Kengo – A. Minaku : le spectre de janvier

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minaku-kengoLe décor d’un nouveau bras de fer entre le Sénat et l’Assemblée Nationale semble solidement planté. Comme en janvier 2015 pour le cas de la Loi électorale, les deux chambres du Parlement n’émettent pas sur la même longueur d’ondes dans la lecture de la Loi sur la répartition des sièges par circonscription électorale pour les élections locales et samedi 25 juillet par les députés de la Majorité comme une lettre à la poste, sous la conduite du président de leur bureau, Aubin Minaku, malgré les protestations et observations de certains de leurs pairs, le texte a fait l’objet de sévères critiques de la part des sénateurs, toutes tendances confondues, hier mardi 28 au Sénat.

La maison des « Sages », comme on l’appelle, a fait savoir qu’elle n’allait pas cautionner une « monstruosité juridique ». Et, pour s’assurer qu’elles ne vont pas se tromper dans leur analyse du document, les troupes de Léon Kengo ont décidé de son toilettage par la Commission Politique, Administrative et Juridique, avant son retour en plénière dans les 48 heures, pour un débat qu’elles veulent franc et ouvert.

La majorité des Sénateurs ont souligné que si le besoin de clarté et de vérité exige que cette loi soit gelée et renvoyée à la session ordinaire de septembre, ils ne vont pas hésiter un seul instant à soutenir pareille option. Selon la dynamique en chantier au Sénat, les calculs politiciens ne devraient pas être de mise dans l’examen et l’adoption d’un texte capital pour la tenue des élections locales et municipales, qui devraient permettre au souverain primaire de se choisir les élus des entités décentralisées, lesquelles constituent la base de la pyramide institutionnelle.

Au regard de la volonté du Sénat de dépoussiérer complètement un texte qui contient un tas de chiffres en contradiction avec les données géographiques, administratives et démographiques d’un nombre incalculable de communes, villages, secteurs, territoires et districts, il ne fait aucun doute que sa mouture finale va prendre le contrepied de celle adoptée par l’Assemblée Nationale. Il faudra, dès lors, un arbitrage au niveau de la « Commission paritaire » pour dégager le document qui répond le mieux à la vraie cartographie électorale de la République Démocratique du Congo.

Encore la rue pour trancher la palabre ?

Depuis les manifestations populaires de janvier 2015 contre la tentative de tripatouillage de la Loi électorale- synonyme de glissement automatique des mandats des animateurs des institutions du pays,- les questions électorales sont désormais très suivies par les masses congolaises. Apparemment distraite, l’opinion interne congolaise n’en porte pas moins un vif intérêt à la polémique que suscite la Loi sur la répartition des sièges par circonscription électorale pour les élections locales et municipales. Chaque fille et chaque fils de ce pays veut voir chaque circonscription électorale être le reflet de son réel poids démographique.

Ils n’ont pas du tout envie de revivre le cauchemar des statistiques de la CENI de triste mémoire, qui présentaient des villages plus peuplés que des villes, des provinces de l’Est, du Nord, pourtant vidées de leurs populations par les guerres, plus peuplées que des provinces du Centre et de l’Ouest n’ayant plus jamais enregistré des conflits armés depuis plus de 40 ans.

Si les députés de la Majorité persistent dans leur logique du passage en force, quant viendra le moment des travaux de la « Commission paritaire », la rue risque de faire parler de nouveau d’elle. Déjà fragilisée par les événements de janvier 2015, la famille politique du Chef de l’Etat n’a aucun dividende à tirer d’une nouvelle bourde politique.

Un nouveau round d’entêtement face au Sénat et partant à l’homme de la rue pourrait faire accréditer la thèse de son refus d’accepter la réalité de l’épuisement des mandats du Président de la République actuellement en fonctions et de son incapacité à aligner, pour la présidentielle de 2016, un candidat autre que le précité. Or, la loi de l’alternance parait inévitable, avec un nouveau président à sortir des rangs de la Majorité ou de l’Opposition. Ce que les caciques de la Majorité devraient éviter, c’est de concéder une nouvelle « défaite » politique face aux masses populaires, laquelle pourrait leur valoir un aveu désaveu et des échecs électoraux en série pour tous les scrutins à venir.

Kimp

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