivité. Mais 24 heures après, l’OR a surpris tout le monde en annonçant dans une déclaration qu’elle a levé le boycott.

On a remarqué aussi la présence dans la salle de l’homme qui avait demandé à sa grand-mère de maudire le dialogue s’il ne pas désigné au comité préparatoire de ce forum. Il s’agit du député Justin Bitakwira, qui était assis aux cotés de Steve Mbikayi. Ce dernier avait récusé Edem Kodjo et exigé son départ.

Effectivement, les travaux du comité préparatoire du dialogue politique national ont été comparés à un congrès de la MP et ses alliés.

Implications des diplomates

Dès le début des travaux du comité préparatoire du dialogue, des voix se sont levées pour fustiger le manque d’inclusivité surtout l’absence dans la salle des délégués de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social(UDPS), le G7, l’Alternance pour la République (AR), le Mouvement de Libération du Congo (MLC)…. Mais les diplomates accrédités en RDC ont promis de fournir un effort et de prendre contact avec le Rassemblement des Forces Sociales et politiques acquises au Changement pour le convaincre de prendre part au dialogue censé résoudre la crise politique qui secoue le pays depuis les élections du 28 novembre 2011 et son corolaire qui est la légitimité du pouvoir.

L’Ambassadeur des USA en RDC et le chef de la délégation de l’Union Européenne au Congo-Kinshasa ont été clairs. En se confiant à la presse après la clôture de ces travaux, ces diplomates ont déploré le manque d’inclusivité. Même le facilitateur Edem Kodjo a indiqué dans son discours de clôture qu’il va travailler avec les diplomates et plaider auprès du gouvernement pour que les préalables de l’opposition soient satisfaits afin que le dialogue soit inclusif.

Vivement les préalables de l’opposition

Bien qu’elle n’a pas obtenue ce qu’elle cherchait avant le dialogue, l’opposition congolaise continue à brandir ses préalables et a transmis le samedi dernier au facilitateur, Edem Kodjo, une liste des prisonniers politiques et d’opinion dont certains sont bénéficiaires d’amnistie Après s’être réuni, vendredi 26 août dernier, à Kinshasa, en séance extraordinaire, la Coalition des Alliés d’Etienne Tshisekedi, principalement le Présidium, instance suprême d’inspiration, d’orientation et de décision, a déclaré ne pas être concerné par les assises de l’Hôtel Béatrice, et n’y a délégué personne.

Toutefois, ces alliés de Tshisekedi rappellent à l’opinion tant nationale qu’internationale qu’ils restent mobilisés pour un dialogue véritable, crédible et inclusif.

Aussi, cette structure rappelle son adhésion à la récusation du facilitateur togolais Edem Kodjo, ainsi qu’aux autres préalables du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, dont la libération des prisonniers politiques tel que l’honorable Eugène Diomi Ndongala.

Car, constatent ces alliés, sous la houlette d’Edem Kodjo,  » devenu chef de file des Kabilistes, le camp de la Mouvance présidentielle s’élargit et se restructure dans un Hôtel de la capitale « .

Pour le Présidium de cette Coalition,  » le dialogue politique attendu par notre peuple est celui prôné dans la Feuille de route de l’UDPS à laquelle les Alliés du président Etienne Tshisekedi ont adhéré, qui mettra, le moment venu, face à face Joseph Kabila et les siens d’une part et Etienne Tshisekedi avec les siens, d’autre part.

Par ailleurs, le Présidium tient à rappeler son attachement au respect de la Constitution, son soutien indéfectible à l’Acte d’Engagement et aux résolutions de la conférence de Genval, son adhésion à la mise en œuvre intégrale de la Résolution 2277 du Conseil de sécurité de l’ONU.

En définitive, les Alliés d’Etienne Tshisekedi restent vigilants au mot d’ordre du Rassemblement quant au  » respect du délai de préavis qui commence le 19 septembre 2016 et expire le 19 décembre 2016 « .

Parmi les alliés de Tshisekedi qui ont signé cette déclaration, il y a Lisanga Bonganga du Front Populaire, François Muamba Tshishimbi pour le compte de l’ADR et Alliés, Laurent Batumona du Front du Peuple, Willy Mishiki de la Coalition Unana/Mai-Mai et Alliés, Kitenge Yezu de la Convention des Républicains, François Lumumba du Regroupement pour l’Alternative Lumumbiste, Kwabo Mudipuku de la Dynamique Congo Uni, Emmanuel Ilunga de l’Union pour un Franc Dialogue, la Majorité Présidentielle Populaire d’Eugène Diomi Ndongala, Soutien à Etienne Tshisekedi avec Albert Mpolesha, Dynamique Tshisekedi Président.

Par KerK et GKM

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