Les jeunes congolais et la question électoraliste

L’évolution du monde, la prise en otage des gouvernants des Etats-nations par les multinationales et leurs lobbies  pose de plus en plus la question de la légitimité électoraliste. Les élections risquent de demeurer pour longtemps des pièges-à-cons. Le Congo-Kinshasa est face à cette réalité. Quand elle n’est pas prise en compte, elle fausse la lecture juridiciste que nos jeunes font du  »phénomène JOKA ». Ils devraient penser à lire et relire les livres sérieux écrits sur leur pays s’ils veulent lutter efficacement.

Plusieurs groupes de jeunes congolais semblent avoir pris conscience de la nocivité de la crise politique que connaît le Congo-Kinshasa. Ils s’impliquent de plus en plus dans des actions ayant des impacts plus ou moins visibles pour l’émancipation politique de cet héritage collectif.
Ils lisent  et interprètent les articles de la Constitution fondant juridiquement cette lutte. Pour les uns,  »le chef de l’Etat » reste au pouvoir jusqu’à l’installation effective du nouveau président élu. Tant qu’il n’y en a pas,  »Joseph Kabila »  peut continuer  »son travail ». Pour ces jeunes,  »Joseph Kabila » a encore du temps. Ils disent :  »Kabila, tangu eza nanu ». Ces jeunes ne s’interrogent pas sur le lien entre l’obligation constitutionnelle faite à  »Joseph Kabila » de convoquer les élections 90 jours avant l’expiration de son mandat (frauduleux) et l’installation effective du président élu. Coupés du monde, ils ne semblent pas avoir vu ce qui s’est passé aux USA. Barack Obama a convoqué le corps électoral. Trump a été élu et Barack Obama reste au pouvoir jusqu’au moment prévu par la Constitution américaine pour l’installation de Trump à la maison Blanche. Bien que coupés du monde par  »les médias officiels », ces jeunes sont quand même présents sur les réseaux sociaux. Ils pourraient apprendre de ce qui s’est passé aux USA. Et bientôt en France. L’élection présidentielle prévue pour 2017 aura lieu. Les primaires de la Droite l’annoncent. Les acteurs sociaux et politiques s’expriment sur la place publique. François Hollande n’aura aucune raison à avancer pour différer cette élection présidentielle. Il est obligé par la loi.
Les jeunes congolais susmentionnés refusent d’apprendre des autres. Victimes consentantes du culte de la personnalité, ils sont en train  de se convaincre que le Congo-Kinshasa n’a pas d’avenir sans  »Joseph Kabila’. Cela d’autant plus qu’ils voient autour d’eux des professeurs d’université à la danse du ventre à la mélodie de  »Kabila Désir »…Ces jeunes ignorants de l’histoire  de  »Joseph Kabila » et de la géopolitique des Grands Lacs Africains sont prêts pour être enchaînés comme  »des esclaves volontaires ». Ils ne semblent n’avoir tiré aucune leçon de l’échange de  »leur idole » avec un groupe de membre du conseil de sécurité quand elle leur a confié que la possibilité de changer la Constitution peut être entrevue. Ils ne semblent n’avoir rien compris des manœuvres entreprises par  »les durs de la Kabilie » voulant faire croire au monde entier qu’en dehors de  »leur idole », le Congo-Kinshasa sombrerait dans l’inanité. Ou ils les avalisent.
Victimes consentantes de la répression de la pensée critique, ils ne semblent pas comprendre le rôle destructeur joué par  »Joseph Kabila » comme  »Cheval de Troie de Kagame » et  »nègre de service » des multinationales.  Que voulez-vous ? Ces jeunes font partie de  »la génération Chance eloko pamba et Nzambe kita osala » !
En dehors de ce groupe de fanatique de  »Joseph Kabila », il y a un autre. Il est composé de plusieurs jeunes appartenant à plusieurs mouvements et partis politiques. Forts de leur lecture de la Constitution et surtout de des articles 220 et de l’article 64, ces jeunes disent : « Bye bye Joseph Kabila ». Ils organisent manifestations pour respecter l’article 220  en appliquant l’article 64.
Cette démarche juridiquement noble pèche par son ignorance de l’histoire et de la géopolitique de l’Afrique des Grands Lacs. Ces jeunes ne semblent pas comprendre que  »Joseph Kabila » n’est pas venu au  »pouvoir-os » par les élections et par la magie de la Constitution qu’il ne cesse de modifier et de violer à sa guise. S’il tient compte de la Constitution, le Rwanda de Paul Kagame et l’Ouganda de Museveni risquent de ne plus piller l’or pour se constituer un bon stock de ce précieux minerais. Ils risquent d’arrêter leur construction. Ils ne pourront plus se construire à la même allure qu’actuellement. Les parrains de Kagame (et de  »Joseph Kabila ») risquent de ne plus avoir les arguments leur permettant de justifier le soutien qu’ils lui offrent après les millions de morts rwandais et congolais qu’il a produit avec l’APR/FPR.
Que ces questions historiques et géopolitiques soient mises entre parenthèse par nos jeunes, cela inquiète un peu. Ils sont tombés dans la juridicisation d’une lutte politique en oubliant ses dimensions géopolitiques et historiques.  »Joseph Kabila » est un soldat de l’APR/FPR ayant bénéficié  de l’appui de certains pays européens et anglo-saxons. Une documentation abondante en témoigne.
Nos jeunes comprendraient peut-être mieux les choses en lisant Charles Onana (Europe, crimes et censures au Congo. Les documents qui accusent) et notre propre livre (avec Patrick Ifonge) intitulé  »A quand le Congo. Reflexions & propositions pour une renaissance panafricaine ».
Ont-ils encore le temps de lire et de lire des ouvrages sérieux ? Les réseaux sociaux ne leur prennent-ils pas tellement de temps qu’il leur devient impossible de lire et et de comprendre un livre de plus de 200 pages ? Oui. Il semble que les jeunes congolais, au pays, lisent de moins en moins. Ils estiment que  »Chance ezali eloko pamba ». JOKA en témoigne.

Mbelu Babanya Kabudi

Leave a comment

Your email address will not be published.


*