Et pourquoi pas une aide belge à la médiation?

Colette Braeckman

Recueillement ? Crainte de nouvelles violences ? Divergences et incertitudes …Alors que le dialogue national, censé résoudre la crise politique aurait du se terminer en cette fin de semaine, le Congo est dans l’impasse : l’Eglise catholique a annoncé qu’elle suspendait sa participation, estimant qu’il serait plus judicieux de rechercher un consensus plus large. De son côté, Vital Kamerhe, co-modérateur du dialogue pour le compte d’une partie de l’opposition, a également préconisé de reporter la poursuite des travaux, espérant toujours convaincre les deux grands absents, Etienne Tshisekedi et Moïse Katumbi, de rejoindre les négociateurs actuels. On en est loin : l’ancien gouverneur du Katanga, qui n’a toujours pas regagné son pays, a lancé un appel tous azimuts afin que soit établie une commission d’enquête internationale qui établirait, de manière indiscutable, les faits et les responsabilités dans les violences meurtrières du début de la semaine. Exprimant sa « profonde préoccupation », Didier Reynders ne dit pas autre chose : au vu de la « gravité des faits », il a demandé que « soit examinée la responsabilité des personnes impliquées. » Il est évident que de nombreuses questions subsistent : outre le nombre exact de morts et de blessés, on ignore qui a donné à la garde républicaine l’ordre d’intervenir en ouvrant le feu, tout comme on se demande à qui obéissaient les casseurs qui ont dépassé les partis politiques….

Plus que jamais s’impose la nécessité de renforcer la médiation. La Belgique pourrait-elle proposer ses bons offices ? Alors que le torchon brûle entre Kinshasa et l’émissaire américain Thomas Periello, comme avec François Hollande depuis sa condamnation unilatérale des autorités congolaises, le ministre Didier Reynders a toujours observé une position aussi ferme qu’équilibrée : il a rencontré le président Kabila à maintes reprises, mais aussi accueilli à Genval la vaste rencontre de l’opposition où Tshisekedi fut choisi comme chef de file…
En marge des travaux de l’Assemblée générale de l’ONU, le ministre reconnaît qu’il a multiplié les contacts, avec tous les « envoyés spéciaux » dans les Grands Lacs mais aussi avec de nombreux chefs d’Etat africains dont les présidents Kagame et Museveni « Je n’ai pratiquement parlé que du Congo » reconnaît Didier Reynders qui n’a cependant pas été informé de la présence du président Kabila aux Etats Unis. Le ministre estime lui aussi qu’il faut « fixer une nouvelle date pour les élections et l’entourer d’un maximum de garanties » et, auparavant, « élargir le dialogue à des personnalités comme Etienne Tshisekedi et Moïse Katumbi ». Si elle devait proposer ses bons offices, la Belgique, devra cependant veiller à ne pas heurter les susceptibilités régionales : «c’est l’Union africaine qui doit rester en première ligne » rappelle Didier Reynders qui pose cependant un préalable à toute initiative : « le Bureau des Droits de l’homme de l’ONU doit pouvoir avoir accès à tous les sites, à toutes les informations, être à même de déterminer toutes les responsabilités… »

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