LES DESSOUS DES CARTES DU COMMUNIQUÉ DE LA CENCO: LES ESPOIRS PERDUS

Écrit par Le Potentiel

Dans un communiqué de presse sur les conclusions de sa mission de bons offices, la Cenco cache à peine sa déception sous un  langage diplomatique. Elle est trahie par son cri de cœur : « l’heure est grave ! ». Quid ?  Les chances pour des négociations directes entre le Rassemblement et la MP s’amenuisent. Elle constate l’absence d’engagement  et de bonne volonté dans le chef de principaux protagonistes.   Du coup, le tête-à-tête Joseph Kabila – Etienne Tshisekedi prévu à Luanda devient une gageure. Espoirs perdus.

Après avoir fait le tour de toutes les parties prenantes à la crise, la Cenco a rendu public un communiqué de presse dans lequel elle rend compte des conclusions de sa mission de bons offices. Les évêques, dans ce document signé le 2 décembre 2016,  reconnaissent avoir écouté et recueilli des propositions des uns et des autres en vue d’un éventuel rapprochement de vues. C’était leur contribution au retour de la paix et de la cohésion nationale.

Dans le fond, la démarche de la Cenco consistait à approfondir l’accord issu du dialogue de la cité de l’Union africaine et les mémos du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement. Après avoir compulsé lesdits documents, les prélats ont relevé  beaucoup de points de convergence entre les parties prenantes. Toutefois, leur démarche a été bloquée par  une divergence de vues, apparemment inconciliables, entre la majorité au pouvoir et le Rassemblement. Cela sur six points.

Les deux parties n’ont pas un même entendement sur le respect de la Constitution et ses implications en rapport avec la crise actuelle. Elles n’arrivent pas non plus à se mettre d’accord sur le processus électoral concernant ses séquences, le calendrier, le financement des élections, l’indépendance de la CENI (Commission électorale nationale indépendante) et du CSAC (Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication). Les violons sont loin de s’accorder sur les mesures de décrispation politique. De même, le mécanisme de suivi de l’Accord politique et la forme du compromis politique à trouver divise les deux parties.

Se voulant optimiste, la Cenco laisse entendre, dans un premier temps, qu’un compromis reste encore possible pour faire sauter ces divergences qui, sans l’avouer vraiment, semblent inconciliables. Aussi est-elle revenue sur la nécessité des négociations directes entre les deux parties mais dans un format réduit. Mais les évêques formulent l’obstacle en des termes diplomatiques : « Un compromis est encore possible si les parties prenantes s’y engagent et font preuve de bonne volonté ».

Quel que soit leur effort d’atténuer les difficultés à détruire le goulot d’étranglement qui bloquent le dénouement de leur démarche, les évêques dans la foulée lâchent un cri de détresse : « l’heure est grave ! » C’est tout dire. Ils ont fait tout ce qui était en leur pouvoir et prennent pour cela le peuple congolais et la communauté internationale à témoin.

Ce que la Cenco n’a pas dit

Malgré leur disponibilité à poursuivre leur mission de bons offices, les prélats en appellent à la responsabilité et à la bonne volonté politique des uns et des autres en vue d’éviter à la RDC de sombrer dans une situation incontrôlable. Toutefois, ce que la Cenco n’a pas voulu révéler à l’opinion publique nationale et internationale, c’est que les espoirs sont partis en fumée. La confiance qu’ils se sont évertués à obtenir d’Etienne Tshisekedi et de Joseph Kabila- qu’ils ont vus tour à tour et à plusieurs reprises- n’a pas été au rendez-vous. Alors que le président de l’UDPS avait mis de l’eau dans son vin en ne trouvant aucun inconvénient à rencontrer le chef de l’Etat, ce dernier se serait montré méfiant.

Selon des sources diplomatiques proches de Luanda, Joseph Kabila soupçonnerait le président du comité des sages du Rassemblement d’être de connivence avec des puissances occidentales hostiles à son régime. Et que, par conséquent, il ne verrait pas d’un bon œil un tête-à-tête avec Etienne Tshisekedi, quand bien même cette rencontre serait parrainée par le président angolais Edouardo Dos Santos.

Espoirs perdus 

Faut-il d’ores et déjà parler de l’échec de la mission de bons offices menée par la Cenco ? Ce serait aller trop vite en besogne. Toutefois, un fait reste certain c’est que le ciel s’assombrit davantage avec cette discordance de vues entre les deux principaux protagonistes. Le fossé qui les sépare s’élargir de plus en plus quand on sait que le chef de l’Etat avait anticipé en nommant Samy Badibanga au poste de Premier ministre en qualité d’opposant membre de l’UDPS.  Le fait que celui-ci ait mis du temps à former son cabinet avait permis certains espoirs dans le chef d’un certaine opinion qui se disait que ce retard serait en rapport avec le dénouement heureux de la mission de la Cenco. Le communiqué rendu public par le clergé catholique montre à suffisance que la RDC n’est pas sortie de l’auberge. L’atteinte du bout du tunnel ressemble à un mirage. Le spectre de violence que tous les chefs des confessions religieuses conjuraient semble accroché au-dessus des têtes des Congolais.

A moins d’un sursaut patriotique et nationaliste de dernière minute, l’affrontement tant redouté au 19 décembre pourrait devenir une réalité. Et donc, tous les espoirs seront perdus, à l’occasion.

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