Un gouvernement démissionne au Congo-Kinshasa

Jean–Pierre Mbelu
 Après avoir fait les poches aux Congolais(es), ils démissionnent. A qui le tour?
Actuellement, l’une des questions épineuses que le Congo-Kinshasa pose est celle de la sortie de ce système de la mort dans lequel il est enfermé depuis plus de 130 ans. Les embourgeoisés fanatiques de  »la mandelaïté » en font partie. Ils ne peuvent rien pour les masses populaires congolaises paupérisées et livrées à l’ignorance, à l’inculture, à l’oppression et à la répression. Les médiations menées pour faire entendre raison aux membres du réseau national (et régional) de la prédation ne semblent pas prendre en compte  la dangerosité de ce système. Notre peur est qu’elles puissent reconduire des solutions approximatives sans impact réel sur le système de la mort du Congo-Kinshasa. Il y a une telle fixation sur un seul membre de ce  système que sa mise hors d’état d’agir ne puisse être émancipatrice socialement, culturellement, politiquement et économiquement pour les masses populaires congolaises.

Les commentaires que nous lisons sur les réseaux sociaux sur  »la démission du gouvernement de Matata Ponyo »  au Congo-Kinshasa (ce 14 novembre 2016) étonnent par leur sérieux. Les commentateurs font comme s’il y avait eu  »un gouvernement » au Congo-Kinshasa depuis la guerre  raciste et de prédation au cours de laquelle l’AFDL a joué le rôle de marionnette. Non. Il y a eu une mise en place  »institutionnalisée » d’un réseau d’élite de prédation dénommé  »conglomérat d’aventuriers » par l’un des proxys des anglo-saxons, finalement rentrée en rébellion contre ses parrains, Laurent-Désiré Kabila.
Pendant bientôt deux décennies, ce  »conglomérat d’aventuriers »  ayant créé des alliances avec  »les dinosaures » mobutistes a fait les poches aux Congolaises(es) en demeurant au service des multinationales occidentales chassant le coltan, le cobalt, l’or, le tungestène, l’étain, etc. sur fond du  »’génocide congolais ». Cette coalition a entretenu un réseau national de prédation ayant contribué à l’enrichissement illicite de plusieurs de ses membres aux dépens des Congolais(es) dans leur immense majorité.
Ce réseau national de prédation sous-traite  le vol, le viol, la violence et l’impunité imposés  au Congo-Kinshasa depuis plus de 130 ans par les puissances ayant divisé l’Afrique à la Conférence de Berlin en 1885. Il est un maillon important du réseau transnational anglo-saxon auquel vient de s’attaquer Donald Trump sur fond d’une lucidité pervertie(http://www.investigaction.net/trumpisme-une-lucidite-pervertie/).
Ce réseau national de prédation doit sa force à sa capacité d’entretenir à la fois l’appauvrissement, l’ignorance, la bêtise, l’inculture et le patrimonialisme, le clientélisme et la corruption en les institutionnalisant. Une étude (critiquable) sur ce mode opératoire semble être passé inaperçue dans plusieurs milieux congolais commentant  »la démission du gouvernement fantoche de Matata Ponyo ». Pourtant, elle mérite une attention particulière pour les intellectuels critiques et structurants décidés à travailler avec les masses populaires congolaises. Cette étude (http://www.enoughproject.org/files/Un_Etat_Criminel_Octobre2016.pdf) que nous avons critiquée( http://www.ingeta.com/enough-project-et-une-etude-sur-un-etat-dit-criminel-au-coeur-de-lafrique-fin/) élucide quelques racines historiques et actuelles de la descente du Congo-Kinshasa en enfer. Un gouvernement dit   »d’union nationale » ne peut rien dans un contexte où les institutions souffrent de leur évidemment.
Actuellement, l’une des questions épineuses que le Congo-Kinshasa pose est celle de la sortie de ce système de la mort dans lequel il est enfermé depuis plus de 130 ans. Les embourgeoisés fanatiques de  »la mandelaïté » en font partie. Ils ne peuvent rien pour les masses populaires congolaises paupérisées et livrées à l’ignorance, à l’inculture, à l’oppression et à la répression.
Les médiations menées pour faire entendre raison aux membres du réseau national (et régional) de la prédation ne semblent pas prendre en compte  la dangerosité de ce système. Notre peur est qu’elles puissent reconduire des solutions approximatives sans impact réel sur le système de la mort du Congo-Kinshasa. Il y a une telle fixation sur un seul membre de ce  système que sa mise hors d’état d’agir ne puisse être émancipatrice socialement, culturellement, politiquement et économiquement pour les masses populaires congolaises.
Si ce système n’est pas chambardé de fond en comble, nous allons assister à un arrangement entre copains et coquins pour un accès pur et simple à la mangeoire congolaise. Ces copains et coquins fanatiques de l’embourgeoisement facile vont, pour la énième fois, faire les poches aux Congolais(es) en leur promettant l’avènement  d’un système gouvernemental représentatif au sein duquel ils vont prétendre défendre les intérêts des masses populaires pendant qu’ils seront en train  de poursuivre l’oeuvre de leur appauvrissement anthropologique.
Ces questions méritent un traitement sérieux. Elles appellent l’expertise des intellectuels organiques. Elles ne doivent pas être abandonnées à la merci des premiers venus sur les réseaux sociaux sans mémoire collective active et sans attachement à l’étude critique de certains textes importants écrits sur le Congo-Kinshasa.

Mbelu Babanya Kabudi

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