RDC. Pas d’effet Trump pour Joseph Kabila

Joseph Kabila, ici en février 2013, espère que Donald Trump finisse par le laisser prendre racine à la tête de République démocratique du Congo

Joseph Kabila, ici en février 2013, espère que Donald Trump finisse par le laisser prendre racine à la tête de République démocratique du CongoJoshua Roberts / Reuters

La position de fermeté de l’administration américaine contre le régime Kabila en République démocratique du Congo fait l’unanimité au Sénat et au Congrès

Il est l’un des premiers chefs d’Etat à avoir félicité Donald Trump. Le jour de la proclamation des résultats, Joseph Kabila adresse ses « sincères félicitations » à l’heureux vainqueur des élections américaines. Son porte-parole Lambert Mende en profite pour tacler l’administration Obama dans une interview au site Actualité, il qualifie de « cavalière » l’attitude de l’administration démocrate vis-à-vis de la RDC et l’accuse d’avoir pris des sanctions « illégales » contre des officiels congolais.

Un peu tôt pour se réjouir cependant. L’administration Obama n’a dit son dernier mot. « En 1992, George Bush avait déjà perdu les élections quand il a déployé des troupes en Somalie », rappelle un proche des cercles du pouvoir américain. Alors qu’il lui reste moins de trois mois à la tête des Etats-Unis, peut-on imaginer Barack Obama envoyer des troupes en République démocratique du Congo? « Oui, répond ce spécialiste des questions africaines, Obama est certes un « canard boiteux » parce que son camp a perdu les élections, mais il détient un pouvoir énorme car le 19 décembre prochain la constitution congolaise va mettre fin au dernier mandat de Joseph Kabila, s’il reste, il est illégitime. »

Lire aussi:Kabila met le feu aux poudres

Aux Etats-Unis, le dossier préoccupe vivement sénateurs et membres du Congrès. Démocrates et républicains dressent le même constat alarmant sur un dossier devenu prioritaire. Chris Smith (New Jersey) président Républicain de la sous-commission Afrique au Congrès est l’instigateur de la résolution 780 publiée le 13 juin 2016. Le texte accusait le Président Kabila « d’avoir depuis janvier 2015, continuellement utiliser des moyens techniques et administratifs pour retarder les élections ». Il appelait l’administration américaine à prendre des mesures fermes: gel des avoirs et interdiction de visas pour principaux membres du gouvernement congolais. Il précisait que ces sanctions seraient immédiatement levées si Kabila acceptait de respecter sa Constitution et de quitter le pouvoir le 19 décembre 2016. A la suite de la publication de cette résolution, le chef de la police de Kinshasa Celestin Kanyama, surnommé « esprit de mort » se trouvait visé par des sanctions financières. Une première.

Des élus proches de Donald Trump écrivent à Obama pour durcir les sanctions contre le régime Kabila

La décision est saluée dix jours plus tard par un autre élu républicain Ed Royce. « Je suis heureux que l’administration ait entendu notre appel et décidé de sanctionner les officiels Congolais responsables de violences meurtrières contre des militants pacifiques et des membres de l’opposition », déclare alors le puissant président de la Commission des Affaires étrangères du Congrès. En off, ils estiment que la situation de ce pays de 80 millions d’habitants méritent beaucoup plus d’attention. Le site américain Open Source Investigations révèle qu’en pleine campagne électorale Ed Royce et Chris Smith ont rédigé un courrier à Barack Obama pour réclamer un durcissement des sanctions contre le régime Kabila. Le texte co-signé par deux membres du Congrès démocrates vise explicitement le ministre de l’intérieur Evariste Boshab et le chef des services de renseignement Kalev Mutond.

If  thinks that  will relax pressure for free, fair and early elections followed by Kabila’s departure, he is mistaken. 

Quelques jours plus tard, Joseph Kabila voudrait croire que la victoire de Donald Trump renversera la donne. Il n’ignore pas que les élus les plus opposés à sa politique Chris Smith et Ed Royce sont Républicains et ont milité pour… Donald TrumpEd Royce s’est déclaré soutien dès mai 2016 et ne l’a pas quitté depuis. Chris Smith a présidé le « pro-life coalition » (groupe anti-avortement). Alors que le 45ème président américain n’a donné aucune indication sur sa politique africaine, il compte dans son entourage d’éminents membres du Congrès très au fait de la situation en RDC.
Ed Royce

Ed Royace, président de la Commission des Affaires étrangères du Congrès américain, ici le 4 avril 2016, lors d’un déplacement à Bagdad© AHMAD AL-RUBAYE / AFP

Et ils ne sont pas les seuls. « Personne au Sénat, ni au Congrès ne cautionne un chef d’Etat qui modifie sa constitution et qui tire dans la foule », ironise notre source. Ces tous prochains jours, la Chambre des représentants devrait d’ailleurs voter à son tour une résolution sur la situation en RDC pour enfoncer le clou et condamner le régime. But de l’opération: convaincre Obama d’agir plus fermement à l’approche de la date fatidique du 19 décembre qui marque la fin du dernier mandat de Kabila. « La guerre en République Démocratique du Congo a fait 3 millions de victimes entre 1996 et 2006 », peut-on lire dans la résolution 780. « Une des causes (de la guerre), souligne le texte, est le délabrement du régime corrompu de Mobutu ». Le président de la Sous-commission Afrique du Congrès accuse aussi le clan Kabila d’avoir « détourné les fonds du Trésor pour enrichir l’élite congolaise ».

Leave a comment

Your email address will not be published.


*